COP21: grands discours contre petites solutions

Au nord-est de la Chine, où la pollution due au charbon a atteint des pics inégalés. © Keystone / ALLEN MEI
Au nord-est de la Chine, où la pollution due au charbon a atteint des pics inégalés. © Keystone / ALLEN MEI

Voici venir la 21e des grandes réunions mondiales sur le changement climatique, la COP21, qui se tiendra à Paris à la fin du mois. Le grand mérite de ces réunions est d’avoir réussi à convaincre l’opinion publique mondiale de la réalité du changement climatique et des enjeux pour en limiter les causes.

Si l’on se rappelle le scepticisme qui régnait il y a vingt ans, le succès est immense. Les gouvernements ne peuvent plus se cacher derrière des débats scientifiques plus ou moins honnêtes pour nier le phénomène. Ils ne peuvent pas non plus jouer à demander que ce soit aux autres de faire des efforts. Dans le langage officiel, il est admis que chaque pays doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Dans ce sens, mission accomplie.

Par contre, la division continue de régner en ce qui concerne les actions à mener. Cette division est alimentée par tout un tas de considérations plus ou moins valables, entretenues par les gouvernements qui ne veulent pas vraiment agir, non pas parce qu’ils sont mal intentionnés mais parce que chacun d’entre eux est sous la pression intense de ses lobbies qui ont tout à y perdre. Il a fallu des années pour définir l’objectif central, limiter la hausse moyenne des températures à 2 degrés, non pas parce que c’est bien, mais parce que cela semble possible, techniquement et politiquement. Mais, déjà, on nous dit que la COP21 n’arrivera pas à décider de ce qu’il faut faire pour atteindre cet objectif.

Recentrer les réflexions sur l’essentiel

L’approche suivie jusqu’à maintenant a l’immense inconvénient de ressembler à la planification soviétique. On se fixe des objectifs, on établit de longues listes des actions à mener pour les atteindre, mais on oublie l’essentiel, parce que l’essentiel fâche. L’essentiel est de savoir comment on peut faire tourner l’économie mondiale en produisant moins de gaz à effet de serre. Il y a la fausse solution, la décroissance. C’est simple et compréhensible: moins d’activités économiques signifie moins de pollution. Le hic, c’est que personne ne veut de la décroissance. Ni les pauvres qui veulent devenir moins pauvres, ni les riches qui en veulent plus. L’idée de forger un nouvel être humain, frugal et responsable, rappelle aussi la propagande soviétique.

Aller à l’essentiel, c’est aussi ne pas mélanger les objectifs. La lutte contre le réchauffement ne peut pas se confondre avec celle contre les pollutions qui affectent la santé. Ce sont deux objectifs parfaitement justifiés, qui se recouvrent partiellement, mais pas entièrement. Un exemple frappant est l’énergie nucléaire, sans doute la source d’énergie parfaite en ce qui concerne la lutte contre le réchauffement. Mais, bien sûr, il y a la question des déchets radioactifs, qui est un problème de santé. Le consensus post-Fukushima est qu’il faut éliminer les centrales nucléaires. Du point de vue des 2 degrés, le choix allemand, qui conduit à brûler du charbon, est une véritable catastrophe.

Une étude récente menée par des chercheurs suédois, économistes et climatologues réunis, va à l’essentiel*. Ils observent que le charbon est, de loin, la pire source de rejet de gaz à effet de serre. Or les réserves de charbon sont gigantesques et représentent ainsi la plus grave menace pour le changement climatique. En comparaison, gaz et pétrole existent en quantités beaucoup plus limitées. Leur conclusion est spectaculaire: ce qui reste de gaz et de pétrole n’est pas une grave menace, alors utilisons-le mais cessons au plus vite de brûler du charbon. D’après leurs calculs, une modeste taxe mondiale sur le charbon ferait l’affaire. Oui, mais voilà, les pays pauvres et les pays émergents ont du charbon, beaucoup moins de gaz ou de pétrole. De plus, le gaz et le pétrole sont mauvais pour la santé. S’attaquer au seul charbon avec une bonne vieille taxe est bien trop simple pour une conférence aussi prestigieuse que la COP21.

Charles Wyplosz, professeur d’économie internationale.


* John Hassler, Per Krusell 
et Jonas Nycander, «Climate Change», Université de Stockholm.

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