La Chine va s’affirmer sur le marché de l’armement des pays en voie de développement

Selon le Stockholm International Peace Research Institute, la Chine a été, sur la période 2011-2015, le deuxième client des producteurs d’armement russes et français. Mais elle occupe aussi la 3e place des exportateurs mondiaux d’armement avec 5,9 % du marché mondial, derrière les Etats-Unis (33 %) et la Russie (25 %), et juste devant la France (5,6 %).

Les principaux clients des armements chinois sont le Pakistan, le Bangladesh et le Myanmar [la Birmanie]. Plus de deux tiers des pays africains utilisent des armes d’origine chinoise. Depuis 2005, dix pays de ce continent sont devenus de nouveaux clients de la Chine.

Même si les experts militaires reconnaissent que la qualité des produits d’entrée de gamme s’est améliorée, les constructeurs chinois peinent encore à s’imposer face à leurs compétiteurs. Durant le Salon de Pretoria, en septembre 2016, à une période où la compétition mondiale dans le domaine de l’armement pousse pourtant les prix à la baisse, la Chine n’a pu trouver de clients, malgré ses efforts, pour finaliser les ventes de l’avion d’entraînement l-15 Falcon et du chasseur JF-17.

Réputation mitigée

Les pays acheteurs, souvent en situation financière difficile, sont en effet plus prudents dans le processus d’achat d’armes. La Chine continue à pâtir d’une réputation mitigée dans le domaine des contrats de maintenance des matériels et de formation des personnels, qui représentent une part importante de ce processus. ­Enfin, une série d’incidents récents ­a entamé la crédibilité technique des armes chinoises.

L’un des quatre ­hélicoptères Harbin Z-9 livrés en 2015 au Cameroun s’est écrasé peu après sa livraison, ce qui a amené ce pays à stopper ses achats d’armes à la Chine. Deux missiles mer-mer C-705 tirés par la marine indonésienne ont manqué leurs cibles le 14 septembre 2016, retardant la signature du contrat de ­licence qui devait permettre à l’Indonésie de produire ces missiles localement.

Selon plusieurs experts, les principaux importateurs d’armement chinois manquent de confiance politique envers Pékin. Beaucoup de pays décident en effet d’acheter leurs armes aux Etats-Unis ou à la Russie en contrepartie de garanties de sécurité similaires à une alliance, ce que la Chine n’est pour l’instant pas en mesure de fournir à ses clients asiatiques et africains. Conscient de cette faiblesse, la Chine espère que l’actuelle construction d’une armée capable de se projeter à l’extérieur aidera son complexe militaro-industriel à s’imposer dans le secteur de l’armement.

Présentation de nouvelles armes

Le 1er novembre 2016, le Salon aéronautique de Zhuhai a présenté 900 armes chinoises à des clients potentiels venus d’Asie et d’Afrique. Parmi les nouvelles armes présentées, le tank léger V-5 est particulièrement adapté aux pays qui ne peuvent investir dans des engins comme le Leopard 2 allemand ou le M1 Abrams américain. Des drones de qualité deviennent également des objets d’exportation. Norinco, principal constructeur d’armement chinois, met en avant sa capacité à répondre avec ses seuls produits à tous les besoins d’une armée d’un pays en développement.

Pour l’instant réservé à l’usage de l’armée nationale, la vedette du Salon de Zhuhai, le chasseur furtif Chengdu J-20, a fait une première brève apparition. Issus partiellement de transferts de technologie parfois involontaires et désormais améliorés par la société publique spécialisée Aero Engine, les moteurs d’avion de combat sont depuis de nombreuses années un objectif majeur de la politique industrielle chinoise. Leur mise au point est un enjeu capital pour la compétitivité de l’industrie militaire chinoise.

Christophe Granier, conseiller du commerce extérieur de la France.

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