Economie verte: la technologie est là, alors pourquoi attendre !

L’initiative pour une «économie verte» bénéficie d’un fort capital de sympathie spontanée auprès de la population. Toutefois, sa formulation abstraite et la référence au concept mal connu «d’empreinte écologique» la rendent vulnérable.

Quels sont les enjeux? L’initiative propose d’introduire dans la Constitution le principe d’une gestion efficiente de ressources. En clair, recycler complètement les matières premières que nous consommons pour les réutiliser, ce qui est déjà le cas pour le verre, et papier mais pas pour d’autres matériaux; autre exemple, utiliser du bois certifié pour lutter contre la déforestation, consommer des produits locaux ou favoriser les produits d’une pêche responsable. Ces principes ne sont finalement pas si éloignés des engagements pris par les deux géants de la grande distribution qui communiquent d’ailleurs largement sur ces thématiques.

Le sujet qui fâche

Le sujet qui fâche, c’est la disposition transitoire qui prévoit que la Suisse devra diviser par trois son «empreinte écologique» d’ici 2050. L’«empreinte écologique» n’est rien d’autre qu’un indicateur; son calcul est largement déterminé par la consommation d’énergies fossiles. En simplifiant les choses à l’extrême, ce que l’initiative demande c’est que nous réduisions notre consommation de produits pétroliers de gaz et de charbon de 67%, dans un peu plus de 30 ans.

L’acceptation de l’initiative, un point de départ

Pour atteindre cet objectif, le texte énumère sommairement les différents types de mesure auquel nos autorités peuvent recourir. L’acceptation de l’initiative ne serait donc que le point de départ d’un processus législatif, aux niveaux fédéral et cantonal, aboutissant à des lois soumises à référendum.

Demeure la question fondamentale: l’objectif est-il réaliste? Il y a vingt ans, il aurait relevé de l’utopie. Entretemps, l’urgence de la lutte contre les changements climatiques, a permis des progrès technologiques si rapides que la démarche proposée est certes ambitieuse mais réaliste; l’objectif peut être atteint à un coût raisonnable pour la population, les entreprises et les pouvoirs publics. Pour ne donner que cet exemple, rappelons qu’un panneau solaire photovoltaïque coûte aujourd’hui 1% environ de ce qu’il coûtait il y a 35 ans, lorsque la technologie commençait à peine à se diffuser.

Le levier de la révolution technologique

Les énergies fossiles sont principalement utilisées pour le chauffage des immeubles et les transports. Or, c’est précisément là que la révolution technologique en cours offre le plus grand potentiel. Pour les bâtiments, l’expérience genevoise montre que le savoir-faire nécessaire à la réalisation d’immeubles à très faible consommation est suffisamment maîtrisé pour rendre obligatoire les standards de haute performance énergétique. Avec le développement de capteur solaire sous forme d’éléments de construction et le potentiel des pompes à chaleur, la question n’est plus de savoir si l’on peut réduire la consommation d’énergie fossile des bâtiments mais quand on pourra exiger qu’ils produisent autant d’énergie qu’ils en consomment.

Pour les transports, les changements qui s’annoncent sont plus spectaculaires encore. Les grands constructeurs investissent massivement dans la voiture électrique. L’entreprise VW, par exemple veut que ses véhicules électriques représentent le quart de ses ventes globales en 2025. Or, un véhicule électrique consomme 4 fois moins d’énergie qu’un véhicule classique. Le triomphe annoncé de la voiture électrique est parfaitement compatible à l’horizon 2050 avec un approvisionnement en électricité à 80% ou 90% renouvelables. C’est en tout cas la conclusion d’une étude sur l’avenir énergétique de la Suisse, publiée récemment par l’UBS qui relève aussi que «la question n’est pas de savoir si, mais à quelle vitesse, l’électrification se produira». Le plus vite sera évidemment le mieux. Ce que veut l’initiative c’est qu’à l’instar des pays scandinaves les pouvoirs publics mettent tout en œuvre pour favoriser cette électrification. Est-ce vraiment trop demander!

David Hiler, ancien conseiller d'Etat

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