Sonya Faure

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«La séance photographique» de Jean-Louis Charbans, Sénégal, 1930. Le prétexte ethnographique permet de contourner la censure et de produire de la photographie porno-coloniale. «Chaque image peut avoir plusieurs niveaux discursifs, explique Pascal Blanchard. Il y a ce qu’elles montrent d’un soi-disant réel mais aussi le fantasme qu’elles véhiculent.» Photo Archives d’Eros

Deux hommes blancs mesurent à l’aide d’un compas les larges fesses d’une femme noire (dessin «humoristique» anglais, 1810). Un marine américain rigolard pose sa main sur le sein d’une prostituée vietnamienne (photographie de 1969). Un croquis médical décrit les petites lèvres du sexe d’une femme hottentote au gonflement «anormal et malsain» (gravure, 1804). Une jeune actrice montre ses seins devant des barres HLM, sous un teaser : «Certaines femmes préfèrent par-derrière» (affiche du film porno la Beurette de la cité de Fred Coppula, 2017).

Sexe, race et colonies, qui sort jeudi en librairie (Ed. la Découverte, 65 euros), retrace l’histoire coloniale par le prisme de la sexualité.…  Seguir leyendo »

Une féministe peut-elle se révéler harceleuse ? Ce qui est sûr, c’est qu’«une femme peut évidemment se livrer à des agressions sexuelles», pose la professeure en études de genre à l’Université de Lausanne Eléonore Lépinard : «Le harcèlement sexuel est une question d’abus de pouvoir. Toute personne en situation de pouvoir, homme ou femme, est susceptible d’en abuser.»

Coup sur coup ces deux dernières semaines, deux grandes figures féministes, la réalisatrice italienne Asia Argento et la philosophe américaine queer Avital Ronell sont accusées de harcèlement ou d’agression sexuels par deux hommes plus jeunes et moins puissants qu’elles. Qu’elles soient fondées ou non (aucune des deux affaires n’est passée devant les juges), ces allégations, et surtout les scandales médiatiques qui ont suivi, font craindre un backlash, un retour en arrière, après la prise de conscience du mouvement #MeToo.…  Seguir leyendo »

Boulevard Saint-Michel en Mai 68. Photo Keystone France

Ils n’étaient pas sur les barricades du Quartier latin, ni même étudiants à Nanterre, ils ne s’appelaient pas Geismar ou Cohn-Bendit mais leur existence a tout autant basculé avec 68. Militants ordinaires des années folles du gauchisme, du féminisme, du syndicalisme, ils ont consacré leur vie à la transformation sinon du monde, du moins de la société. Pour la première fois, un travail de sociologie politique d’envergure donne une photographie précise des soixante-huitards et de leurs parcours. Qui étaient-ils ? Que sont-ils devenus ? Quelles ont été les conséquences de leur engagement sur leurs vies professionnelles et privées ?

Fruit de cinq années d’enquêtes menées par une trentaine de politistes et de sociologues, Changer le monde, changer sa vie, que publient ce 22 mars les éditions Actes Sud, dresse le portrait inédit de la France militante des années 70, loin de Paris, à travers cinq villes : Lille, Marseille, Lyon, Rennes, Nantes.…  Seguir leyendo »

Edward W. Said, en 1997 Photo Gérard D. Khoury.

Il aura été l’un des derniers grands intellectuels, au sens humaniste du terme. Avec son livre Orientalism, paru en 1978 aux Etats-Unis, et deux ans plus tard dans sa traduction française, il a fait basculer le regard de l’Occident sur le reste du monde et a ainsi influencé les études postcoloniales que la France tente aujourd’hui encore de digérer. Pourtant, l’écrivain palestino-américain Edward W. Said, francophone et passionné de littérature française, n’a jamais rencontré ici le succès qu’il a connu dans le monde anglo-saxon ou les pays arabes. «En France, Said est un auteur maudit», se désole la sociologue et philosophe Sonia Dayan-Herzbrun, qui a maintes fois tenté de faire sortir la pensée de celui qu’elle considère comme l’un des plus grands esprits du XXe siècle, d’un cercle purement universitaire.…  Seguir leyendo »

Photo Dimitri Otis. Photographer's Choice. Getty Images

Le roman Americanah de la Nigériane Chimamanda Ngozi Adichie (Gallimard, 2015) a été traduit en une trentaine de langues. Après avoir investi le légendaire Collège de France en 2016, l’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou vient de faire son entrée dans le Petit Larousse. Dans son livre Afrotopia, paru l’an passé, (éd. Philippe Rey), l’économiste et écrivain Felwine Sarr affirme que l’Afrique est le continent de l’alternative. Son essai est en cours de traduction pour les Etats-Unis et l’Italie. Quant à l’historien camerounais Achille Mbembe, l’auteur de Politiques de l’inimitié (La Découverte, 2016), il est devenu un intellectuel reconnu dans le monde, lui qui enseigne à la fois à l’université de Johannesburg et à Duke University, Etats-Unis.…  Seguir leyendo »

La démocratie continuerait-elle sans nous ? En Europe, le bras de fer entre le gouvernement grec et la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) a crûment mis en scène le fossé séparant désormais les citoyens des institutions non élues mais en mesure de peser sur leur quotidien. En France, l’état d’urgence, par principe exceptionnel, se prolonge. Et alors qu’une pétition a réuni plus de 1 million de signatures contre la réforme du code du travail, les élections, elles, sont délaissées : tout se passe comme si l’abstention venait sanctionner des institutions représentatives auxquelles on ne croit plus, et contribuait encore à les délégitimer.…  Seguir leyendo »

Nice, le 10 janvier 2015, rassemblement de soutien contre les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher. Photo Laurent Carré

Il y aurait désormais deux camps. Ceux pour qui le blasphème est une intolérable gifle et leurs adversaires, qui se battent pour la liberté d’expression. «Obscurantistes» contre «laïcards». Dans la foulée de l’attaque du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo, ce qui était encore un débat d’idées musclé s’est transformé en guerre. Comment penser alors le blasphème hors de cette distribution binaire ?

«Au nom du "respect des convictions intimes", voici qu’une notion surannée, qui avait déserté nos habitudes de pensée depuis plusieurs siècles, [revient] hanter l’impensé d’une nation en crise», écrit Jacques de Saint Victor dans son ouvrageBlasphème, brève histoire d’un "crime imaginaire", paru ce mois-ci chez Gallimard (1).…  Seguir leyendo »