Démences et maladie d’Alzheimer: une approche personnalisée s’impose

On entend encore souvent qu’il n’y a pas de traitement efficace contre la maladie d’Alzheimer. Ce n’est vrai que dans la mesure où il n’y a pas encore de traitement qui guérisse la pathologie cérébrale. Mais nous pouvons déjà faire beaucoup pour les patients et leurs proches.

Il faut différencier les difficultés légères d’une part et les démences avérées d’autre part. Dans le premier cas, il s’agit de symptômes très légers, sans répercussion sur la vie quotidienne ou alors de problèmes de mémoire ressentis, mais sans déficit avéré. Ce sont parfois des signes précurseurs d’une maladie d’Alzheimer.

Mais souvent, ces troubles ont d’autres causes: une maladie vasculaire, une affection inflammatoire, un déséquilibre hormonal ou métabolique. Cela peut aussi avoir des sources psychiques comme une dépression, un trouble anxieux, ou un stress prolongé. Les médecins doivent-ils prendre au sérieux ces signes souvent très discrets? Oui, puisque l’amélioration et surtout la prévention de la dégradation dépendront d’une prise en charge adaptée en fonction du diagnostic. Le traitement sera très différent si la dépression est la cause d’un trouble de la mémoire ou s’il s’agit d’une maladie d’Alzheimer à un stade précoce. Nous proposons une psychothérapie et des antidépresseurs pour traiter la dépression. En revanche, si les tests diagnostiques indiquent un haut risque de maladie d’Alzheimer, nous proposons un conseil spécialisé et individualisé, un suivi en consultation et nous introduirons, au moment opportun, un traitement médicamenteux ralentissant l’évolution des symptômes.

Nous pouvons faire beaucoup

Alors que la prévention est essentielle pour ceux qui ont des difficultés légères ou un risque élevé de démence, les priorités sont différentes chez les patients souffrant déjà d’une démence modérée ou sévère. La personne affectée n’est, dans ce cas, plus en mesure de gérer son quotidien et doit être accompagnée pour son alimentation et les soins d’hygiène. De plus, les personnes atteintes de démence développent des troubles psychologiques et de comportement tels que l’agitation, l’irritabilité, l’apathie, l’anxiété, des délires, ainsi que des troubles du sommeil.

La perte d’autonomie et les troubles psychiatriques sont désormais au premier plan. Ils déterminent si les soins à domicile sont encore possibles. Le cas échéant, l’entrée en EMS ou une hospitalisation sont nécessaires.

Les personnes souffrant de démence avancée sont très vulnérables à d’autres affections et supportent mal certaines interventions médicales. En apportant des soins ajustés aux besoins de la personne, en évitant le surdiagnostic et des traitements peu utiles, nous pouvons faire beaucoup pour ces patients.

Fort heureusement, nous pouvons traiter les symptômes psychiques et les troubles du comportement grâce à des médicaments, ainsi que par des approches non pharmacologiques. Cela peut améliorer considérablement la qualité de vie du patient et, dans une certaine mesure, ses capacités mentales et de gestion du quotidien.

Accent mis sur l’ambulatoire

Les proches aidants fournissent souvent un effort considérable et de longue durée. Beaucoup s’épuisent et développent des troubles dépressifs et anxieux. Mettre à disposition un accompagnement et des soins sur mesure permet le maintien à domicile et assure une meilleure qualité de vie pour la personne atteinte de démence et son entourage.

Afin de répondre à ces besoins complexes, les hôpitaux universitaires suisses proposent des prises en charge spécialisées et multidisciplinaires avec, autant que faire se peut, un accent mis sur l’ambulatoire, un hôpital de jour, des consultations à domicile, des interventions rapides d’équipes mobiles et du soutien aux proches.

Vendredi 21 septembre est la Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer. La recherche avance et les progrès médicaux et en soins sont bien réels. Et s’il est vrai qu’on ne peut pas encore stopper la pathologie cérébrale, on propose déjà des traitements efficaces qui prolongent l’autonomie et améliorent considérablement la qualité de vie de ces personnes.

Julius Popp, responsable du Service de psychiatrie gériatrique des HUG, professeur UNIGE et médecin agrégé au Département de psychiatrie CHUV/UNIL.

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