En Belgique, ni fatalisme, ni hystérie

« On ne sait pas ce qu’on est occupé de vivre. » Que de sagesse, peut-être, se blottit au fond de cette formule que l’on doit à l’un des témoins de l’attentat perpétré à l’aéroport de Bruxelles-National, ce 22 mars. Car elle ne signifie nullement qu’on ne veuille pas comprendre, à la fin, ce qui est en cours, déjà, depuis longtemps. Mais qu’est-ce que cela signifie alors ?

« Étrange résignation ? » pourrait-on penser, et pour sûr, une certaine France n’y manquera pas, à propos du comportement de beaucoup de Belges, en but aux agressions dont ils font l’objet depuis les assassinats commis contre le Musée juif de Bruxelles (24 mai 2014).

Ce serait oublier que, s’il est une résignation penaude, démissionnaire et funeste face à l’agresseur, il en est une autre qui ne lui ressemble en rien, mais, au rebours, suppose une façon digne, mûre, réfléchie de concevoir désormais la vie quotidienne. Une manière, ni hystérique, ni simplement fataliste, mais responsable et civilisée, de répondre à la haine, au fanatisme et à la lâcheté.

Cela implique une détermination plus farouche qu’ostentatoire et le sens retrouvé de la solidarité.

Certes, il s’est bien établi, et nous l’avons dénoncé dans les colonnes-mêmes de ce journal (17 novembre) – en Belgique, et à Bruxelles-même- une arrière-base du terrorisme djihadiste, qu’ont favorisée depuis un certain temps de douteuses complicités politiciennes. Il y a eu, il y a encore, comme ailleurs en Europe, ceux qui voulaient, qui souhaitent toujours ignorer que nous sommes en guerre contre une pieuvre islamiste.

Au mieux, elles ont peur du mot, paraît-il, ces frileuses personnes. Au pire, elles pourraient se réveiller demain, si ce n’est déjà fait, dans la peau de collaborateurs. (Qui a oublié ce que ce mot, naguère, signifia, ont ici une belle occasion de se le remémorer. Nous les invitons à ne pas la laisser passer.)

Mais il y a ceux, de plus en plus nombreux, qui se résignent dans la bonne acception du terme, à la livrer, cette guerre, puisqu’elle nous est imposée. Et donc, finalement, à la gagner.

Le terrorisme est, traditionnellement, l’arme des faibles et des traîtres. Il ne saurait éternellement se survivre. Seuls, ceux qui persistent à lui trouver des justifications idéologiques retardent sa défaite.

Résignons-nous à ne leur trouver aucune excuse et n’entrons pas dans leur jeu morbide, quelques soient parfois les « bons sentiments » dont ils ont le culot de se targuer. Quand ils auront été démasqués et mis en déroute, nous saurons tous ce que nous avons vécu, ce que « nous étions occupés de vivre », et pourquoi.

L’Europe, alors, devra se résoudre à ne plus reproduire ses ancestrales erreurs. Elle ne laissera plus fructifier « des bases arrières » pour des avant-gardes dont, unie, elle sera venue à bout sur le terrain.

Observons que, jamais, le Droit n’a réussi vraiment à définir de façon précise le concept de « terrorisme ». Après tout, le concept de génocide n’est apparu dans les conventions internationales que trois après la fin de la seconde guerre mondiale et l’accomplissement de l’extermination massive de certains peuples ou de certaines entités. Au jour de la victoire, il faudra bien arriver à comprendre ce que l’on a vaincu !

Pierre Mertens, est écrivain, lauréat du prix Médicis 1987

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