Face au virus, l’appui aux PME des pays émergents est incontournable

Magasin d’alimentation. Soweto, Afrique du Sud, février 2016. — © Siphiwe SIbeko/Reuters
Magasin d’alimentation. Soweto, Afrique du Sud, février 2016. — © Siphiwe SIbeko/Reuters

Au milieu de cette crise singulière, dont on ne connaît pas la durée, les enjeux et les solutions se trouvent également dans les économies émergentes. Les petites et moyennes entreprises (PME) des pays émergents ont un besoin urgent de liquidité financière. Faute de quoi, un grand nombre d’emplois disparaîtront et une part importante de la population retombera en dessous du seuil de pauvreté.

Même avant la pandémie, des études ont montré la nécessité de créer chaque année 20 millions de nouveaux postes de travail en Afrique subsaharienne pour accompagner la croissance de la population, qui devrait passer de 1 milliard de personnes aujourd’hui à 1,7 milliard d’ici à 2040. Si nous n’agissons pas maintenant, le continent africain entrera dans une spirale négative provoquée par le manque de liquidité dans le système bancaire et un endettement public important, exacerbée par les dépréciations des monnaies locales, limitant la capacité des gouvernements à utiliser les recettes publiques pour aider leurs entreprises.

Soutien à 830 000 emplois

Le soutien des PME dans les pays en développement et émergents – grâce à des investissements à long terme et au transfert de savoir-faire – est précisément au cœur de l’activité de Swiss Investment Fund for Emerging Markets (Sifem), la Société financière de développement de la Confédération. Ces investissements sont effectués avec un objectif de soutenabilité financière et un objectif d’impact de développement, complétant ainsi les autres instruments de la coopération économique au développement de la Confédération, mis en œuvre par le Seco et la DDC. Depuis 2005, Sifem a ainsi contribué à créer plus de 830 000 emplois par le biais de financements à des PME commercialement viables, dans des secteurs aussi variés que l’agriculture, les énergies renouvelables, les biens de consommation et la microfinance. Sifem a investi également dans le secteur de la santé, s’assurant que les services offerts sont aussi accessibles à des personnes à bas revenu.

Plusieurs des entreprises du portefeuille de Sifem sont durement touchées par la crise actuelle. Les mesures de confinement et l’arrêt pur et simple des activités économiques les affectent directement. En Suisse également, de nombreux secteurs de l’économie sont fortement frappés. Cependant, notre situation macroéconomique favorable ouvre des possibilités d’action importantes. Le Conseil fédéral a pu proposer rapidement une batterie de mesures de soutien aux entreprises et à l’industrie visant à atténuer les effets d’une baisse temporaire de l’activité et à préserver les emplois. Il a raison. Il est en effet opportun d’intervenir le plus vite possible pour préserver les emplois existants plutôt que de laisser disparaître des pans entiers de l’économie.

Dans l’intérêt de la Suisse

Les défis sont similaires dans les pays en développement, mais la capacité d’action des pouvoirs publics est limitée. Tous les acteurs multilatéraux et bilatéraux actifs sous une forme ou une autre dans la coopération au développement doivent agir de concert pour permettre aux entreprises des pays en développement de survivre durablement à la crise. Dans ce contexte, la mise à disposition de capitaux à court, moyen et long terme est essentielle aux PME d’Afrique, mais également d’Amérique latine et d’Asie, pour préserver le tissu économique et social qu’elles ont activement participé à construire.

Sifem, qui devra absorber dans son bilan toute mesure visant à soulager les conditions de remboursement des entreprises dans son portefeuille, aidera les PME à surmonter la crise actuelle car leur survie est essentielle à la stabilité économique et sociale de leur pays. Il y va également de l’intérêt de la Suisse dans un monde qui est et restera interdépendant.

Jörg Frieden, président du conseil d’administration de SIFEM (Swiss Investment Fund for Emerging Markets) et ancien ambassadeur suisse.

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