La communauté internationale doit aider le Sud-Soudan sur le long terme

La formation d'un nouvel Etat devrait être un moment d'optimisme. Mais le Sud-Soudan émergera d'eaux profondément troubles lorsqu'il va formellement déclarer son indépendance le 9 juillet, divisant en deux le plus grand pays d'Afrique. Tandis que le gouvernement conduira les célébrations dans la nouvelle capitale, Djouba, la vie restera très difficile pour la plupart des citoyens et les événements autour des frontières du nouvel Etat sont déjà sources de grandes préoccupations.

J'ai visité le Soudan à maintes reprises en tant que secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires. Le Darfour était et représente toujours la plus grande opération humanitaire au monde, le conflit meurtrier sur place demeurant non résolu. Dans le sud du pays, bien que l'accord de paix en 2005 ait mis fin avec succès à la longue et sanglante guerre civile entre le Nord et le Sud du Soudan, des dizaines de milliers de civils continuaient d'être affectés par des combats occasionnels et la région était constamment au bord du désastre en raison des effets de la sécheresse et des inondations.

Alors que perdure l'espoir généralisé de voir l'indépendance marquer le début d'un meilleur futur pour le Sud, certains signes actuels sont inquiétants. La prise militaire par le Nord-Soudan de la région frontalière contestée d'Abyei, en mai, et les combats au Kordofan-Sud entre les forces nord-soudanaises et les milices locales refusant d'envisager leur futur au Nord, ont forcé plus de 186 000 personnes à fuir selon les chiffres des Nations unies. Des questions telles que la définition des frontières et le partage des revenus pétroliers n'ont toujours pas été résolues. Le peu de confiance qui existait s'est rapidement évaporé.

Les informations reçues du Kordofan-Sud rappellent les atrocités du passé : des gens tués par bombardements aériens, ou trainés hors de leurs maisons pour être exécutés. Des cessez-le-feu ont maintenant été adoptés et une force de maintien de la paix proposée pour Abyei, mais l'accès humanitaire dans ces zones demeure lourdement restreint. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants qui ont fui pour sauver leur vie sont désormais confrontés au choix peu enviable de revenir vers une zone de guerre récente ou de passer la saison des pluies dans un camp de fortune, avec la menace des maladies et du manque de nourriture et d'eau.

Les troubles violents survenus le long de la frontière, qui s'étendent également au Nil Bleu, n'ont jamais amené le Nord et le Sud aussi proches d'un conflit généralisé pendant mes fonctions de 2007 à 2010. L'impact d'une telle guerre serait inimaginable, la guerre civile qui a duré vingt ans entre le Nord et le Sud ayant déjà coûté la vie à plus de deux millions de personnes. L'Union africaine, les Nations unies et les garants de l'Accord de paix au Soudan ont tous beaucoup trop investi pour voir cette paix s'effondrer. Dans un nouveau rapport, "Beyond the Pledge", publié le 1er juillet, une coalition mondiale d'organisations de la société civile du Soudan et de la région environnante, de l'Europe et des Etats-Unis affirme qu'un engagement international durable et robuste envers le Nord comme le Sud-Soudan est essentiel pour mettre fin au cycle de la violence. Ces organisations ont raison, l'intensité de l'engagement international ne doit pas se relâcher après la déclaration d'indépendance du 9 juillet.

Indépendamment du conflit récent et potentiel, le Sud-Soudan fait face à d'énormes défis humanitaires en tant que nouvelle nation. La majorité de sa population vit avec moins de un dollar par jour, de nombreuses maladies soignables sont toujours endémiques, la mortalité maternelle et infantile reste horriblement élevée, et la famine s'avère un danger réel et présent. Pour un gouvernement bien établi, ces défis seraient écrasants. Pour un jeune gouvernement mettant en place le fonctionnement de ses institutions et faisant déjà face à des accusations de mauvaise gouvernance, de corruption et d'autoritarisme, le chemin à parcourir équivaut à gravir le mont Everest.

La communauté internationale se doit donc d'être un ami honnête mais constant auprès du Sud-Soudan, tout au long du processus difficile de construction de l'Etat, l'aidant à la fois à sortir les Sud-Soudanais de la pauvreté et à développer des structures gouvernementales fortes et responsables. Les problèmes ne devraient pas décourager l'engagement et l'aide mais renforcer l'importance d'un durcissement à ce stade. Le 9 juillet ne doit pas être vu comme le point culminant des efforts internationaux sur le Soudan, mais plutôt comme le début d'une opportunité à long terme de favoriser la paix et la stabilité dans une région instable. Il ne faut pas laisser passer cette opportunité.

Sir John Holmes, ex-secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires.

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