La liste des Nations unies des entreprises opérant dans les territoires palestiniens occupés est un pas vers la paix

La haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a rendu publique, le 12 février, une base de données des entreprises opérant dans les colonies israéliennes établies dans les territoires palestiniens occupés. En tant que citoyens concernés d’Israël, nous considérons la diffusion de cette liste comme une mesure de transparence et un pas vers la paix.

La base de données répertorie 112 sociétés, domiciliées majoritairement en Israël, mais également aux Etats-Unis, en France, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, au Luxembourg et en Thaïlande. Elles comprennent des fournisseurs de services et d’équipements favorisant l’expansion et le maintien des colonies et de leurs infrastructures, et la démolition des habitats et des biens des Palestiniens. En rappelant globalement aux entreprises de ne pas contribuer aux violations des droits de l’homme et du droit international induites par cette longue occupation, cette liste adresse un signal fort.

Les colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est privent les Palestiniens de leur terre, restreignent leurs libertés fondamentales et empêchent leur développement économique. Leur expansion compromet un futur accord de paix fondé sur une solution à deux Etats, prévoyant l’existence d’un Etat palestinien viable aux côtés de l’Etat d’Israël. Elle menace également l’avenir de la démocratie israélienne, en lui laissant le contrôle de millions de Palestiniens sans droits politiques. Consciemment ou non, les entreprises engagées dans des activités commerciales avec les colonies participent de cette situation.

Depuis la signature des accords d’Oslo en 1993, qui étaient censés poser le cadre d’une fin de l’occupation, le nombre de colons est passé de 250 000 à 630 000 aujourd’hui. Cette dynamique a été encouragée par l’inaction de la communauté internationale. Pendant cinquante ans, celle-ci a évité presque toutes les mesures qui auraient permis de contrer efficacement l’expansion coloniale israélienne, en net contraste avec les actions entreprises dans bien d’autres situations de conflit à travers le monde.

Le président Trump a publié un plan aberrant qui reflète les desiderata de la droite nationaliste israélienne et ne peut qu’aggraver sérieusement le conflit. Au lieu de limiter les colonies, le plan américain pose les fondements d’une annexion de l’ensemble de ces territoires par Israël, confinant les Palestiniens dans des poches de terre placées entièrement sous contrôle militaire israélien. Un tel régime ne peut se maintenir que par un usage accru de la force, entraînant de nouvelles violations des droits de l’homme. Nous sommes convaincus que cela est moralement et stratégiquement insoutenable, également pour Israël.

Compte tenu de ce plan destructeur, la communauté internationale doit plus que jamais prendre ses responsabilités et s’opposer à l’annexion ainsi qu’aux colonies israéliennes illégales. Les grands discours ne suffisent plus. C’est pourquoi nous saluons la publication par l’ONU de cette base de données comme une mesure concrète.

La liste des Nations unies n’implique pas le boycott de l’Etat d’Israël, ni même des implantations en territoires occupés. Elle trace une ligne entre les frontières, légitimes et internationalement reconnues, d’Israël avant 1967 et l’entreprise de colonisation, conformément au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, notamment la résolution 2334. Cette ligne est la seule base possible pour établir la paix avec les Palestiniens et c’est précisément la ligne que les partisans de l’annexion veulent brouiller, voire effacer complètement.

En tant que citoyens soucieux de l’avenir de notre pays et désireux de le voir en paix avec ses voisins, nous félicitons la haut-commissaire Michelle Bachelet pour ce premier pas et nous exhortons les Nations unies à continuer de mettre à jour cette liste.

Eli Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France ; Ilan Baruch, ancien ambassadeur d’Israël en Afrique du Sud, en Namibie, au Botswana et au Zimbabwe ; Avraham Burg, ancien président de la Knesset et ancien président de l’Agence juive ; Miki Kratsman, lauréat du prix Emet (2011) ; Alon Liel, ancien directeur général du ministère des affaires étrangères israélien et ancien ambassadeur d’Israël en Afrique du Sud et en Turquie. Traduit de l’anglais par Pauline Colonna d’Istria.

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