Arrêtez de calomnier l’Italie !

Je me vois dans l’obligation de faire quelques remarques concernant l’article de M. Martin Rueff consacré au président du Conseil, Silvio Berlusconi, et à l’Italie (Libération du 17 septembre). Soyez assuré que la liberté de la presse et la liberté de critique nous sont aussi chères au-delà des Alpes qu’elles le sont en France ; mais si l’esprit critique, l’ironie, la dialectique polémique de la presse libre sont des valeurs que nous partageons et respectons en Italie aussi bien qu’en France, il ne peut en être ainsi quand ils se traduisent dans l’insulte, la calomnie, voire l’injure.

L’article en question relève plutôt, permettez-le moi, du paternalisme et du préjudice, lorsqu’il s’adresse de façon aussi ouvertement dénigratoire au chef du gouvernement d’un pays, l’Italie, qui est lié à la France par une longue tradition d’amitié et de collaboration, pour en tirer des conclusions apodictiques en terme de psychologie collective de son peuple et pour mettre en cause le sens de l’Etat et l’éthique civique de toute sa classe politique. La perception que le peuple italien est irréversiblement abruti par une culture de l’argent facile, qu’il n’apprécie désormais que la richesse et le luxe, et que la plupart des Italiens ignorent ce qui se passe réellement dans leur propre pays est totalement fausse et ne correspond pas à la réalité.

Vous affirmez que le président du Conseil italien «exige de contrôler les nominations des directeurs de chaînes, le contenu des émissions [et que] son pouvoir s’étend aux journaux». Pourtant, une partie importante de la presse italienne reste très critique vis-à-vis du chef du gouvernement sans, toutefois, être jamais parvenue, à ma connaissance, jusqu’au point de douter du mérite et des qualités de l’entrepreneur Berlusconi, en prétendant qu’il s’est illégalement «enrichi avec l’argent de la mafia [et qu’]il entretient encore des rapports étroits avec des organisations criminelles». La gravité de telles affirmations et surtout le manque total d’un quelconque fondement relèvent, comme je le disais auparavant, de la calomnie pure et simple.

Il est consternant de constater que, une fois encore et au nom d’une pensée unique sectaire, on dessine un profil de l’Italie qui ne tient aucun compte de ce qu’elle est véritablement aujourd’hui sur les plans politique, social, économique et culturel, de ses succès et de ses difficultés, de ses bons et mauvais cotés tels qu’ils sont reconnus en Europe et dans les forums internationaux dont elle fait partie, à commencer par le G8 dont elle assure avec succès la présidence.

Giovanni Caracciolo di Vetri, ambassadeur d’Italie en France.