Des règles internationales claires pour des emplois verts

Le changement climatique résulte de l’activité humaine. Pour l’essentiel, cette activité correspond au travail ou s’y rapporte. Il est donc logique que le monde du travail ait un rôle essentiel à jouer pour trouver une solution à cet enjeu prioritaire.

Si notre but est de réussir une juste transition vers une économie verte, alors nous avons besoin d’une réglementation prévisible et appropriée. Les gouvernements doivent travailler en étroite collaboration avec les organisations d’employeurs et de travailleurs à cette fin. C’est pourquoi cette question constitue l’un des principaux thèmes de discussion de la Conférence internationale du travail, qui a débuté à Genève le 5 juin, également Journée mondiale de l’environnement.

Travailleurs pauvres

Il a été clairement établi que le changement climatique endommageait les infrastructures, désorganisait les entreprises et détruisait des emplois et des moyens de subsistance. Nous sommes confrontés au quotidien à ces défis sans précédent.

Entreprises et travailleurs sont également affectés. C’est particulièrement le cas pour les travailleurs pauvres, les travailleurs indépendants et ceux qui occupent un emploi informel, saisonnier ou occasionnel, souvent privés de protection sociale et sans véritable source alternative de revenu. Ils sont extrêmement dépendants de ressources sensibles aux conditions climatiques, comme l’approvisionnement local en vivres et en eau.

Le monde ne doit pas avoir à choisir entre la création d’emplois et la préservation de l’environnement. Il faut à tout prix garantir la protection de l’environnement, y compris dans une perspective de marché du travail.

Défis et perspectives

Il est vrai qu’avec la transition vers une économie plus durable, de nombreux types d’emplois qui existent aujourd’hui – surtout dans les activités très polluantes ou à forte consommation énergétique – vont disparaître. Mais de nouveaux emplois seront créés dans le même temps.

Les économies vertes peuvent être des moteurs de croissance, dans les économies avancées comme dans les pays en développement. Elles peuvent générer des emplois verts décents qui contribueront de manière significative à l’atténuation du changement climatique et à l’adaptation à ses effets, mais aussi à l’éradication de la pauvreté et à l’inclusion sociale.

Mais l’enjeu ne concerne pas seulement la création d’emplois supplémentaires. C’est aussi la qualité de ces emplois qui compte. Le développement durable doit être envisagé à l’aune de ses dimensions économiques et sociales et pas seulement de ses conséquences environnementales. Sinon, la transition vers une économie verte sera tout sauf équitable.

Le coût de l’inaction

Ignorer le changement climatique finira par mettre à mal la croissance économique. Cette sombre perspective est confirmée par de nombreuses études, notamment par le modèle des Liens macroéconomiques de l’OIT, qui prévoit une baisse des niveaux de productivité de 2,4% d’ici à 2030 et de 7,2% d’ici à 2050 si rien n’est fait.

La bonne nouvelle, c’est que nous savons où nous voulons aller et comment y parvenir. L’Accord de Paris sur le climat et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ont défini la voie à suivre, et la transition juste vers des économies et des sociétés écologiquement durables a été acceptée comme un point de repère essentiel de la trajectoire à emprunter.

Mais il ne suffit pas de connaître la destination et la voie à suivre. Nous avons besoin d’une volonté politique pour continuer d’avancer. Un avenir plus respectueux de l’environnement ne sera pas décent par défaut mais parce qu’il aura été conçu ainsi. Ne nous contentons pas de célébrer la Journée mondiale de l’environnement. Saisissons cette occasion pour concrétiser notre volonté politique. L’avenir de nos emplois, de nos enfants, en dépend.

Guy Ryder, directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT).

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