Il faut créer un tribunal international pour juger les crimes commis sur les enfants

Les chiffres des organisations internationales pour la protection de l’enfance et les travaux de recherches en sciences humaines et sociales portant sur la situation des enfants parlent d’eux-mêmes. Selon le dernier rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), si rien n’est fait aujourd’hui pour lutter contre l’inégalité dans le monde, 167 millions d’enfants vivront dans l’extrême pauvreté en 2030, 69 millions d’enfants de moins de 5 ans décéderont entre 2016 et 2030 et 60 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire ne seront pas scolarisés.

D’autres réalités vécues par les enfants dans le monde, dont il est difficile d’apporter une évaluation chiffrée, sont tout autant préoccupantes. Néanmoins, on estime, par exemple qu’en Inde, il y a 80 000 enfants qui disparaissent, chaque année. Comme le montre le film Lion, réalisé par Garth Davis et sorti fin février au cinéma, la condition des enfants des rues en Inde laissés à l’abandon laisse la porte ouverte aux pires crimes qui puissent être commis sur des enfants, sans que les auteurs puissent en être jugés.

Risques d’enlèvements, de maltraitances, et de viols

Quelles sont les chances de survie pour ces enfants dans le monde ? Malheureusement, ces chances sont minces et sont le résultat de l’inaction des politiques de protection sociale et familiale, dont il faut assumer, aujourd’hui, les conséquences. Il existe un travail formidable des organisations internationales d’aide aux enfants dans le monde, mais il n’y a encore aucun tribunal international pour juger les crimes commis sur les enfants.

La crise des réfugiés et des migrants que l’Europe a connue et connaît toujours, a fait énormément de victimes. Les premières victimes sont les enfants. Nous avons tous en tête l’image du petit Aylan, trois ans, échoué sur la plage. Europol dénombrait en 2016 plus de 10 000 enfants migrants disparus.

Ce que nous voyons moins, ce sont les risques d’enlèvements, d’exploitations, de maltraitances, et de viols, que peuvent rencontrer ces enfants, sur le chemin. Quand on connaît ces risques, il faut s’imaginer l’horreur que ces familles fuient, au départ. Mais l’arrivée dans le pays d’accueil est un parcours du combattant pour ces enfants, qui n’ont pas accès aux soins de santé, ni même à une scolarité sereine.

C’est ainsi que la petite Léonarda fut interpellée lors d’une sortie scolaire et expulsée avec sa famille. Les pays européens ont le pouvoir de changer la situation des enfants en Europe. Ils n’ont à répondre qu’à une seule question : quel est l’intérêt supérieur de ces enfants ? Il est de protéger les enfants réfugiés des enlèvements et des disparitions, de ne pas séparer les familles, et enfin de donner un accès à l’éducation et à la santé.

Droit des enfants et droit des étrangers

Par ailleurs, il est primordial de permettre un accès à l’information des droits (recours juridiques et soutien juridique) en mettant en place un co-travail entre avocats garantissant le droit des enfants et ceux garantissant le droit des étrangers.

C’est dans le cadre de grands textes de lois et de grandes conventions, que sont nés les droits de l’enfant. De nombreux Etats ont signé mais pas toujours ratifiés ces textes. Il manque à l’appel le Soudan du Sud, la Palestine, la Somalie, et les Etats-Unis. La Déclaration des droits de l’enfant de 1958 et la Convention relative aux Droits de l’enfant en 1989 énoncent des principes garantissant l’intérêt supérieur de l’enfant, qui pourtant, font consensus.

Se doter d’un outil juridique contraignant qui fasse réellement respecter ces lois et qui permet de faire entendre les expressions des enfants, partout dans le monde, apparaît comme la prochaine étape inéluctable, pour l’avenir de ces enfants. Il existe trop de tabous (les enfants face à la guerre, les enfants victimes de maltraitance, le travail des enfants, les trafics d’enfants) et le problème de la reconnaissance de la parole de l’enfant en fait largement partie.

Pourquoi s’accorder sur l’opportunité de la création d’un tribunal international pour juger les crimes commis sur les enfants ? Parce que dénoncer ces crimes, les nommer, et les sanctionner, cela peut sauver des vies. Mais c’est aussi, peut-être, à une plus grande échelle, mobiliser le monde sur ce qu’il souhaite comme avenir pour ses enfants et lui apporter d’autres réponses possibles.

Hélène Moon-Hee Laffitte, doctorante sur l’histoire de l’adoption à l’université d’Angers and présidente de Racines Coréennes, association française des adoptés d’origine coréenne.

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