Accueillons l'Ukraine à l'OTAN

L'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN constitue la seule riposte de l'Occident capable de contrer l'expansionnisme de Vladimir Poutine et pourrait donner un nouveau souffle aux institutions européennes, en quête d'identité en ce début du nouveau siècle. Déjà récurrente depuis des mois, une question hante, avec une acuité nouvelle, les chancelleries et les consciences occidentales : quelle attitude adopter face à la Russie qui piétine la loi internationale, enenvahissant, au grand jour, l'Ukraine ? Les ressources diplomatiques s'épuisent chaque jour davantage dans une situation qui échappe à tout contrôle, où même les thuriféraires le splus zélés du président russe semblent être dépassés par le cynisme et le jusqu'au-boutisme de leur maître à penser. Il devient clair que la finalité de sa stratégie dépasse la Crimée, voire le Donbass, et concerne l'Ukraine toute entière qu'il veut rattacher au « monde russe », prétendument incompatible avec l'Occident.

J'entends déjà les commentaires des bien-pensants effarouchés : on ne va pas quand même faire la guerre à la Russie ! Certes, mais ne rien faire, dans ce contexte, en s'abritant derrière les considérations de la realpolik, équivaut à un acte de lâcheté, qui resterait dans les annales de l'Histoire au même titre que les accords de Munich, prélude à la Deuxième Guerre mondiale, ou encore la dérobade de l'Occident en Syrie, ayant ouvert un boulevard à la barbarie de l'Etat islamique. De même, se limiterà la discussion sur une éventuelle « augmentation » des sanctions contre la Russie, c'est penser, en plein incendie, au plan de restauration, au lieu d'appeler immédiatement les pompiers.

Disons-le clairement : il est urgent d'agir avant que le point de non-retour, synonyme d'une guerre ouverte, aux conséquences planétaires, ne soit atteint ! Et pour cela, il faut, qu'on le veuille ou non, utiliser la seule méthode que M. Poutine comprend, celle de la force. Mais qui pourrait le faire ? L'Union européenne, dénuée d'armée commune, et, de surcroît, minée par ses dissensions internes ? L'Amérique d'Obama, dramatiquement hésitante, en panne de stratégie et de moyens, en ce début du XXIe siècle qui voit la dilution des puissances mondiales ? La réponse négative à ces questions est évidente.

Pourtant la situation n'est pas désespérée. A condition d'avoir le courage de remettre en cause le système des institutions transnationales, issu d'une géopolitique révolue du siècle précédent. Pour le moment, cette hypothèse reste un tabou de la diplomatie mondiale. Or elle me semble inéluctable, à plus longue échéance, face aux nouvelles réalités du monde global en devenir.

Pourquoi donc ne pas lancer ce gigantesque chantier, en commençant par la réforme en profondeur de l'OTAN ? Cette réforme passerait, dans l'immédiat, par l'adhésion de l'Ukraine à l'Alliance atlantique (dont la raison d'être réside dans le maintien de la sécurité en Europe), face au cas de force majeure de l'agression, avérée, de la Russie contre un pays souverain. Le prochain sommet de l'OTAN, qui réunira les 4 et 5 septembre les dirigeants occidentaux, offrirait cette occasion historique à ce seul acteur sur l'échiquier géostratégique actuel qui dispose d'un réel « hardpower » capable de contrer les velléités expansionnistes de la Russie. Ce serait aussi un acte fondateur de son nouveau secrétaire général, le Norvégien Jens Stoltenberg.

Enfin, l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN - au nom de la sécurité, mais aussi et, sans doute, surtout au nom des valeurs initiales de l'Occident - donnerait un nouveau souffle à l'ensemble des institutions européennes (dont l'UE, dirigée par le Polonais Donald Tusk, particulièrement sensible aux idéaux occidentaux en raison du parcours de son pays, kidnappé pendant une quarantaine d'années par le soviétisme liberticide), sur la base d'un véritable projet de civilisation, confronté à une menace commune, comme ce fut déjà le cas au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.

Alexandre Melnik, Professeur de géopolitique à ICN Business School Nancy Metz.

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