Apprenons à connaître l'Azerbaïdjan

En parcourant la déclaration publiée par les chefs d'État et de gouvernement lors du sommet de l'OTAN des 4 et 5 septembre, il est intéressant de remarquer que les Alliés « restent également déterminés à soutenir l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie et de la République de Moldova ».

Les conflits qui agitent le Sud-Caucase ne doivent pas être oubliés, alors que bien d'autres conflits font la une de nos journaux. S'ils ne doivent pas être oubliés, les chefs d'État et de gouvernement ont bien fait de rappeler l'intégrité territoriale et la souveraineté de ces pays.

Ils rappellent la nécessité de ne pas attiser les tensions et de ne pas faire preuve d'une partialité destructrice pour un processus de paix que nous devons accompagner et non fragiliser.

J'ai d'ailleurs à cet égard était très choqué de lire sur le site du Monde une tribune co-signée par trois parlementaires français (Il faut en finir avec le régime d'Ilham Aliev en Azerbaïdjan, 2 septembre), tenant un discours irresponsable et blessant envers la République d'Azerbaïdjan. Ces parlementaires n'ont pas hésité à faire un parallèle honteux entre l'Azerbaïdjan, son différend avec l'Arménie sur le Haut Karabagh... et l'État islamique, insultant au passage tous ceux qui sont victimes de la barbarie innommable de ce groupe djihadiste.

Certes, tout n'est pas parfait en Azerbaïdjan. Tout n'est d'ailleurs pas parfait dans beaucoup des pays du Sud-Caucase. Mais, il n'est pas réaliste aujourd'hui d'exiger de l'Azerbaïdjan ce que nous exigeons de nos vieilles démocraties européennes.

L'Azerbaïdjan est un pays qui se reconstruit depuis à peine 20 ans, après 70 ans de communisme, avec tout ce que cela comporte en termes de révolution des mentalités et des pratiques. Nous devons l'y aider, pour l'Azerbaïdjan et pour la paix avec l'Arménie.

Comme beaucoup de Français et a fortiori en tant qu'élu de la République, je suis viscéralement attaché à la protection des droits de l'Homme qui sont universels, pour lesquels aucune compromission ne peut être acceptée, ni en Azerbaïdjan, ni en Arménie, ni en France, ni ailleurs. Mais je suis tout autant attaché au respect et au dialogue.

En à peine deux décennies, l'Azerbaïdjan a su s'imposer comme un pays incontournable sur la scène internationale, à bien des égards. On pense, évidemment tout de suite, à ses gisements pétroliers et gaziers, formidable espoir pour l'Europe à l'heure où l'on se préoccupe une nouvelle fois de possibles pénuries cet hiver. Mais l'Azerbaïdjan ne peut être réduit à un gazoduc.

Notre partenariat commercial doit être l'occasion d'approfondir notre coopération politique. À l'Association des amis de l'Azerbaïdjan, nous y sommes particulièrement attachés, car il est trop facile de vouloir les hydrocarbures et de mépriser le reste.

L'Europe, il faut le savoir, développe un dialogue structuré et régulier avec l'Azerbaïdjan, dans le cadre de ce que l'on appelle le « Partenariat oriental ». Ce dialogue porte sur tous les sujets, y compris les droits de l'Homme. Les autorités azerbaïdjanaises ne sont d'ailleurs pas réticentes à ce dialogue. Sans doute parce qu'on ne caricature rien et on discute de tout.

Mais l'Azerbaïdjan d'aujourd'hui, c'est aussi un pays qui utilise ses richesses au profit de son développement social et éducatif. Avec des résultats concrets : les salaires augmentent, et la pauvreté a diminué de manière drastique en 10 ans (de 49% en 2001 à 11% aujourd'hui). Les taux de scolarisation et d'alphabétisation sont aujourd'hui très élevés et sans cesse en progression.

Au moment où chacun s'interroge sur la place de l'Islam dans le monde, il faut rappeler également le rapport serein que ce pays entretient avec la religion. Les 94% d'azerbaïdjanais qui sont de confession musulmane observent une pratique ouverte et libre de l'Islam, très respectueuse du droit des femmes qui ont obtenu le droit de vote avant les Françaises ! C'est un exemple pour l'ensemble du monde musulman.

À force de s'inquiéter de l'islamisation de certains pays, on finit par oublier de soutenir ceux où l'Islam est pratiqué de manière apaisée, où la religion est à sa place. Agir ainsi, c'est le meilleur moyen d'encourager ceux qui à l'intérieur de ces pays œuvrent en faveur d'un Islam plus radical.

L'Azerbaïdjan est aujourd'hui devenu un acteur de poids sur la scène internationale, à l'ONU (membre du Conseil de sécurité en 2012 et 2013), coopérant aux opérations de l'OTAN...etc... Un acteur de poids aussi, car, voisin de l'Iran, il démontre sa solidité dans une région en proie à une grande instabilité.

Il faut aller en Azerbaïdjan pour apprendre à connaître ce pays. Les autorités azerbaïdjanaises n'en demandent pas moins. Il faut voir ce qu'il s'y passe vraiment, rencontrer ce peuple fier et éminemment chaleureux, et voir le chemin déjà parcouru.

La France et l'Azerbaïdjan entretiennent un dialogue fécond, voulu et entretenu successivement par Nicolas Sarkozy et François Hollande. Dialoguons donc au lieu de tomber dans la caricature ! Tout le monde en sortirait grandi.

Jean-François Mancel, président de l'Association des amis de l'Azerbaïdjan.

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