Parfois, la frustration devant la complexité du Moyen-Orient amène des responsables politiques européens à proposer des solutions déclamatoires : l’Iran poursuit sa course à l’arme nucléaire, la Syrie assassine sans relâche ses citoyens, Daech défie le monde, la terreur relève la tête partout, des jeunes Européens se précipitent en masse vers les organisations extrémistes, le Hezbollah continue de développer son arsenal militaire et le Hamas ne renonce pas à son rêve de détruire Israël.
La solution, illusoire, face à ces menaces, selon ces politiciens : une reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien !
La Suède a décidé de mettre de côté ses problèmes internes et s’est rendue disponible pour laisser sa marque sur la scène internationale. Comme si reconnaître de manière unilatérale un Etat permettait de faire progresser l’intérêt justifié des Palestiniens ; comme si tous les sujets difficiles à gérer dans les négociations, à savoir les frontières, les implantations, la sécurité et Jérusalem, pouvaient être résolus par une simple annonce, comme si le conflit israélo-palestinien pouvait disparaître de l’agenda diplomatique d’un coup de déclaration magique.
Ceux qui accablent en permanence Israël sur son action « unilatérale » de développement des constructions à Jérusalem n’hésitent pas à défendre l’initiative unilatérale de reconnaître l’Etat palestinien. Cela est tout à fait contraire aux décisions du Quartet et de tous les accords internationaux.
Ainsi ont fait les Suédois. Certes, la situation est frustrante, les sujets sont complexes, mais le processus de paix exige du temps et une patience considérable. Il faut que cela soit clair : il n’y a aucune autre alternative aux pourparlers directs entre les deux parties de ce conflit.
Seuls les pourparlers permettent d’aboutir à la paix. L’usage de leurre n’entraînera pas d’avancées palpables : en revanche, les illusions aggraveront les tensions et augmenteront des espérances irréalistes et irréalisées.
Et maintenant, des voix semblables s’élèvent au Parlement de la capitale française – Paris, qui a vu des manifestations violentes dans ses rues il y a à peine quelques mois, Paris, qui a vu une augmentation préoccupante des attaques antisémites l’année dernière, Paris, qui essaie de repousser le conflit hors de ses rues –, comme si nous n’avions pas assez entendu et vu les démonstrations violentes et les instincts les plus primaires s’exprimer en des termes sans équivoque tels que « Mort aux juifs ».
Ceux qui ont toujours plaidé contre l’importation du conflit dans les rues de Paris ne doivent pas se précipiter vers une initiative irresponsable, au risque d’exacerber les tensions et de créer des attentes qui ne pourront pas se concrétiser.
Renoncer aux rêves
Se parler, négocier et réussir implique inévitablement le fait que les deux parties (aussi bien les Palestiniens qu’Israël) soient prêtes à faire des concessions : cela signifie être prêt à renoncer à des rêves et à des attentes idéalistes.
En outre, nous avons besoin d’un leadership palestinien, décidé, prêt à prendre des risques, déterminé à marcher avec nous, Israéliens, vers notre destin, la paix.
Le porte-parole du ministère français des affaires étrangères l’a exprimé clairement : « La priorité, c’est la reprise du processus de paix. C’est autour de cet objectif que nous devons nous mobiliser. Seule une solution négociée permettra de mettre un terme au conflit. »
Il est préférable que les responsables politiques, plutôt que de focaliser leur insatisfaction sur des initiatives sans fondement et sans espoir – qui compliqueront sans nul doute la situation –, utilisent leur voix pour convaincre l’Autorité palestinienne de renoncer à son union avec les terroristes du Hamas et pour reprendre le chemin des négociations.
Il est vital aujourd’hui de rapprocher les cœurs plutôt que de provoquer de nouveaux foyers de tensions et de semer des illusions, au gré des vents violents qui agitent dangereusement le Moyen-Orient.
Par Yossi Gal, ambassadeur d’Israël en France.