A quand des "stress tests" pour la Banque centrale européenne ?

Tout va bien. Au moins pour les banques. C'est ce que les tests de résistance, "stress tests" diligentés par l'Autorité bancaire européenne révèlent. Nos banques sont solides. Les déposants peuvent leur faire confiance et les investisseurs souscrivent à leurs augmentations de capital. Circulez : il n'y a rien à voir. La réalité est pourtant bien autre. La publication de ces tests révèle le mensonge de ceux qui les accréditent et la puissance du lobby bancaire.

Sans entrer dans le détail des chiffres, il faut savoir que l'Autorité bancaire européenne, dans ce qu'elle appelle le scénario du pire pour évaluer la situation des banques testées, a tout simplement écarté l'hypothèse de défaillance d'un Etat souverain. Grâce à ce test taillé sur mesure pour l'industrie bancaire, seulement huit banques ont échoué et le montant total du capital à lever par ces dernières pour se renflouer est de 2,5 milliards d'euros. Ce chiffre est à mettre en rapport avec les plus de 100 milliards d'euros de dettes souveraines grecques, portugaises et irlandaises portées par les banques européennes et dont plus personne de sérieux n'imagine le remboursement total... sauf l'Autorité bancaire européenne.

S'il est une vérité partagée en ce temps de crise, c'est que la confiance est le fondement de notre système économique, confiance dans l'avenir certes mais confiance également dans les dirigeants. Or le peu qui pouvait rester de cette dernière finit par disparaître. Nul ne peut mettre en doute l'intelligence de la grande majorité de nos gouvernants. Il est également difficile d'imaginer qu'ils pensent que les déficits accumulés par les Etats et ceux qui continuent à s'amonceler vont s'évaporer par la seule action du temps et l'augmentation des impôts.

La question est donc d'essayer de comprendre pourquoi ils s'enferment dans le déni public de réalité et, maintenant, le mensonge économique. Quatre hypothèses peuvent être formulées qui ne sont pas exclusives les unes des autres.

La première hypothèse est qu'il est difficile pour chacun de reconnaître ses erreurs et de sortir d'un mensonge, surtout quand on n'existe que par la confiance sollicitée. L'histoire est rare de dirigeants retournant devant leurs électeurs en disant : "je me suis trompé" ou "je vous ai menti". Le système démocratique touche ses limites avec le droit au renouvellement des mandats électifs.

La seconde hypothèse - rarement évoquée par respect des institutions - est que ces mêmes dirigeants sont incompétents. Après tout, aucun examen d'aptitude technique n'est demandé pour accéder aux plus hautes fonctions politiques. Or, on est tout simplement effaré parfois - lors de conversations privées - de l'ignorance totale de ceux auxquels ces fonctions sont confiées, sur des sujets qui relèvent pourtant de leur domaine d'action.

La troisième hypothèse est celle de la fuite en avant. C'est un réflexe humain face à l'horreur d'une situation à venir d'en nier la réalité ou d'espérer le miracle. Le fameux aphorisme du président Queuille "Il n'y a pas de problème qu'une absence de solution ne puisse résoudre" trouve là son application extrême.

La quatrième hypothèse, enfin, est celle de la collusion entre les Etats et le système bancaire. Il est très vraisemblable que l'histoire économique de la période actuelle révélera cette formidable entente. L'engrenage de celle-ci est relativement simple :

1. Des Etats incapables de satisfaire les promesses qu'ils ont faites (Etat-providence) ; 2. Fuite en avant par la création monétaire ; 3. Système bancaire prenant le contrôle de la création monétaire ; 4. Etats otages du système bancaire.

L'Autorité bancaire européenne ayant failli à sa mission de transparence, nous savons maintenant que ce n'est pas le système bancaire qui va assumer les pertes des Etats mais les contribuables (par l'augmentation des impôts) et tous les citoyens (par l'inflation). Les Etats vont sauver leurs complices. Décidément, il n'y a pas de morale dans l'économie "régulée". Une dernière remarque pour ceux qui ont encore gardé un peu d'esprit critique : pourquoi pas de stress test pour la Banque centrale européenne ?

Didier Salavert, fondateur et porte-parole d'Alternative libérale.

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