La conférence pour la paix n’en était pas une

« La conférence pour la Paix » qui a eu lieu à Paris n’amènera pas la paix. Et il ne s’agissait pas vraiment d’une conférence. C’était une rencontre à laquelle a participé un cercle restreint de personnes, lesquelles savaient pertinemment qu’elles prenaient part à une conférence vide de sens. Les ministres des affaires étrangères ont pu apprécier un déjeuner particulièrement savoureux - c’est Paris après tout ! - ils ont prononcé des discours sur l’importance de la paix et présenté une déclaration d’intention commune qui avait été préalablement écrite. En réalité, personne ne prévoit qu’elle ait un impact quelconque.

Même les organisateurs ne pensaient pas réellement que cela changerait la réalité sur le terrain. Il y a quelques semaines, M. Pierre Vimont, l’envoyé spécial français chargé de la conférence, m’a rendu visite dans mon bureau. Il est venu accompagné de son équipe pour me dire qu’à ce que j’appelle la non-conférence, ils avaient essentiellement l’intention de dire aux juifs comment se comporter envers les musulmans comme de bons chrétiens.

Des conférences inutiles

En outre, il n’a pu me dire sur quoi la conférence devait déboucher ou de quelle manière elle parviendrait à ses fins. En écoutant M. Vimont, j’ai griffonné un certain nombre de questions sur le papier que j’avais devant moi : les ministres des affaires étrangères savent-ils que l’Etat d’Israël a déjà offert à trois reprises l’indépendance aux Palestiniens sur plus de 90 % des terres ? À chaque fois les Palestiniens ont rejeté l’offre. Se souviennent-ils qu’après que nous ayons évacué Gaza en 2005 et démantelé chaque colonie, les Palestiniens ont élu le Hamas, une organisation terroriste antisémite, et ont tiré plus de 15 000 missiles et projectiles vers nos enfants ? Et plus important encore, les conférenciers réunis à Paris ne voient-ils pas ce qui se passe en Syrie ? N’est-il pas évident qu’Israël ne peut accepter la création d’un Etat palestinien contrôlé par l’organisation Etat Islamique, le Hamas ou l’Iran, Etat qui commencerait immédiatement à répandre le sang à seulement trois kilomètres de Jérusalem ?

Je n’ai pas posé ces questions à M. Vimont. C’était inutile. La conférence ne visait pas à discuter des questions complexes de sécurité et de politique autour du conflit israélo-palestinien. Au lieu de cela, ils ont choisi d’expliquer, avec un sens moral condescendant, que la paix valait mieux que la guerre. Un grand merci pour cette découverte ! Mais nous, Israéliens, vivons dans ce Moyen-Orient qui appartient hélas au monde réel.

J’essaie de ne pas être en colère, mais il est difficile d’ignorer l’insulte qu’incarne cette conférence. Il existe diverses raisons pour lesquelles le conflit israélo-palestinien n’a pas été résolu. Sommes-nous à ce point stupides pour avoir besoin d’adultes - qui ont provoqué les drames de la Libye et d’Alep - prêts à nous dire comment gérer nos affaires ? !

En septembre 2015, j’ai présenté au peuple israélien un projet de conférence régionale, comprenant les Palestiniens. Elle avait pour vocation de créer un dialogue entre Israël et le monde arabe afin de favoriser une séparation entre nos deux peuples. Dans ce projet de conférence, la communauté internationale aurait eu un rôle important à jouer. Mais l’initiative d’une telle conférence doit venir des parties principalement impliquées. Tenter d’imposer une solution - ou même des principes - est non seulement une forme d’impérialisme diplomatique, mais cela crée aussi un réel danger sur le terrain. De nombreuses voix parmi les dirigeants palestiniens - y compris les plus proches d’Abu Mazen - prétendent qu’il n’est nul besoin d’entamer un processus diplomatique tant que le monde continue à faire pression sur Israël. Chaque conférence, comme celle de Paris, pousse les Palestiniens à croire qu’ils n’ont aucune raison de faire un effort ni de prendre leur destin en main.

Israël ne veut plus recevoir de leçons

La mentalité israélienne est à l’opposé de cela. La Shoah nous a appris à ne compter que sur nous-mêmes et à rester maîtres de notre propre destin. Nous ne sommes la colonie de personne. Nous sommes un Etat souverain fier. Les nations fières n’ont aucune raison d’accepter que les ministres des affaires étrangères d’autres pays se rencontrent et débattent du fait de remettre aux Palestiniens notre capitale ou de mettre en danger nos enfants avec des risques que personne au monde ne serait prêt à accepter.

J’ai décidé d’épargner la leçon à M. Vimont. Au lieu de cela, je lui ai répondu : « Vous savez, ici en Israël, nous sommes vraiment préoccupés par la façon dont la France traite les immigrants musulmans. Il y a une augmentation inquiétante du racisme de part et d’autre et la situation se détériore. Nous avons décidé d’organiser une conférence internationale à Jérusalem pour chercher les moyens d’améliorer la situation en France. Nous ne vous inviterons pas à la conférence puisqu’il est clair que vous ne savez absolument pas comment gérer le problème, mais nous vous ferons savoir bientôt ce que vous devez faire pour vous améliorer ».

Étant un diplomate chevronné et non départi d’un certain sens de l’humour, M. Vimont m’a demandé avec le sourire : « Vous me dites que la tenue de cette conférence est un geste arrogant de notre part ? ». « Même pour les Français », ai-je répondu.

Yair Lapid, président du parti Yesh Atid, ancien ministre des finances d’Israël et membre du comité de la défense et des affaires étrangères ainsi que du sous-comité sur l’intelligence et les services de sécurité.

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