La révolution écologique a besoin d’un nouveau souffle

La COP 21, soit la 21e «Conférence des parties» − quel nom bizarre pour un sommet sur la sauvegarde du climat! – a sensibilisé l’opinion publique aux risques que la pollution industrielle fait courir à l’humanité. On sait maintenant que la hausse du niveau des océans causée par la production de dizaines de milliards de tonnes de CO2 chaque année submergera plusieurs mégapoles côtières (Bangkok, Tokyo, Londres…) avant l’an 2100, à moins de mesures énergiques à l’échelle du globe – une véritable révolution.

Les mégalopoles risquent de s’effondrer dans les mers

Mais qui sait que ce désastre pourrait se produire beaucoup plus vite, dans les dizaines d’années à venir? C’est sur cette perspective apocalyptique que se concluait une récente enquête, diffusée par la chaîne de télévision Arte, sous le titre «Inondations, une menace planétaire»: une grande partie des mégapoles portuaires sont construites pour ainsi dire sur le vide, tant les terrains ont été fragilisés par le creusement des sous-sols et le drainage des nappes phréatiques. Elles risquent de s’effondrer bientôt dans les mers, jetant leurs habitants sur les routes de l’exil par centaines de millions.

Ce scénario-catastrophe n’a rien à voir avec celui de l’élévation du niveau des océans, mais leur résultat est identique, ainsi que leur cause première. En effet, les dérèglements climatiques aussi bien que de la fragilisation des mégapoles ont pour origine commune l’appât du gain, la frénésie de la consommation et du profit.

Un capitalisme dévoyé ne peut apporter de solutions

Le capitalisme classique, fondé sur la loi de l’offre et de la demande et sur la concurrence, était peut-être compatible avec un développement durable, car le capitaliste à l’ancienne veillait à ne pas tuer la poule aux œufs d’or: il voulait préserver et accroître à long terme ses moyens de production. Il n’en va pas de même pour le capitalisme sauvage, appelé parfois ultra-capitalisme, qui s’est affiché depuis les années 1980. Ce capitalisme dévoyé est gouverné par la seule recherche du profit maximal immédiat – et tant pis pour les conséquences sociales, économiques ou environnementales.

Les théoriciens du capitalisme n’avaient pas prévu cette dérive. Ils n’avaient pas imaginé que les Etats, censés être les garants du respect des règles du jeu économique, allaient les fausser par leur infinie complaisance envers les détenteurs de capitaux. En injectant des milliers de milliards de dollars dans des économies à bout de souffle, en dispensant les entreprises hyperpolluantes de l’obligation de réparer tous les dégâts qu’elles causent, en sauvant, aux frais du contribuable, des dizaines de banques ruinées par la crise des subprimes et ses suites, les Etats ont offert un long sursis au capitalisme sauvage et ont aggravé ses méfaits.

Pourquoi l’accord final de la COP 21 n’impose aucune obligation concrète aux gouvernements

L’alliance du pouvoir politique avec le pouvoir économico-financier est trop étroite pour que l’on puisse espérer du premier qu’il réforme le second de son propre chef. La réduction drastique de la consommation des combustibles fossiles et de la commercialisation des produits chimiques, principaux responsables de l’empoisonnement de l’air, de l’eau, du sol et de tous les êtres vivants, n’est pas une priorité pour les gouvernements. Cela est particulièrement vrai en Suisse, où aucun grand parti ne s’engage activement dans ce sens.

Dans ces conditions, on comprend aisément pourquoi l’accord final de la COP 21 n’impose aux gouvernements aucune obligation concrète. Rédigée en grande partie au conditionnel («Les Etats devraient…», «il faudrait…»), cette convention leur demande seulement de faire des efforts pour atteindre une cible peut-être inaccessible.

L’impulsion décisive viendra probablement d’ailleurs

L’espoir d’une solution viendra-t-il d’ailleurs, d’une mobilisation citoyenne suffisamment puissante pour obliger les détenteurs du pouvoir politique à agir? Cette mobilisation a déjà commencé, comme le montre le film documentaire «Demain», un extraordinaire succès du box-office, ainsi que les gigantesques manifestations populaires et pétitions ou actions ciblées organisées par quelque 1700 ONG, telles le WWF, Les Amis de la Terre ou Avaaz.

Cependant, pour s’engager activement en faveur de la sauvegarde de la planète, il faut une bonne dose d’abnégation et d’idéalisme. L’intérêt personnel ou d’autres considérations matérialistes sont incapables de me mobiliser en faveur de l’avenir de notre planète, de me donner la force de sacrifier une partie de mon confort actuel au profit des générations futures.

C’est probablement de la spiritualité et plus précisément des religions que peut venir l’impulsion décisive. Si je crois que le monde a été créé par une Puissance bienfaisante et aimante qui fait de tous les humains de tous les temps mes frères et qui m’appelle à les servir, alors je dispose du moteur qui me permettra d’agir de façon désintéressée et efficace.

Philippe de Vargas, ancien directeur de collège dans le canton de Vaud.

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