Climat: l’Afrique en marche

Au cours de l’année dernière, les pays d’Afrique ont intensifié leurs efforts visant à former une coalition sur les changements climatiques. Ils s’efforcent de faire prendre en compte leurs préoccupations et leurs attentes à Copenhague.

L’Afrique est très vulnérable. Au cours de nos vies, les bouleversements climatiques risquent de compromettre les conditions de vie des populations d’un continent déjà en proie à la pauvreté chronique, à la dégradation des écosystèmes et à l’agitation civile. Plus de 40% des Africains vivent dans l’extrême pauvreté et 70% de cette population vit dans les zones rurales, où elle subsiste en grande partie grâce à l’agriculture. Les changements climatiques toucheront les agriculteurs depuis le Sahel jusqu’aux hautes terres du Lesotho. Ils pourraient provoquer l’apparition de nouvelles épidémies propagées par les moustiques dans des pays comme le Kenya et l’Ouganda. L’intensification des tempêtes et des inondations pourrait entraîner la destruction des infrastructures de base et des habitations à Madagascar, au Mozambique et dans de nombreuses autres régions côtières.

Tout projet d’accord global sur les questions climatiques doit comporter des dispositions favorisant le développement des pays africains et d’autres régions en développement. Il doit également permettre d’évaluer la manière dont ses pays peuvent contribuer eux-mêmes à la solution de leurs problèmes.

L’Afrique n’est pas la cause des changements climatiques; le continent ne produit que 3,8% de la totalité des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. En outre, la capacité du continent à participer à la lutte contre les changements climatiques est généralement ignorée ou sous-estimée. Par exemple, sa couverture forestière retient 20% de la totalité du carbone absorbé par les arbres dans le monde et ses sols fertiles contiennent une part toute aussi élevée du carbone de la planète produit par l’agriculture.

L’Afrique tient donc une place essentielle dans la réalisation des objectifs de Copenhague. Les accords qui remplaceront le Protocole de Kyoto en 2012 pourraient déboucher sur le transfert de nouveaux capitaux aux pays en développement, représentant une source majeure de financement du développement pour le continent. Par conséquent, la gestion des changements climatiques offre aux pays africains une chance de gagner sur tous les terrains, leur permettant à la fois d’atténuer les effets nocifs de ce phénomène et d’apaiser leurs préoccupations les plus profondes en matière de développement comme l’accès à l’énergie, la sécurité alimentaire et la prévention des crises et des conflits.

L’Afrique aura besoin d’un soutien urgent dans la formulation des stratégies de lutte contre les changements climatiques et de crédits pour financer la mise en place de mesures efficaces d’adaptation et d’atténuation des effets climatiques.

Compte tenu du fait que plus de 70% des émissions de gaz à effet de serre sont fonction des comportements et des choix d’investissement au niveau local, le rôle des autorités régionales, appelées à prendre souvent ce type de décision importante sur le terrain, est déterminant. Les stratégies des régions, départements et communes devront donc s’articuler avec celles des gouvernements nationaux, mais elles devront également s’attaquer aux priorités de développement existantes.

Dans ces conditions, l’établissement d’un fonds destiné à renforcer les capacités des pays en développement à élaborer des mesures destinées à favoriser les faibles émissions de carbone et à s’adapter aux effets des changements climatiques constitue l’une des premières priorités à Copenhague.

Par ailleurs, il faudra prévoir tout un éventail de ressources – bourses, prêts, mesures fiscales et instruments de marché, qui contribueront au bon fonctionnement des programmes d’atténuation et d’adaptation sur le terrain. Une aide supplémentaire d’urgence devra être également prévue pour compléter le nouveau Fonds pour l’adaptation de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UNFCCC – United Nations Framework Convention on Climate Change), qui aide les pays vulnérables à s’acquitter des coûts imputables aux mesures d’adaptation.

Les instruments de marché sont indispensables. Convenablement réaménagés, le Mécanisme pour le développement propre et les autres mécanismes de droits d’émission de carbone pourraient s’avérer particulièrement utiles dans le financement de diverses options en matière d’énergie renouvelable et à haut rendement énergétique en Afrique, permettant de produire plus de 180 gigawatts d’énergie supplémentaire. Le bio-carbone, le carbone retenu et emmagasiné dans les arbres, les plantes, les sols et les océans de la planète, offre des perspectives d’investissement tout aussi intéressantes, susceptibles de contribuer considérablement à la réduction des émissions causées par le déboisement et la dégradation des forêts.

Tegegnework Gettu, directeur du Bureau régional du PNUD pour l’Afrique.