Construisons une Union européenne plus inclusive, plus durable et plus équitable

Après le nouvel échec des discussions entre le Conseil européen et le Royaume-Uni, l’issue du feuilleton politique du Brexit est toujours aussi incertaine. Du côté des Etats membres, de manière paradoxale, ces négociations auront sans doute contribué, mieux que toute campagne pro-européenne, à mettre en lumière les apports de l’Union en termes démocratiques, économiques et sociaux. C’est un moment déterminant qui doit nous rappeler l’urgence de notre mobilisation en faveur de la refondation du projet européen dans une période marquée par le retour des nationalismes.

Construire une Union européenne plus inclusive, plus durable et plus équitable. Voilà l’enjeu qui sera le cœur des élections et du prochain mandat du Parlement européen si nous voulons sortir de la crise politique actuelle. Nous n’y parviendrons pas avec les recettes d’hier. Il nous faut réinventer la manière dont nous répondons aux défis actuels, qui ne peuvent se résoudre qu’à l’échelon européen : défi écologique, défi démographique, défi migratoire… et celui de la grande exclusion : 87 millions d’Européens vivent en 2018 sous le seuil de pauvreté.

Celà impose un nouvel élan européen, comme de revoir la manière dont nous concevons et mettons en œuvre les politiques publiques : il nous faut l’Europe sociale, celle prônée par le président de la République Emmanuel Macron à Göteborg en novembre 2017, il nous faut l’Europe fiscale, mais il nous faut aussi l’Europe des solutions : associer davantage les citoyens et nous inspirer des initiatives et actions concrètes qui fonctionnent dans nos pays, nos territoires.

Pour ce faire, nous disposons déjà en Europe d’un atout de premier plan : l’économie sociale et solidaire (ESS) constitue un vivier unique de projets, d’entreprises, d’innovations et de talents qui doit prendre toute sa part dans la rénovation du projet européen.

Une nouvelle ambition mondiale

Nous avons tout à gagner à nous inspirer davantage des pratiques d’acteurs qui savent inventer des modèles économiques hybrides, générer de l’activité durable et utile, être économes en ressources publiques, créer des emplois non délocalisables et porteurs de sens, et transformer la vie de nos concitoyens en apportant plus de solidarité et de lien social.

La vitalité de l’économie sociale et solidaire en Europe est formidable : elle représente 10 % du PIB européen et emploie plus de 6 % des actifs. Pourtant, l’ESS reste un « nain » politique et ne pèse pas encore suffisamment dans nos instances et nos politiques européennes. C’est pour porter cette vision que la France a choisi de prendre la présidence en 2019 du Comité de suivi mis en place à l’issue de la déclaration de Luxembourg en 2015 et qui rassemble aujourd’hui 14 Etats membres convaincus que l’ESS doit infuser davantage nos économies européennes.

C’est pour aller encore plus loin et porter une nouvelle ambition mondiale pour l’économie sociale et solidaire que nous organiserons, à Paris au premier trimestre 2019, une rencontre inédite de portée internationale avec les Etats mais aussi les acteurs volontaires pour qu’enfin soit mieux connu, reconnu et surtout exploité tout le potentiel de transformation sociale et écologique de l’ESS.

A l’heure où se réveille en Europe et dans le monde l’égoïsme des nations, nous avons plus que jamais besoin de compter sur l’énergie et le talent des entrepreneurs et des citoyens engagés au sein de l’économie sociale et solidaire pour promouvoir une économie qui intègre la dimension humaine, sociale et environnementale dans sa raison d’être.

Christophe Itier est haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire et à l’innovation sociale

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