La Grèce parviendra à s’en sortir, si elle change

Après avoir dansé au bord du précipice, la Grèce s’est ressaisie. Son gouvernement a fait mercredi le geste que ses bailleurs de fonds européens attendaient: il a pris un engagement ferme et précis sur des réformes des retraites et des impôts, qui pourraient être mises en œuvre dès la semaine prochaine.

Ceux qui s’étaient réjouis du référendum de dimanche, et du «pied-de-nez aux puissants» qu’il représentait, ont eu tort de l’oublier: si elle veut être renflouée, la Grèce doit remplir sa part du contrat. Les discours émotionnels mêlant accusations contre l’étranger et évocations pathétiques des souffrances du peuple grec ne mèneront nulle part. Sinon au «Grexit», en comparaison duquel l’austérité subie depuis 2010 risque de ressembler à une aimable promenade de santé.

Malgré cinq ans passés à réformer au forceps, il reste beaucoup à faire pour transformer la Grèce en pays européen compétitif. On ne peut pas combiner une base économique d’une maigreur bulgare avec un Etat punitif à la française, une justice lente comme en Italie, le tout coiffé par un Etat-providence aux standards nord-européens. C’est cette équation-là, combinée aux facilités offertes par l’euro, qui a conduit la Grèce au surendettement.

La bonne nouvelle est que le pays a déjà beaucoup progressé. Depuis 2010, il est passé du 108e au 61e rang du classement sur le climat des affaires de la Banque mondiale (il reste dernier au sein de l’UE à par Chypre et la Croatie), rappelait il y a quelques jours le magazine Bloomberg Businessweek.

Au printemps dernier, Athènes était en train de retrouver la confiance des marchés financiers et Angela Merkel voyait poindre les «tendres bourgeons du succès» sur l’arbrisseau grec. Si elle passe l’épreuve des prochains jours, la Grèce peut à nouveau rebondir. Son gouvernement a toutes les cartes en main pour agir: après le référendum, Alexis Tsipras a marginalisé l’aile dure de Syriza en écartant Yanis Varoufakis. Il a l’appui des autres partis grecs pour négocier un accord avec l’Europe. Sa population, privée de banques et de liquidités depuis plusieurs jours, est prête au compromis.

Il reste à savoir si le premier ministre grec est capable d’envisager les réformes autrement que comme une potion amère, à avaler sous la contrainte; s’il peut y voir une chance, pour la Grèce, d’occuper une autre place que celle de dernier ou avant-dernier de la classe européenne.

Sylvain Besson, journaliste.

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