Bitcoin : « Même si les cours flambent, la bulle ne peut pas ne pas éclater »

La question n’est pas de savoir si la bulle du bitcoin va éclater, mais plutôt quand. Depuis sa création en 2009, le bitcoin a le vent en poupe ; rien que depuis début 2017, il a gagné près de 400 % en valeur. Pourquoi est-il aussi demandé ? Tout d’abord, il possède les principales caractéristiques d’une monnaie, à savoir la portabilité, la divisibilité, la sécurité et la fiabilité relative. Il a bien une valeur intrinsèque et semble pouvoir résoudre le problème de confiance des banques (et celui de leurs frais).

Puisque c’est une devise neutre, les utilisateurs apprécient le fait qu’elle ne dépende pas d’une banque, mais d’un réseau. L’anonymat relatif semble être un autre avantage. Depuis peu, c’est la cryptomonnaie la plus utilisée par des start-up à la recherche de financements – comme alternative à la Bourse.

Quelques risques et doutes planent tout de même sur le bitcoin. D’abord, qui connaît ses vraies intentions ? Il n’existe pas d’instance centrale qui assure sa liquidité et sa légitimité. Et on ne connaît toujours pas le nom de son créateur. Qui nous dit que ce n’est pas une vaste arnaque ? Sa réputation de monnaie mondiale est devenue précaire car la Chine, l’Inde et la Russie ont annoncé vouloir lancer leur propre bitcoin. Enfin, pour l’heure, une minuscule partie (0,01 %) de la population mondiale possède des bitcoins.

Alternatives crédibles

Aussi, il devient de plus en plus difficile et coûteux, voire même toxique pour l’économie et la société, de créer des bitcoins. Même si les cours flambent, la bulle ne peut pas ne pas éclater. Il n’est pourtant pas nécessaire d’attendre le krach car des alternatives crédibles existent.

Prenons les métaux précieux, comme l’or et l’argent : ils représentent des réserves de valeur et de moyen de paiement depuis la nuit des temps. Leur légalité est indiscutable ; ils sont acceptés dans le monde entier, sans exception. Leur usage est, lui aussi, universel : dans l’industrie, la bijouterie et, bien entendu, en tant que trésorerie. La notoriété de l’or date de six mille ans, sa valeur intrinsèque ne baisse pas vraiment. L’or et l’argent sont négociés aussi bien de gré à gré de manière physique que de manière dématérialisée sur les plus grands marchés financiers internationaux. La solidité est aussi une valeur forte de l’or, puisque celui-ci résiste à presque tout. En cas de black-out, le bitcoin stocké sur une clé USB est perdu. Mais même l’or coulé en plein océan est récupérable.

On considérait déjà cet été que les cryptomonnaies représentaient au moins 150 milliards de dollars (129 milliards d’euros). Mais au rythme où vont les cours et, surtout, au gré des levées de fonds qui se multiplient en bitcoins, cette devise virtuelle pourrait représenter un marché supérieur à 1 000 milliards de dollars d’ici la fin de l’année. Un montant énorme, qui risque surtout, au moment du krach, de précipiter la chute d’investisseurs appâtés par des perspectives de progression surréalistes.

Mainmise de Pékin sur la cyberéconomie

Le marché de l’or, lui, représentait plus de 8 200 milliards de dollars au 30 juin, c’est-à-dire bien plus que tout ce que les « mineurs » de bitcoins ne pourront jamais « produire » en plusieurs années ! Il est donc faux de dire que les cryptomonnaies constituent la solution la plus crédible pour pallier la défaillance éventuelle du système monétaire actuel, ou même pour le seconder.

Enfin, gardons à l’esprit qu’un quart des échanges mondiaux en bitcoins sont convertis en yuans. Cette mainmise de Pékin sur la cyberéconomie est particulièrement dangereuse quand on sait que les autorités contrôlent directement les marchés financiers, qui dépendent de la réglementation chinoise.

Rien ne nous empêche de prendre le meilleur des deux mondes. La vraie valeur que représente l’or, couplé au système de blockchain du bitcoin, permet de créer des circuits de confiance courts, aptes à redonner le pouvoir aux utilisateurs.

Jean-François Faure, Initiateur du think tank Monnaies en transition et PDG de VeraCash.

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