Mes années Obama

Je viens d’une région très conservatrice des Etats-Unis, un endroit où des poches de chrétiens détenteurs d’armes à feu souffrent de paranoïa agressive envers tout ce qui provient d’Hollywood ou du gouvernement fédéral. Traditionnellement isolés, les habitants du Montana valorisent le dur labeur, l’autodétermination et supportent mal de se sentir insultés par ces progressistes des grandes villes avec leurs belles idées.

Même dans le meilleur des cas, les gens de chez moi n’auraient sans doute jamais voté pour Obama. Mais ce dernier n’arrangea guère son cas lorsqu’il fut enregistré, à son insu, avant l’élection présidentielle de 2008, en train de disserter sur l’Amérique rurale qui, grande oubliée de la nouvelle économie globale, se raccrochait soi-disant à ses flingues et à sa Bible, à son antipathie chronique envers tout ce qui venait d’ailleurs, et noyait sa frustration dans le refus de l’immigration et du libre-échange.…  Seguir leyendo »

Je viens d’une région très conservatrice des Etats-Unis, un endroit où des poches de chrétiens détenteurs d’armes à feu souffrent de paranoïa agressive envers tout ce qui provient d’Hollywood ou du gouvernement fédéral. Traditionnellement isolés, les habitants du Montana valorisent le dur labeur, l’autodétermination et supportent mal de se sentir insultés par ces progressistes des grandes villes avec leurs belles idées.

Même dans le meilleur des cas, les gens de chez moi n’auraient sans doute jamais voté pour Obama. Mais ce dernier n’arrangea guère son cas lorsqu’il fut enregistré, à son insu, avant l’élection présidentielle de 2008, en train de disserter sur l’Amérique rurale qui, grande oubliée de la nouvelle économie globale, se raccrochait soi-disant à ses flingues et à sa Bible, à son antipathie chronique envers tout ce qui venait d’ailleurs, et noyait sa frustration dans le refus de l’immigration et du libre-échange.…  Seguir leyendo »

Le président Barack Obama lors de>son discours appelant à un «nouveau départ entre les Etats-Unis et le monde musulman», à l’université du Caire (Egypte), le 4 juin 2009. Photo Pete Souza. The White House

Le lendemain de l’élection présidentielle américaine de 2008, je m’éveillai d’humeur jubilante, avec une vieille chanson qui me résonnait dans la tête. Sortie en 1964, Dancing in the Street, chantée par Martha Reeves et The Vandellas, fut adoptée en tant qu’hymne du mouvement des droits civiques. Je n’avais que 9 ans, mais je me souviens des événements du Freedom Summer, quand The Student Non-Violent Coordinating Committee [SNCC, le comité étudiant de coordination non violente] entreprit d’inscrire le plus grand nombre possible de citoyens noirs sur les listes électorales du Mississippi, où ils avaient été systématiquement privés du droit de vote. Je me souviens de la découverte des corps de trois défenseurs des droits civiques, James Chaney, Andrew Goodman et Mickey Schwerner, brutalement assassinés.…  Seguir leyendo »

Lorsque le président Obama a été élu - un soir de novembre 2008 -, je suis sorti sur mon balcon, chez moi à Los Angeles, et j’ai fait quelque chose de très bête. J’ai poussé un grand cri qui reprenait le slogan de la campagne d’Obama : «Yes we can !» Après huit ans de la présidence de George W. Bush, après les guerres d’Irak et d’Afghanistan, l’idée que le peuple des Etats-Unis d’Amérique puisse élire un Noir comme président du pays avait quelque chose de merveilleux. En tant que personne de couleur, j’éprouvais un immense sentiment de soulagement et de prouesse accomplie.…  Seguir leyendo »

Obama s’incline devant Jacob Philadelphia, 5 ans, qui voulait lui toucher les cheveux. Photo Pete Souza. The White House

Je ne passais pas un bon été, l’année où un sénateur jusqu’ici largement inconnu, nommé Barack Obama, monta sur scène pour prononcer le discours d’ouverture de la convention nationale démocrate. J’avais quitté l’université depuis quelques années et ne savais pas encore bien quoi faire de ma vie ; mes recherches d’emploi n’aboutissaient pas, et je vivais dans une chambre tellement étriquée que je parvenais à toucher ses deux murs opposés rien qu’en tendant les bras. Ce fut dans cette chambre, en cette soirée de juillet 2004, que j’ai regardé ce jeune homme noir s’avancer vers le podium, cet homme qui frappait dans ses mains et saluait la foule, en musique, sous les hourras de milliers de gens au-dessus desquels flottait le nom «Obama».…  Seguir leyendo »

Barack Obama et sa propre figurine, à la Maison Blanche, en mai 2014. Photo Pete Souza. The White house.

J’ai du mal à me faire à l’idée que les années Obama touchent à leur fin en Amérique et dans le monde. Elles sont passées si vite. En partie, parce que la droite dure américaine - raciste - n’a rien épargné huit ans durant pour nous persuader qu’il n’y avait pas de présidence Obama ; que nous n’allions pas tarder à nous réveiller de cette aberration, et qu’on verrait alors le retour du vrai gouvernement et de la vraie Amérique - celle où le président ne saurait être que blanc -, avec les éternelles assurances politiques et la même distribution des rôles, imperturbablement.…  Seguir leyendo »

Mes années Obama ont été, et sont encore, mes années Serena Williams - presque deux décennies qui m’ont fait bondir, hurler dans mon salon, incrédule face à l’ampleur du phénomène auquel j’assistais, jusqu’à pleurer, la tête entre les mains, sonnée par la surprise. Pardonnez l’ancienne athlète professionnelle que je suis de rapprocher ainsi les mondes du sport et de la politique. Mais dans ce cas précis, à mes yeux, ils sont liés, et ce lien me raconte quelque chose.

2008, l’année où l’espoir tenait tout entier dans la possibilité d’une présidence de Barack Obama, a aussi été l’année où Serena Williams a jailli des cendres de sa propre carrière, démentant toutes les rumeurs cruelles - et je dis bien cruelles - sur son manque d’investissement, d’enthousiasme ou de sérieux dans le tennis professionnel.…  Seguir leyendo »

Les Obama et leurs filles, Sasha et Malia, lors de la retransmission de la finale de la Coupe du monde féminine de football entre les Etats-Unis et le Japon, à la Maison Blanche, le 17 juillet 2011. Photo Pete Souza. The White House.

En se lançant dans la course à la présidence, Barack Obama ne se doutait pas que l’économie s’effondrerait avant la fin du scrutin, ou que, victorieux dans sa campagne contre John McCain, il arriverait au pouvoir en pleine saignée de l’emploi, avec 800 000 nouveaux chômeurs par mois. Depuis l’arrivée de ce jeune et dynamique sénateur métis de l’Illinois dans le paysage politique, ses admirateurs l’avaient investi de pouvoirs divins. Tous les espoirs reposaient sur lui. Le soir de son élection, lorsqu’il apparut sur la scène du Millennium Park de Chicago, il était inutile d’être américain pour ressentir la magie du moment, une confirmation des principes démocratiques ayant permis, dans un pays où l’esclavage avait autrefois prospéré, à un homme noir de devenir son chef.…  Seguir leyendo »