La politique étrangère de la République populaire de Chine depuis la crise : évolutions et contraintes

Depuis 2009, la République populaire de Chine semble occuper une place de plus en plus importante sur la scène internationale et la puissance chinoise est désormais perçue comme incontournable.

Accompagnant cette évolution, les dirigeants chinois font preuve d'une assurance nouvelle, loin de l'attitude " modeste " prônée par Deng Xiaoping1. Dans le même temps, les sources de malentendus se sont multipliées. La question qui se pose à l'ensemble des partenaires de Pékin est aujourd'hui de savoir si l'on assiste à un véritable bouleversement du système mondial, où la puissance chinoise jouerait un rôle majeur allant jusqu'à imposer la reconnaissance de nouvelles normes de gouvernance mondiale, ou si l'on doit au contraire relativiser cette émergence de la République populaire de Chine.

Il est indéniable que la Chine a fait preuve, en dépit de la crise économique, d'un dynamisme remarquable et dispose d'atouts qu'il serait vain de nier. Atouts d'abord économiques, qui constituent le socle de cette nouvelle assurance chinoise.

La Chine triomphante Des succès économiques remarquables Alors que le monde occidental, et particulièrement l'Union européenne, peine à sortir de la crise, la Chine a connu dès 2009 une reprise impressionnante et est désormais classée, comme l'a annoncé Pékin, deuxième puissance économique mondiale devant le Japon. L'objectif initial de 8 % de croissance fixé par le Premier ministre Wen Jiabao en 2009 a été largement dépassé en 2010. Les autorités chinoises semblent donc avoir fait preuve d'une remarquable efficacité.
Dans le même temps, la Chine est devenue devant l'Allemagne, la première puissance commerciale et la première puissance exportatrice note n°02/11 V a l é r i e N i q u e t Maître de recherche à la Fondation pour la Recherche Stratégique La politique étrangère de la République populaire de Chine depuis la crise : évolutions et contraintes 2 dans le monde. Pékin continue par ailleurs d'accumuler des réserves de change, pour un montant de plus de 2 800 milliards de dollars selon les dernières évaluations2.
À la faveur de la crise, l'image de superpuissance économique de la République populaire de Chine a donc été considérablement renforcée, même si les prévisions des rattrapages des États-Unis en 2015, si l'on applique au produit national brut le critère très contesté de parité de pouvoir d'achat (PPP), sont loin de refléter la réalité du développement chinois.

L'année 2009 avait également été dominée par l'image – ou le mirage – du G2 ou de la Chinamerica proposée après l'élection du président Obama et la visite de Hillary Clinton à Pékin dès le mois de février 2009. À cette occasion, la secrétaire d'État avait exprimé avec force la volonté de la nouvelle administration " d'engager " la Chine. Cette volonté de changement s'était vue concrétisée par l'organisation à Washington du premier dialogue économique et stratégique (SED) au mois de juillet 2009. À cette occasion, le président Obama avait également précisé que la relation entre la Chine et les États-Unis était l'une des plus importantes au monde.
Si officiellement Pékin récusait la figure du G2, le sentiment de triomphe transpire largement des nombreux articles publiés en Chine à ce sujet.

Citant abondamment les travaux de Niall Ferguson, " inventeur " du concept de G2, qui appelait en 2009 les États-Unis à " regarder vers l'Est ", ces analyses soulignent la dépendance nouvelle des États-Unis vis-à-vis de la RPC, qui détenait en 2010 plus de 800 milliards de dollars en bons du Trésor américain.

Au-delà de l'économique, le discours sur le G2 serait ainsi la preuve de la justesse du modèle chinois, son mérite principal étant de confirmer, aux yeux du monde et plus encore aux yeux d'une opinion publique chinoise qu'il s'agit de convaincre des bienfaits du régime, le statut nouveau occupé par la République populaire de Chine sur la scène internationale.

Par Valérie Niquet, maître de recherche à la FRS.


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