Catalogne : non à l’idée d’un référendum d’autodétermination

Les élections générales, qui ont eu lieu dimanche 20 décembre en Espagne, ont dessiné un nouveau panorama politique. Le Parti populaire (PP) reste en tête, mais il devra dialoguer et gagner les accords parlementaires suffisants pour former un gouvernement, ou gouverner en solitaire, en tenant compte des autres forces politiques qui ont pris une place déterminante dans l’hémicycle.

Le parti centriste, Ciudadanos, né il y a neuf ans en Catalogne et qui se présentait pour la première fois aux élections générales, a obtenu 14 % des voix et 40 sièges au Congrès des députés à Madrid. Il se situe ainsi en quatrième position derrière PP, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), et Podemos. Voici donc une Chambre des députés plurielle, qui compte avec de nouvelles forces.

Ciudadanos pense qu’il est temps de ressouder la société et de mettre en place les réformes et les mécanismes nécessaires pour redonner aux Espagnols confiance dans la politique et dans les institutions. Il faut aborder les problèmes réels des citoyens comme l’emploi, l’accès à une santé publique de qualité ou la lutte contre la corruption, réussir un pacte national pour l’éducation avec un fort consensus des forces politiques, changer la loi électorale et construire un modèle de financement plus équitable pour toutes les régions de l’Espagne.

Et, bien sûr, le nouveau Parlement espagnol et le prochain gouvernement de l’Espagne auront à aborder un des problèmes les plus complexes, celui du sécessionnisme catalan.

Nul n’ignore que le 9 novembre, en Catalogne, les formations politiques indépendantistes adoptèrent, à la majorité au Parlement de Catalogne, une résolution sur le début du « processus de création d’un Etat catalan indépendant ». Cette résolution proclamait que « le processus de déconnexion démocratique ne se soumettra pas aux décisions des institutions de l’Etat espagnol, en particulier du Tribunal constitutionnel ».

Comme il était à prévoir, le Tribunal constitutionnel espagnol annulait cette résolution. Malgré cela, le gouvernement catalan, qui est encore en fonction parce que le Parlement n’a pas réussi à investir un nouveau président de la Catalogne, continue à prétendre que le « mandat démocratique » obtenu aux élections régionales du 27 septembre lui donne toute légitimité pour mettre en marche le processus de sécession.

Mais une chose est claire : une majorité de députés séparatistes au Parlement de Catalogne n’est pas le peuple de la Catalogne. Elle en est seulement une partie. D’autant que cette option séparatiste n’a obtenu que 47,8 % des voix aux élections régionales de septembre. Et quand bien même il s’agirait de 80 %, cela n’autoriserait pas une telle démarche selon nos lois.

En fait, un « mandat démocratique » pour la séparation, évoquée dans les programmes des partis sécessionnistes qui se présentèrent le 27 septembre, n’est pas un titre qui autoriserait à violer la Constitution espagnole de 1978 et le statut d’autonomie de la Catalogne.

Moment crucial

De surcroît, le résultat des élections générales qui viennent de se tenir a prouvé une fois de plus que la majorité des Catalans ne désire pas la sécession : en Catalogne, les partis qui n’ont pas pour but la sécession ont recueilli environ 66 % des voix (dont 26 % sont favorables au référendum), tandis que les partis indépendantistes n’ont obtenu que 31 %. C’est une raison de plus pour travailler avec plus d’énergie dans un projet commun d’une Espagne qui donne espoir.

A ce propos, nous ne sommes pas d’accord avec ceux qui proposent un référendum d’autodétermination en Catalogne, parce que cette question appartient à tous les Espagnols, elle les concerne directement tant d’un point de vue politique et juridique qu’affectif. De plus, un référendum pourrait être un instrument mais ne sera pas une solution.

Ciudadanos peut aider, depuis le centre politique, à obtenir un consensus entre les partis principaux pour laisser derrière nous une étape d’affrontement qui a prévalu ces derniers temps, et chercher ce qui nous unit. « Les électeurs des autres partis ne sont pas nos adversaires mais nos compatriotes », dit Albert Rivera, le fondateur de Ciudadanos né à Barcelone.

L’Espagne a vécu un moment crucial de son histoire lors de la première transition de la dictature à la démocratie en 1976. Après les résultats du 20 décembre, la seconde transition est possible, vers un futur commun de justice sociale et de progrès économique. L’Espagne s’engage dans une étape d’espérance où les valeurs de liberté, d’égalité et d’union devraient s’imposer.

Susana Beltrán est députée de Ciudadanos au Parlement de Catalogne et professeur de droit international public à l’Université autonome de Barcelone (UAB).

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