L’appel de l’espace profond et la problématique du Voyage

Aurora (ESA), credit ESA et Pierre Carril. Cette illustration a été commandée à Pierre Carril par l’ESA à l’époque du lancement du programme Aurora de cette dernière. Pierre Carril est l’un des meilleurs illustrateurs scientifiques français se consacrant à l’espace. Ses dessins sont toujours extrêmement rigoureux et porteurs de sens.
Aurora (ESA), credit ESA et Pierre Carril. Cette illustration a été commandée à Pierre Carril par l’ESA à l’époque du lancement du programme Aurora de cette dernière. Pierre Carril est l’un des meilleurs illustrateurs scientifiques français se consacrant à l’espace. Ses dessins sont toujours extrêmement rigoureux et porteurs de sens.

Partir ! Partir loin ; partir au-delà de l’ISS, au-delà de la Lune ; partir voyager dans ce qu’on appelle l’« espace-profond » ; y vivre. C’est mon rêve comme celui de beaucoup de mes contemporains. L’opportunité apparaît nous être ouverte par l’évolution récente de nos technologies. Mais est-ce réaliste ? Et jusqu’où ?

NB : Le présent article et les suivants reprennent, après remaniement et quelques améliorations (je l’espère !), un des tous premiers articles de ce blog (« Voyage »). Il n’avait pas retenu beaucoup l’attention mais comme je pense qu’il est important, je lui donne une seconde chance !

Pour répondre à ces questions il faut considérer l’énergie dont on dispose pour se libérer de l’emprise de la gravité terrestre puis pour survivre; les moteurs et la « tuyauterie » capables de l’utiliser; la vitesse que l’on peut acquérir par rapport aux distances à parcourir pour aller « quelque part »; le volume où l’on va vivre, son enveloppe et ses équipements internes; les systèmes de support-vie que l’on peut faire fonctionner (auto-régénératifs de type MELiSSA, pour durer longtemps); les capacités de résistance de notre corps aux conditions extrêmes et notamment aux radiations spatiales et aux « débordements » d’activité de nos microbes commensaux (notre microbiote), de ceux de nos compagnons et de notre environnement qui tous voyageront avec nous à l’intérieur du super-microbiome d’un vaisseau spatial (avec ou sans notre autorisation) ; les compétences des membres de l’équipage forcément très réduit en nombre; les capacités de résistance et d’adaptation de notre esprit à un environnement particulièrement stressant ; nos chances de retour sur Terre, car pour le moment il n’est pas question comme certains l’envisagent avec inconscience, de ne pas revenir. Enfin je n’oublierai pas de mentionner un autre sujet qui n’est pas négligeable (mais pas non plus rédhibitoire), le coût, car il faut évidemment se payer le voyage.

L’objet de ce blog est de vous convaincre que la réponse, après étude sérieuse de ces sujets complexes et souvent interagissants, peut-être positive pourvu que l’on soit raisonnable. Cela ne veut pas dire que l’on ne prenne pas de risques importants (vitaux ou mortels selon le point de vue où l’on se place) mais que ces risques ne sont pas impossibles à prendre (c’est-à-dire qu’ils impliquent une trop forte probabilité de mort). Il faut donc être réaliste tout en restant audacieux. Dans ce contexte, notre objectif ne peut être aujourd’hui que la planète Mars parce qu’elle se situe à la limite de nos possibilités énergétiques et physiologiques, parce que son environnement est moins hostile que celui des autres corps célestes sur lesquels nous pourrions aller, qu’il nous offre des possibilités d’« ISRU » (« In Situ Resources Utilization ») qui nous dispenseront d’apporter trop de masse avec nous et parce que s’y établir serait une déclaration d’intention convaincante pour aller ensuite encore plus loin.

In fine ce qui est essentiel c’est de vouloir puisqu’on le peut.

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l'Association Planète Mars (France).

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