La blockchain doit permettre de faire émerger les talents sportifs de demain

Difficile d’imaginer que Lionel Messi, Antoine Griezmann, ou même Michael Jordan ont failli ne jamais devenir sportifs professionnels ? Pourquoi ? Parce que, plus jeunes, ils ne répondaient pas aux critères physiques stéréotypés recherchés par les « scouts » [des recruteurs]. Heureusement, ils ont persévéré, ils se sont battus et ils ont fini par rencontrer des recruteurs qui ont su détecter leur talent et leur ont donné leur chance. Mais pour un Messi ou un Jordan, combien de jeunes athlètes passent à côté de leur destin ?

Non pas parce qu’ils n’ont pas le talent, mais parce qu’ils ne sont pas dans le radar des recruteurs, parce qu’ils sont en dehors des filières classiques. Parce qu’autour d’eux aucune porte ne s’est ouverte. Cruel, c’est pourtant la réalité. La faute à un système de détection souvent subjectif, trop centralisé, avec de fortes inégalités financières entre les fédérations sportives. Résultat : certains sportifs sont parfois obligés de s’expatrier dès leur plus jeune âge pour avoir une chance d’être repérés.

Mais tout le monde ne peut pas compter sur le soutien – financier et moral – de sa famille et nombre d’entre eux, quel que soit leur niveau, n’ont d’autre choix que d’abandonner. Distinguer des talents sportifs à l’heure actuelle pose un réel problème d’ubiquité ! En effet, rien qu’en France on compte plus de neuf millions de licenciés tous sports confondus et près de 85 millions de sportifs amateurs – certains pratiquant plusieurs disciplines. Cela ne laisse aucun doute sur l’ampleur des pépites à découvrir à l’échelle mondiale. Et l’impossibilité de suivre toutes les rencontres officielles organisées chaque week-end, et ce quel que soit le sport, quel que soit l’endroit.

Pour la détection des talents

Comment émerger aux yeux des recruteurs si vous n’avez pas la chance d’être au bon endroit au bon moment… et en bonne condition physique ? Si vous ne parvenez pas à faire la différence le jour J, votre chance se représentera rarement une seconde fois. Un peu de stress, une légère blessure peuvent faire voler en éclats les rêves de jeunes pleins de promesses ! Et que dire des opportunités de détection dès lors que l’on s’éloigne des pays occidentaux pour s’intéresser aux talents africains ou sud-américains, deux continents sur lesquels le sport est un levier d’émancipation ?

Cette expérience, je l’ai vécue moi-même lors d’un séjour à Abidjan. Au hasard d’un footing, je suis tombé sur un groupe de jeunes footballeurs qui, sandales aux pieds, jouaient sur un terrain qui ressemblait plus à un à champ de patates qu’au Parc des Princes. Je me suis joint à eux, j’ai monté une équipe, organisé un petit match. Résultat, on a perdu 10-0 ! Dans l’équipe d’en face, un jeune joueur avait marqué huit buts à lui seul… sans pour autant n’avoir jamais mis un pied dans un club.

Un talent à l’état brut qui ne sera probablement jamais détecté faute de visibilité. En ce sens, les nouvelles technologies peuvent pallier les lacunes du système actuel et apporter une réponse efficace en décentralisant la détection des talents à travers un principe démocratique et méritocratique : plus il y aura de détecteurs potentiels capables de repérer un « vrai » talent, plus celui-ci aura d’audience et plus il aura de chances d’en devenir véritablement un.

Fédérer une communauté

Mais là aussi difficile de sortir de la masse lorsque l’on sait que plus de 600 000 heures de vidéos sont téléchargées sur YouTube chaque jour et qu’Instagram compte déjà plus d’un milliard d’utilisateurs dans le monde. C’est là que la blockchain peut entrer en jeu. Comment ? En proposant les moyens techniques de suivre les talents depuis la rue ou le terrain du quartier jusqu’au centre de formation et même leur club professionnel. Un dosage réseaux sociaux – blockchain qui place la technologie au service de l’humain, crée de la valeur et favorise l’égalité des chances grâce à cinq axes : la transparence, la traçabilité, la redistribution de valeurs, l’alignement des intérêts et la désintermédiation.

Des valeurs totalement en phase avec le monde du sport… mais galvaudées ces dernières années, en raison des nombreux scandales de corruption et de dopage. Il y a donc urgence à replacer les sportifs, les entraîneurs et les fans au centre des processus de détection. Les réseaux sociaux prennent ici tout leur sens en passant d’une vision narcissique à une approche holistique, en revêtant un rôle de révélateur de talents et de levier de méritocratie.

Imaginez que demain chaque sportif aux quatre coins de la planète puisse se défier à distance, quels que soient ses moyens, sa localisation, son âge, sa taille. Imaginez que vous soyez celui ou celle qui lui aura permis d’être repéré et de faire grandir son talent. Imaginez que vous soyez vous aussi récompensé pour votre participation… Voilà ce que permet l’alliance de la blockchain et du numérique dans le domaine sportif. Le meilleur des trois mondes réuni au sein d’un réseau social thématique et démocratique, capable de fédérer une communauté engagée autour d’un objectif commun : faire émerger les talents sportifs de demain.

A l’heure où les champions continuent plus que jamais de déplacer les foules, de faire rêver le plus grand nombre dans les stades mais aussi en dehors, le monde du sport a besoin d’un nouvel élan pour réconcilier éthique et business à l’image d’un Colin Kaepernick, joueur de foot américain qui a perdu sa place sur le terrain du fait de son engagement en faveur des droits civiques, mais qui est devenu le nouvel ambassadeur de Nike et un modèle pour la jeunesse. Et si la blockchain et les réseaux sociaux stimulaient ce nouvel élan ?

Latif Adeothy est fondateur de WeSportUs, une plate-forme numérique internationale qui met en relation des athlètes, des entraîneurs et des fans.

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