Faut-il se résigner à la catastrophe climatique annoncée?

Une personne s'est réfugiée sur son toit après le passage du typhon Mangkhut. Philippines, septembre 2018. © AP
Une personne s'est réfugiée sur son toit après le passage du typhon Mangkhut. Philippines, septembre 2018. © AP

En 2017, les émissions planétaires de gaz à effet de serre ont augmenté de 2%! Après trois années de stagnation, la croissance de la consommation des énergies fossiles a repris son cours ascendant. Plus grave encore, la consommation de charbon (le pire ennemi du climat) est en hausse.

A ce rythme, le réchauffement devrait atteindre 4 °C à la fin du siècle avec des conséquences réellement catastrophiques. Les effets des changements climatiques, bien qu’au cours du XXe siècle la température ne se soit élevée que de 0,6 degré, sont de plus en plus perceptibles. Sous nos latitudes, les événements climatiques dits extrêmes se multiplient; le recul des glaciers s’accélère et chaque été des étendues considérables de forêts partent en fumée. Les inondations se produisent régulièrement dans certaines régions.

Sous les tropiques, les cyclones de plus en plus dévastateurs ravagent les régions côtières. Le processus de déforestation est loin d’être endigué. En 2017, la perte des surfaces arborées a atteint 294 000 kilomètres carrés, soit l’équivalent d’un terrain de football perdu chaque seconde. Sur tous les continents les déserts gagnent du terrain. La capacité d’absorption terrestre du CO2 diminue d’autant et le CO2 qui n’est pas absorbé par les sols, la biosphère et les océans part dans l’atmosphère.

Motifs d’optimisme

Faut-il déduire de cette avalanche de mauvaises nouvelles que nous allons droit dans le mur sans réagir, un point de vue très partagé sur les réseaux sociaux? Sommes-nous vraiment en train d’assister en spectateurs informés, résignés et fascinés à la catastrophe annoncée?

La réalité est peu plus complexe et le jugement doit être nuancé; il y a aujourd’hui autant de raisons d’espérer que de désespérer. Rappelons tout d’abord que l’entrée en vigueur effective de l’accord de Paris intervient en 2020. C’est alors seulement que l’on pourra juger de la détermination des Etats signataires à le respecter.

Au début, les progrès seront forcément lents. Les réalités démographiques et économiques ne peuvent être ignorées. La population mondiale continue à croître d’un peu plus de 1% par année et l’essentiel de cette augmentation s’opère dans des pays en développement dont la croissance économique est forte. Pour une dizaine d’années au moins, leur développement générera un accroissement de la consommation d’énergies fossiles. L’essor fulgurant des énergies renouvelables (+23% en 2017) est un autre motif d’optimisme. Les efforts soutenus de la Chine et l’Inde (les deux mastodontes démographiques) en faveur du solaire et de l’éolien devraient porter leurs fruits au cours de la prochaine décennie.

Là, il y a du souci à se faire

Un autre facteur doit être pris en compte: le délai relativement long qui s’écoule entre l’entrée en vigueur d’une norme et ses effets sur la consommation d’énergie. Pour les véhicules automobiles (Euro6c par exemple) il faut compter dix ou quinze ans (le temps de renouveler la quasi-totalité du parc) pour que le potentiel d’économie d’énergie soit entièrement réalisé. Le délai est évidemment encore plus long dans le domaine de l’isolation des bâtiments.

Voici donc quelques raisons de prendre patience. Mais les sujets d’inquiétude ne manquent pas non plus. Le plus préoccupant est le manque de détermination des gouvernements des pays développés. Pour éviter le scénario catastrophe, ces derniers doivent impérativement réduire leur consommation d’énergies fossiles. Or, les lobbies pétroliers et charbonniers défendent farouchement leurs intérêts et disposent pour cela de ressources illimitées. Jusqu’ici, ils ont fait reculer les ardents défenseurs de l’accord de Paris, que ce soit Emmanuel Macron, Justin Trudeau ou Angela Merkel.

La montée de l’extrême droite nationaliste est un autre facteur d’inquiétude. Ces mouvements rejettent toute mesure concrète pour réduire les émissions de CO2 en arguant tantôt des intérêts de l’économie et du respect de la liberté individuelle, tantôt des surcoûts pour le consommateur. Et là, oui, il y a vraiment du souci à se faire.

David Hiler

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