Israël en première ligne face au jihadisme

Ce texte est extrait d'une lettre envoyée à Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères.

La situation à Gaza est une tragédie. Des femmes et des enfants ont été tués, et c’est à chaque fois un drame humain. Le 19 août, les représentants du Hamas ont une nouvelle fois rompu le cessez-le-feu, relançant leurs attaques de roquettes en cherchant à faire le plus de victimes possibles en Israël, mais aussi au sein de la population civile palestinienne qu’ils utilisent comme bouclier humain.

Ce qui se passe dans cette région est de première importance pour la France. Il s’agit non seulement des enjeux géopolitiques, mais aussi de la sécurité de nos compatriotes. Or, la France n’a pas établi de position claire relative au conflit. La diplomatie que vous dirigez exprime, tour à tour, une chose puis son contraire. Elle semble davantage guidée par le politiquement correct que par une vision stratégique, alors que nos soldats combattent au Sahel des jihadistes dont l’idéologie islamiste est très proche de celle du Hamas. Les dissonances entre le président de la République, le Premier ministre et vous-même n’ont échappé à personne. Ces atermoiements rendent difficilement lisible la politique de la France et participent à son affaiblissement. En tant que député de la République, je ne peux que le regretter.

Ainsi, le 9 juillet, le président de la République a exprimé la «solidarité de la France avec Israël face aux tirs de roquettes en provenance de Gaza», affirmant dans un communiqué «qu’il appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces». Mais il a suffi de quelques défilés d’antisionistes qui ne prennent même plus la peine de masquer leur antisémitisme, suivis de quelques critiques provenant principalement de la gauche de la gauche, pour que la France change son fusil d’épaule et critique Israël, nation en état de légitime défense.

Vous avez parlé de «massacres» perpétrés par Tsahal. Au lieu d’apaiser, vous jetez de l’huile sur le feu. Mohamed Merah ne justifiait-il pas son crime par la «vengeance» des prétendus «massacres» d’enfants palestiniens par les Israéliens ? Qui sont les responsables de cette tragédie ? Ceux qui attaquent les populations civiles en se cachant dans des écoles, des mosquées ou des hôpitaux à Gaza, ou ceux qui se défendent en prenant des précautions afin d’éviter les morts de civils ? Vous parlez aussi de disproportion : oubliez-vous que, sans le «Dôme de fer», les 2 500 roquettes et missiles tirés par le Hamas auraient fait des centaines, voire des milliers de morts ? La réaction d’Israël aurait-elle été, selon vous, plus proportionnée ? Et on ne peut pas, comme vous le faites, renvoyer dos à dos un Etat démocratique et le Hamas, qui figure sur la liste de l’UE des organisations terroristes.

Le Premier ministre Nétanyahou a pour seul but l’arrêt des attaques contre sa population civile. Lorsqu’une guerre se déroule dans une zone urbaine aussi densément peuplée que Gaza, il est hélas inéluctable que des civils soient touchés. Rappelons-nous les 2 500 civils tués par l’Otan au Kosovo lors des bombardements de 1999, ou les 20 000 civils tués lors de la bataille de Normandie en 1944. Tsahal met tout en œuvre pour minimiser les pertes civiles.

Il existe une autre raison pour laquelle vos condamnations d’Israël sont inacceptables, et c’est là mon point principal : Israël est en première ligne de la guerre mondiale contre le jihadisme. Car depuis le retrait, jusqu’au dernier mètre carré, de la bande de Gaza en 2005, il n’y existe plus le moindre contentieux territorial. Le Hamas ne veut pas d’un Etat à côté d’Israël, mais à la place d’Israël. Ce mouvement - dont la charte prône toujours la destruction d’Israël - mène au XXIe siècle une guerre de religion, qui s’insère dans une lame de fond qui emporte une partie du monde, depuis la Syrie jusqu’en Irak, et même en Afrique, en Libye, au Nigeria, au Kenya, en Somalie… Non, Monsieur le ministre, le conflit israélo-palestinien n’est en rien le «père de tous les conflits» comme vous le déclariez ! Partout, les fondamentalistes islamistes refusent l’autre, qu’il soit juif, chrétien, athée ou musulman modéré. L’ennemi jihadiste qui attaque Israël, c’est fondamentalement le même que celui qui enlève des jeunes filles chrétiennes au Nigeria, ou que celui qui lapide des homosexuels en Somalie. C’est le même que celui qui pratique l’excision des femmes en Irak, et qui force les chrétiens et les yézidis à abjurer leur foi ou à perdre la vie, ou qui égorge nos journalistes comme des animaux…

Cette vague arrive au cœur de l’Europe, comme ce fut le cas à Toulouse et à Bruxelles, ou lors des attentats de Madrid et de Londres. Dans ce combat de la liberté contre l’obscurantisme, Israël, seule démocratie au Moyen-Orient, fait face aux fanatiques qui ensanglantent le monde. Face au terrorisme, la France ne peut pas avoir de politique à géométrie variable. C’est pourquoi, au nom des 150 000 Français d’Israël, j’en appelle au président de la République, au Premier ministre et à vous-même, mais aussi aux dirigeants de l’opposition, dont certains font des amalgames douteux, pour que la France se place sans réserve du côté de la démocratie.

Meyer Habib, Député des Français de l’étranger.

Deja una respuesta

Tu dirección de correo electrónico no será publicada. Los campos obligatorios están marcados con *