Il faut minimiser les dommages dus au Brexit

A un moment délicat en France et en Irlande, le président François Hollande devait être à Dublin le jeudi 21 juillet pour des consultations à haut niveau. Le président français rencontrera le président, Michael Higgins, et le premier ministre irlandais, Enda Kenny. Le résultat du récent référendum sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne est regrettable et pose de graves difficultés à l’Union européenne et au Royaume-Uni. Le gouvernement irlandais respecte pleinement la décision du peuple britannique. Mais en Irlande, notre avenir est dans l’Union européenne !

Les Irlandais ont toujours été parmi ceux qui ont adopté une attitude la plus positive à l’égard de l’Union européenne et ceci avec raison. Après plus d’un siècle de sous-développement, l’Irlande a bénéficié, grâce à l’Union européenne, d’un espace pour se développer économiquement et socialement. Etre membre nous a donné accès au plus grand marché unique dans le monde et, plus important encore, a donné la possibilité à l’Irlande d’avoir son mot à dire sur les règles qui régissent ce marché. Etre membre nous a permis de diversifier nos échanges commerciaux et de construire une économie moderne fondée sur la connaissance, offrant des emplois à une main-d’œuvre mieux formée et plus prospère. Etre membre a permis à l’Irlande de jouer dans la cour des grands sur la scène internationale grâce à sa capacité d’exercer une influence sur la politique étrangère de l’UE. Elle a également créé un espace pour construire une société plus égalitaire.

Au cours des quarante dernières années, l’Irlande a connu des difficultés, bien entendu, et son adhésion à l’Union européenne n’est pas la panacée. Nous n’avons pas été immunisés contre les répercussions plus larges de l’économie mondiale, et l’Union européenne ne nous a pas mis à l’abri des effets négatifs de la crise économique récente. Cependant, il est difficile d’imaginer comment l’Irlande aurait pu émerger si rapidement de cette crise ou aurait pu atteindre son niveau actuel de prospérité si elle n’avait pas été dans l’Union européenne.

La progression constante de la croissance de l’Union européenne représente un intérêt vital sur le plan national. La sauvegarde de cet intérêt national vital sera au cœur de notre approche dans les prochaines négociations entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Trouver un équilibre sera délicat. D’une part, il est dans l’intérêt de tous les Etats membres que le Royaume-Uni maintienne des liens aussi proches que possible avec l’UE. Notre prospérité est liée à la leur. La pierre angulaire des bonnes relations pour l’avenir réside dans la conviction que les Britanniques auront que l’UE aura traité avec transparence et équité le Royaume-Uni. D’autre part, tout accord conclu entre le Royaume-Uni et l’UE sur leurs relations doit reposer sur le juste équilibre des droits et des devoirs.

Une force pour la croissance et la paix

L’Irlande, membre de l’équipe de négociation de l’Union européenne, jouera un rôle actif dans la définition de la démarche de l’UE. Tous les Etats membres auront de nombreux points en commun ; cependant, la forte activité de nos relations commerciales donne à l’Irlande un intérêt particulier. Mais l’Irlande a ses points propres qui lui tiennent à cœur et qui devront être abordés dans le cadre de cette approche commune.

Premièrement, l’Union européenne a joué un rôle essentiel pour soutenir l’évolution constante du processus de paix en Irlande du Nord. Bien que le financement européen ait été vital, partager une identité commune comme citoyens européens a permis aux unionistes et aux nationalistes en Irlande du Nord de trouver un espace plus large pour accommoder leurs différences historiques, culturelles, politiques et constitutionnelles.

En Irlande, nous avons maintenant, pour la première fois depuis des siècles, une paix durable et équitable sur toute l’île. La frontière entre le Nord et le Sud est désormais presque invisible. 30 000 personnes la passent chaque jour pour travailler, mener des activités commerciales et nouer des contacts personnels, et le font sans entraves et souvent sans s’en rendre compte. Ceci est très différent de la frontière que beaucoup d’entre nous ont encore en mémoire, avec des postes douaniers et de contrôle engendrant des divisions dans les territoires et entre les populations. La restauration d’une frontière sur l’île serait une régression. La nouvelle relation entre l’UE et le Royaume-Uni doit se poursuivre afin de soutenir et maintenir une paix durable dans toute l’île.

Deuxièmement, les liens entre l’Irlande et le Royaume-Uni sont nombreux et forts. Nous partageons une langue commune, une tradition juridique commune et une zone commune de circulation. Il est important que toutes les nouvelles dispositions qui seront prises entre l’UE et le Royaume-Uni prennent en compte la nécessité et la valeur de ces liens.

Lors des futures négociations, il est important que l’Union européenne poursuive sa propre progression. Les négociations entre l’UE et le Royaume-Uni seront importantes, mais elles ne devront pas traîner en longueur. L’Union européenne dans le monde continuera d’être aussi importante dans les années à venir qu’elle l’a été au cours de ces six dernières décennies, parce qu’elle est une force pour la croissance et la paix aussi bien en Europe que dans le monde. En exploitant son plein potentiel, l’UE peut minimiser les dommages causés par la sortie du Royaume-Uni et être le pivot autour duquel nous pouvons tous bâtir notre évolution future. L’Irlande veillera à jouer un rôle dans ce sens.

Par Charles Flanagan, ministre irlandais des Affaires étrangères et du Commerce extérieur.

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