Appel: stop aux bombardements sur Alep

Alep-Ouest, 12 novembre 2016. © STR / EPA
Alep-Ouest, 12 novembre 2016. © STR / EPA

Agir pour Alep sinon il ne restera bientôt, dans cette ville, que les dépouilles de ses habitants qui n’auront pas pu se protéger. Selon «Médecins du monde», les quartiers Est de la ville subissent des bombardements incessants et dévastateurs, des centaines de civils syriens sont assassinés par les bombardiers russes.

Ces bombardements extrêmes infligés à la population des quartiers rebelles de la ville d’Alep sont en grande partie le résultat de la prédominance, dans la diplomatie, de la realpolitik, dont l’un des avatars est le renoncement du président américain à intervenir contre les attaques chimiques de l’armée syrienne.

La parole des grandes démocraties dévaluée

Ainsi, la parole des grandes démocraties a-t-elle été dévaluée et Poutine s’est-il senti encouragé. Le régime syrien et ses alliés russes veulent à tout prix gagner cette guerre par la violence des armes, quitte à commettre des crimes de guerre au mépris d’une communauté internationale impuissante.

Face aux massacres perpétrés par Bachar el-Assad, avec le soutien actif de Vladimir Poutine, se profile une cohorte politico-médiatique qui va de l’extrême droite à une partie de l’extrême gauche et qui, avec des faux-semblants, relativise ou passe allègrement sous silence la réalité de la guerre d’extermination menée à Alep.

Des opérations à même le sol

Premier argument: c’est «une invention des médias». Problème: ce n’est pas la presse qui a révélé ces abominations, c’est une ONG présente sur la scène du crime. «Les quelques hôpitaux restants sont submergés par l’afflux de blessés. Des centaines de blessés attendent par terre dans les services et les couloirs, à l’agonie», raconte Pablo Marco, responsable des opérations de MSF pour le Moyen-Orient. Les médecins effectuent des opérations du cerveau ou de l’abdomen à même le sol des salles. La Russie et la Syrie doivent arrêter ce carnage maintenant.

Deuxième argument: on diaboliserait la Russie alors que ce sont les Américains, avec leur intervention en Irak, qui ont déstabilisé toute la région et favorisé la création de DAESH – ce qui est vrai. Ils ont bombardé un hôpital en Afghanistan et personne n’aurait protesté – ce qui est faux puisque ce bombardement d’hôpital en Afghanistan avait, on s’en souvient, provoqué le mouvement d’indignation mobilisé par les mêmes MSF.

Crimes de masse

Mais surtout, on ne comprend pas en quoi l’intervention US en Irak, les bombardements de l’aviation américaine sur un hôpital en Afghanistan ou ceux de l’Arabie Saoudite au Yémen peuvent excuser les crimes de masse perpétrés par la Russie et la dégager de sa responsabilité. Un crime est un crime quel qu’en soit son auteur.

Les ONG des droits humains ont une position simple et cohérente, il faut condamner avec la même énergie les bombardements russes à Alep que ceux commis par l’armée US, et cela s’entend pour toutes les violences perpétrées par les djihadistes et d’autres forces quelle qu’en soit leur affiliation. Il est difficile d’admettre qu’on ne soit pas d’accord avec ce principe élémentaire de défense des droits humains.

Remporter la bataille d’Alep par tous les moyens

L’opinion internationale et les menaces de la Cour pénale internationale pour le non-respect du droit international humanitaire laissent de marbre les forces russes et le régime de Bachar. Ils persistent à affamer les populations et à éradiquer des structures de santé qui permettraient à celles-ci de survivre. Une stratégie qui tend à faire fuir les populations des quartiers. Pour eux il faut remporter cette bataille d’Alep par tous les moyens, et au diable les accusations de crimes de guerre!

Qu’attend donc la communauté internationale pour ouvrir les yeux et pour réagir face à cette situation qui s’apparente à un massacre de masse? Il est de notre devoir à tous de dénoncer avec force cette escalade de la violence qui se fait dans l’impunité la plus totale! Soutenir le peuple syrien, aujourd’hui écrasé, est une impérieuse et urgente nécessité.

Nous demandons à la communauté internationale, en particulier à l’UE, de réagir immédiatement et vigoureusement face à cette urgence absolue: mettre fin immédiatement aux bombardements et protéger les populations civiles.

Leo Kaneman est fondateur et président d’honneur du Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains (FIFDH).


L’appel est également signé par:
Jean Ziegler, Expert au Conseil des droits de l’homme de l’ONU,
Erica Deuber, historienne,
Rémy Pagani, conseiller administratif, ex-maire de Genève,
Fabienne Bugnon, ex-conseillère nationale,
André Petitat, sociologue,
Ueli Leuenberger, ex-conseiller national,
Dario Ciprut, chercheur indépendant,
Massia Pougatch, présidente de «Découvrir»,
Christian Ferrazino, ex-maire de Genève.

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