L’aide humanitaire internationale aux civils syriens doit être plus décisive

Le conflit syrien, qui entre dans sa cinquième année, ne montre aucun signe d’apaisement. Depuis le début de la crise en 2011, plus de 11 millions de personnes ont été contraintes de fuir les zones de combat ou la Syrie pour trouver refuge dans des pays voisins. En Syrie, 12,2 millions de personnes, dont près de la moitié sont des enfants, ont besoin d’une aide humanitaire et les atteindre est de plus en plus difficile.

La violence, le refus d’assurer l’accès aux personnes dans le besoin et les blocages administratifs sont autant d’entraves pour le personnel humanitaire. Près de 5 000 écoles ont été détruites, occupées ou prises pour cible par les parties au conflit, en violation flagrante du droit humanitaire international.

L’ampleur des besoins en matière de santé en Syrie est considérable, le nombre de décès suite aux maladies chroniques ou curables est plus important que comme une conséquence directe de la violence. Il est à craindre que le pays soit replongé dans une période sombre de la médecine.

Les pénuries du personnel médical se généralisent, dans la mesure où ce dernier devient la cible des attaques de groupes armés, et que nombre d’entre eux ont fui le pays. La fourniture de médicaments ne peut répondre aux besoins et les services en obstétrique, gynécologie et pédiatrie sont indisponibles.

3,35 milliards d’euros de l’Europe

La crise syrienne amène les capacités d’accueil des pays voisins à leur point de rupture. Lors de mes récentes visites en Turquie, en Jordanie et au Liban, j’ai entendu de nombreux réfugiés parler de leur lutte quotidienne, de leur difficulté à trouver un emploi pour payer le loyer, les frais médicaux, ou envoyer leurs enfants à l’école. Avec leurs maigres économies et les restrictions sur l’emploi dans les pays d’accueil, les réfugiés sont impuissants à subvenir aux besoins de leur famille.

Les écoles des pays d’accueil déploient des efforts considérables, et nombreuses sont celles à doubler les quarts de travail, dans le but d’intégrer les nouveaux étudiants. Les services de santé craquent sous le poids de la charge de travail. Il y a des pénuries d’eau et d’électricité en raison de l’augmentation de la demande et le prix des loyers a explosé.

Après la détérioration de la situation sécuritaire, les frontières sont très surveillées, et les réfugiés en provenance de Syrie sont considérés avec méfiance. J’ai transmis aux gouvernements hôtes le message que leurs préoccupations sont bien comprises, mais les invite à continuer de respecter le droit humanitaire international et veiller à ce que les réfugiés soient protégés.

Ainsi, le financement humanitaire de la crise a encore des difficultés à faire face à l’ampleur croissante des besoins des populations. L’Union européenne (UE) continue de soutenir, à la fois les réfugiés et les pays voisins de la Syrie qui les accueillent généreusement. L’Europe compte parmi les principaux donateurs d’aide humanitaire dans le cadre de la crise syrienne, et a contribué à hauteur de 3,35 milliards d’euros. L’Europe se mobilise, envoie un signal fort, et se montre solidaire du peuple syrien, qui a tant souffert.

Un regard neuf

Au Liban, j’ai pu mesurer la différence qu’une approche commune entre différents instruments européens peut apporter, où les financements et l’expertise de différentes branches de l’UE ont des répercussions positives sur la vie des réfugiés syriens.

Mais cela ne suffit pas. La communauté internationale doit intensifier son soutien. Sans fin prévisible de la crise, les donateurs d’aide humanitaire, les agences et les gouvernements doivent travailler étroitement afin de maintenir la protection et l’aide là où les besoins augmentent. Lors de la conférence annuelle des donateurs pour la Syrie prévue à la fin du mois au Koweït, la communauté internationale doit honorer ses obligations.

Nous devons jeter un regard neuf sur l’aide fournie, garantir une meilleure utilisation des ressources limitées, une planification à plus long terme et faire la transition de la réaction immédiate aux crises vers la gestion dans la durée. Nous devons aussi établir des liens avec la communauté du développement.

Face à ces besoins écrasants, il n’y a plus aucun doute aujourd’hui : l’aide humanitaire ne peut qu’atténuer les souffrances humaines. En parallèle, nous soutenons tous les efforts visant à mettre un terme aux combats et finalement trouver une solution politique à la crise. Ce sont d’énormes défis. Nous n’avons d’autre choix que de les attaquer de front. L’Histoire nous regarde.

Christos Stylianides, Commissaire européen chargé de l’aide humanitaire et de la gestion des crises.

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