La grande hypocrisie de la vaccination dans le monde

Les multinationales se moquent du droit universel à la santé. Nous sommes confrontés à une double violence dramatique contre les droits de milliards de personnes et contre la souveraineté du peuple (ce que la chronique d’Emilie Nicolas dans Le Devoir du 11 février révèle, bien résumé dans son titre, « Prise d’otages »). La vaccination en cours confirme les profondes mystifications qui sous-tendent la soi-disant « lutte mondiale contre le coronavirus » exposée par les puissants de ce monde dès mars 2020.

Depuis deux mois, six vaccins sont en circulation, mais les dominants occidentaux ne parlent que de trois, ceux de Pfizer (États-Unis), de Moderna (États-Unis) et d’AstraZeneca (Royaume-Uni et Suède). Les autres vaccins, dont des millions de doses ont déjà été administrées dans différents pays du monde, sont le Spoutnik V russe, le Sinovac chinois et le Soberana cubain. Cuba, tout comme la Chine, a confirmé être prête à distribuer gratuitement le vaccin dans le monde entier. Eh bien, ces vaccins sont ignorés, voire dénigrés, parce qu’aux yeux des dominants, ils ne présentent pas les garanties scientifiques de sécurité nécessaires. La lutte contre la pandémie de COVID-19 est conçue et ainsi promue au sein des groupes forts des pays de l’économie dominante.

Au début, il y avait plus de 200 projets de vaccins. Aujourd’hui, il n’en reste plus qu’une douzaine. La logique est claire. Pour que cela soit rentable sur les marchés mondiaux, il faut qu’il y ait peu de vaccins. En concurrence les uns avec les autres, certains pouvoirs publics ont acheté des milliards de doses, avec des milliards de dollars donnés d’avance. Et ce, même après avoir abondamment financé les dépenses de la recherche fondamentale et appliquée publique et privée pour la conception et le développement des vaccins par les entreprises privées.

Assez d’hypocrisie !

Ceux qui ont affirmé que « personne ne sera laissé pour compte » doivent abandonner la subordination de la concrétisation du droit à la santé à la condition mercantile de payer un prix de marché imposé par les entreprises et remplacer le principe d’équité par le principe de justice. Les pouvoirs publics doivent favoriser une coopération et un partage forts des connaissances et des technologies au service du bien-être de tous les habitants de la Terre.

La suspension provisoire de l’application des règles en matière de brevets dans le domaine des vaccins jusqu’à ce que l’immunité collective de la population mondiale contre la COVID-19 soit atteinte est une proposition raisonnable, conforme aux dispositions du traité ADPIC de l’Organisation mondiale du commerce.

Dans le système actuel, les règles de l’OMC, une organisation indépendante des Nations unies et dominée par les grandes puissances commerciales, industrielles et financières, notamment privées, prévalent, même dans le domaine de la santé, contre les dispositions de l’Organisation mondiale de la santé. Pour le système dominant, c’est tout à fait « normal », « logique », que le business (les « lois » du marché) compte plus que la santé des gens.

Le premier ministre italien, Giuseppe Conte, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont été, parmi les dirigeants politiques occidentaux, les plus prompts à soutenir l’argument selon lequel les vaccins contre la COVID-19 devraient être des biens publics. C’est pourquoi nous demandons, en tant que citoyens, aux gouvernements italien et allemand d’être cohérents avec leurs déclarations et de mandater leurs représentants officiels dans l’UE pour qu’ils approuvent, lors du prochain Conseil général de l’OMC en mars, la résolution en faveur de la suspension provisoire des règles en matière de brevets dans le domaine des vaccins.

À l’heure actuelle, la proposition de suspension provisoire a reçu le soutien de plus de 120 pays membres sur les 162 de l’OMC.

Riccardo Petrella, Collectif québécois Agora des habitants de la Terre *

* Texte édité par Jean-Yves Proulx, pour le collectif Agora des habitants de la Terre-Québec, soit Lucie Sauvé, Hélène Tremblay, Martine Chatelain, Jean-Yves Proulx, Philippe Giroul et Pierre Jasmin.

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