En Afrique, le covid est loin d'être la première préoccupation

Un auditeur à Bangui, en Centrafrique, mars 2021 — © GWENN DUBOURTHOUMIEU
Un auditeur à Bangui, en Centrafrique, mars 2021 — © GWENN DUBOURTHOUMIEU

Les médias traditionnels d’information (radio, TV, presse écrite) restent, et de loin, la première source d’information fiable lorsqu’un nouveau sujet de crise survient, comme le covid. Voilà l’enseignement majeur d’une grande étude d’audience menée fin 2020 dans six pays africains par l’Institut Kantar pour la Fondation Hirondelle, ONG suisse qui fournit de l’information à des populations confrontées à des crises.

Parmi les personnes interrogées dans six pays (Mali, Niger, Burkina Faso, République centrafricaine, République démocratique du Congo et Madagascar), 60% citent les médias comme première source de confiance pour s’informer sur le covid, devant le gouvernement et les administrations nationales (26%), et les organisations internationales comme l’OMS ou l’ONU (20%). Internet et les réseaux sociaux arrivant en queue de peloton avec 8%, de même que les associations et ONG locales (7%) et les chefs coutumiers (7%).

Parmi les médias d’information, la radio reste de loin le premier, et le plus crédible, pour la population des six pays étudiés: 83% l’écoutent tous les jours, devant la télévision (69%), internet (27%) et la presse écrite (7%).

«Comment gagner ma vie?»

S’agissant du ressenti face à la crise du covid, même si le coronavirus fait moins de victimes en Afrique qu’ailleurs, les populations de ces six pays africains sont inquiètes et se sentent touchées directement par la pandémie. Parmi les personnes interrogées, 74% se disent «énormément préoccupées» par la situation du covid, 75% affirment qu’elle a un impact sur leur vie de tous les jours et 69% craignent de tomber malade.

Cependant, l’étude rappelle clairement, si nécessaire, que le covid n’est pas la première préoccupation des habitants du Sahel et d’Afrique centrale, confrontés à d’autres crises graves. «Comment gagner ma vie» reste ainsi le premier sujet d’inquiétude de 30% des personnes interrogées, devant «ma santé en général» pour 21%, «ma sécurité et celle de mes proches» pour 17%, et «la situation politique» pour 9%. «Les risques de santé liés au coronavirus» ne constituent le premier sujet d’inquiétude que de 7% des personnes interrogées.

Si 54% estiment que le covid a pris une place trop importante dans les médias, cette pandémie pousse cependant les gens à s’informer davantage, en Afrique comme ailleurs: 46% des personnes interrogées affirment consommer les médias «plus souvent» en raison de la crise du covid, contre 38% «comme d’habitude» et 16% «moins souvent». Le public reconnaît aussi la capacité d’adaptation des médias pour informer sur cette crise: 91% des personnes interrogées estiment que les médias se sont bien adaptés pendant la crise.

Fournir des informations fiables aux populations confrontées à des crises, c’est la mission des équipes et des médias développés et soutenus par la Fondation Hirondelle. L’objectif principal de cette étude, financée par l’Union européenne et par la Coopération suisse (DDC), était ainsi de mesurer de manière quantitative et qualitative l’impact de nos programmes d’information pendant la crise du coronavirus.

Plus de 7 millions d’auditeurs

Sur les six pays, l’étude indique que nos programmes sont suivis chaque semaine par 7 143 400 individus âgés de 15 ans et plus. Au Mali, par exemple, le programme de Studio Tamani, diffusé trois heures chaque jour par un réseau de 85 radios et télévisions partenaires, est suivi régulièrement par 28,8% de la population.

En République centrafricaine, Radio Ndeke Luka obtient quant à elle des scores exceptionnels avec une audience quotidienne de 71% à Bangui et 62% à Bambari. C’est le premier média du pays, connu de 97% des personnes interrogées! Globalement dans les six pays, 91% de celles et ceux qui nous suivent jugent nos programmes «utiles» voire «indispensables» dans leur vie quotidienne; 90% jugent les informations «fiables»» et 85% les émissions «proches de [leurs] préoccupations». Cette confiance est pour tous nos journalistes, médias et partenaires un grand motif de fierté, et d’encouragement.

L’étude a été menée par Kantar, institut de réputation internationale, dont les équipes locales ont réalisé 9000 interviews au total avec un recueil des réponses en face à face sur tablette au domicile des personnes interviewées. Ces dernières ont été sélectionnées selon la méthode statistique des quotas. Ces sondages ont eu lieu en octobre et novembre 2020 dans 19 localités, comprenant des capitales, des villes secondaires, et des agglomérations plus petites au Mali, Burkina Faso, Niger, en République centrafricaine, République démocratique du Congo et à Madagascar. Un sondage complémentaire a aussi été organisé par téléphone auprès de 270 000 personnes en partenariat avec Viamo, une entreprise sociale spécialisée dans la diffusion de contenus sur des plateformes de téléphonie mobile.

Nicolas Boissez est délégué à la communication et aux relations extérieures, Fondation Hirondelle.

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