Explosion démographique

Décharge publique. Assam, 5 mai 2017. © AP Photo/Anupam Nath
Décharge publique. Assam, 5 mai 2017. © AP Photo/Anupam Nath

Nous sommes habitués à lire des chiffres impressionnants concernant l’évolution démographique.

Certes, il y a quelques exceptions comme la Russie et le Japon. Pour les Nippons, la baisse de la population est sensible. Le 5e pays le plus peuplé en 1950 est devenu le 10e aujourd’hui, et sera le 17e dans une génération. Malgré le troublant constat de ce recul, le pays se refuse à toute immigration…

Mais rappelons quelques faits:

• Les rendements agricoles sont certes en progrès constant. Mais on ne peut pas agrandir les surfaces à disposition indéfiniment.

• Les mers ne pourront guère fournir plus de poissons.

• Les rendements des troupeaux de bœufs sont discutés.

• L’explosion démographique n’a pas que des conséquences alimentaires, mais de scolarisation, d’installations sanitaires et médicales, etc., qui appauvrissent, augmentent la morbidité dans des pays sans aucune sécurité sociale.

• On imaginait que les famines étaient en régression. En survient une massive au Soudan, où plus de 5 millions de personnes seraient menacées de mort. Et autour du lac Tchad, où 7 millions d’individus souffrent gravement de la faim.

On souhaite pour l’Afrique un décollage vers la prospérité. Certes une petite classe moyenne émerge. Et, par exemple, l’usage répandu des mobiles permet certains progrès, comme des gains de temps, perdus en administration, en déplacement, les paiements par téléphone se répandent, etc.

Mais cela suffira-t-il à rattraper les problèmes engendrés par l’augmentation fulgurante de la population? Le continent abrite maintenant 1 milliard d’individus, ce sera 2 milliards dans moins de trente ans!

Que peut-on faire, docteur?

Les progrès de la médecine n’y sont pas pour rien, en faisant s’écrouler en particulier la mortalité infantile. Mais surtout, les fameux taux de fécondité restent incroyables. Les femmes, en moyenne, ont 5,5 enfants au Nigeria, plus de 6 au Mali, et 7,6 au Niger! Pour le meilleur des gouvernements, et ce n'est pas peu dire qu’ils ne sont pas terribles, accapareurs plutôt que redistributeurs, il est évidemment impossible de suivre un tel rythme.

La contraception ne franchit pas vraiment les barrières culturelles. Prenons encore l’Egypte. Elle était sous-peuplée en 1800 avec 4 millions d’habitants. Ils sont désormais à plus 92 millions! Pour une même petite plaine du Nil incapable de nourrir tout ce monde.

Le problème ne s’arrête évidemment pas à l’Afrique. Le Pakistan, comme le rappelle Courrier international, se retrouve non seulement avec l’arme nucléaire mais aussi avec une bombe démographique, et un véritable manque d’espace physique. Là aussi les chiffres sont effrayants: 27 millions d’habitants en 1947 et 200 millions en 2017. Il s’agit d’une multiplication par deux tous les vingt-cinq ans environ. Cela fera prochainement 400 millions de Pakistanais! Comme le dit l’article de Pervez Hoodbhoy, «dans 100 ans, ce nombre avoisinera celui de la population mondiale actuelle, soit 7 milliards».

Aujourd’hui, ce qui nous préoccupe, au Pakistan et ailleurs, et à raison, c’est le terrorisme. Cela masque encore plus sérieusement les questions démographiques, qui avec la répartition des disponibilités en eau sur un nombre colossal d’individus, avec des problèmes d’alimentation, de pollution, rendront la survie inévitablement ingérable sur une grande partie du globe. Le voisin du Pakistan, l’Inde, n’est pas en reste, bientôt 1,3 milliard d’habitants avec des ressources qui ne progressent pas dans la même proportion que la population. Je reviens de l’Assam, à l’est du Bangladesh. Aujourd’hui déjà, les conditions de survie y sont lamentables.

Que peut-on faire, docteur? Au moins, pour commencer, ne pas se voiler la face et prendre ce phénomène comme le problème numéro un de notre futur.

Pierre-Marcel Favre, éditeur.

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