Développement durable: n’oublions pas la biodiversité

DALLOL, ETHIOPIA - JANUARY 22: A camel caravan carrying salt mined by hand is led across a salt plain in the Danakil Depression on January 22, 2017 near Dallol, Ethiopia. The depression lies 100 metres below sea level and is one of the hottest and most inhospitable places on Earth. Despite the gruelling conditions, Ethiopians continue a centuries old industry of mining salt from the ground by hand in temperatures that average 34.5 degrees centigrade but have risen to over 50 degrees. (Photo by Carl Court/Getty Images)
DALLOL, ETHIOPIA - JANUARY 22: A camel caravan carrying salt mined by hand is led across a salt plain in the Danakil Depression on January 22, 2017 near Dallol, Ethiopia. The depression lies 100 metres below sea level and is one of the hottest and most inhospitable places on Earth. Despite the gruelling conditions, Ethiopians continue a centuries old industry of mining salt from the ground by hand in temperatures that average 34.5 degrees centigrade but have risen to over 50 degrees. (Photo by Carl Court/Getty Images)

Vous avez dit développement durable? Dans les consciences s’est avant tout ancré le changement climatique. Il y a de bonnes raisons à cela, tant la menace est globale et multiforme, et nous sommes bien au milieu du gué. L’ambivalence politique est parfaitement illustrée par la simultanéité de l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris prescrivant que le réchauffement causé par l’homme reste nettement en dessous de 2 °C (4 novembre), et l’élection d’un président américain climatosceptique (8 novembre).

Un document de référence incontournable: le rapport Planète vivante

Dans ce contexte, la parution fin octobre de l’édition 2016 du rapport Planète vivante a passé largement inaperçue. Ce document, mis à jour tous les deux ans, est pourtant une mine de renseignements rassemblés par le WWF, la Société zoologique de Londres, le Réseau empreinte écologique globale et le Centre de résilience de Stockholm.

Ce dernier avait identifié en 2009 neuf facteurs-clés environnementaux, nommés «frontières planétaires», à savoir le changement climatique, l’acidification des océans, l’affaiblissement de la couche d’ozone, les cycles du phosphore et de l’azote, l’utilisation de l’eau douce, les pertes de sols, la charge atmosphérique en aérosols, la pollution chimique et les atteintes à la biodiversité.

Depuis 1970, les populations de vertébrés recensées par l’indice Planète vivante, soit 14’152 populations de 3’706 espèces, ont fondu de 60%. Chez les plantes, une espèce sur cinq est en danger. La Liste rouge mondiale gérée par l’UICN relève que sur les 79’837 espèces qu’elle comporte, 23’250 sont menacées d’extinction. Les causes? L’altération et le morcellement des habitats, la surexploitation, les substances chimiques, le braconnage, la pêche industrielle.

Or, une multitude de prestations sans lesquelles nos activités seraient gravement compromises voire impossibles dépendent du bon fonctionnement des réseaux naturels: filtration de l’eau et de l’air, cycles de l’oxygène, de l’azote, du carbone, ressources vitales telles le poisson, le bois ou la fertilité du sol…

Heureusement, des mesures de protection sont prises. Ainsi, la liste des Nations unies des aires protégées relève leur multiplication par 14 entre 1962 et 2014, et un peu partout dans le monde une prise de conscience se développe. Mais ces efforts ne suffisent de loin pas et la promotion de la biodiversité doit vraiment devenir une priorité. Car avec chaque espèce qui s’éteint à tout jamais, et dont chacune joue son rôle dans l’architecture du vivant, celle-ci s’affaiblit d’autant.

Et en Suisse?

Dans notre pays, les surfaces bâties représentent environ 7,5% de la superficie totale et deux tiers du territoire sont en zone agricole (36%) ou forestière (31%). En forêt, les traitements sont interdits et la législation inclut des dispositions en faveur de la biodiversité, notamment à travers la planification forestière, et les principes applicables aux défrichements et à leurs compensations. Quant à la politique agricole, elle comporte depuis une vingtaine d’années des soutiens à la biodiversité. Mais il faudra aussi faire évoluer les modes de production vers l’agroforesterie, la culture biologique ou encore l’agriculture de conservation, et une forte réduction des intrants.

Concernant les surfaces bâties, la conception des constructions fait beaucoup (dispersées ou regroupées, en hauteur ou à large emprise au sol), ainsi que l’aménagement et le mode de gestion des espaces extérieurs, toits, façades et balcons. De nombreuses aires industrielles sont renaturées, par exemple sous l’égide de la Fondation nature et économie, tout cela étant l’objet des programmes Nature en ville des collectivités publiques. L’enjeu n’est toutefois pas que dans l’affectation du sol et ses modes de gestion, mais dans le morcellement des biotopes par la multiplication des infrastructures et la dispersion des activités humaines; le cadrage des usages invasifs et peu respectueux des milieux naturels reste indispensable.

Ces efforts doivent maintenant être systématisés et intensifiés afin d’assurer aux espèces les espaces nécessaires. Dans nos décisions individuelles, en choisissant bien nos achats, par notre comportement, en nous exprimant en faveur de la biodiversité, nous pouvons chacune et chacun faire notre part. Nous ne sommes pas condamnés à assister passivement à la destruction des bases de notre existence.

René Longet, expert en développement durable

Deja una respuesta

Tu dirección de correo electrónico no será publicada. Los campos obligatorios están marcados con *