L’avenir de l’agriculture est local et digital

L’avenir de l’agriculture est local et digital

L’agriculture est une source de revenu pour près de 3 milliards de personnes dans le monde. Chaque jour, elles travaillent afin de fournir les produits alimentaires ou les matières premières nécessaires à notre alimentation. Même si toutes ne bénéficient pas des mêmes conditions de travail, leur objectif est le même: générer un revenu décent pour assurer un avenir à leurs enfants dans un environnement naturel intact. Un objectif difficile à atteindre car les secteurs de l’agroalimentaire et de l’agriculture font face à de grands défis.

D’ici à 2050, ce seront près de 10 milliards de personnes que la terre devra nourrir. Même si les systèmes de production ont beaucoup évolué et que l’agriculture est devenue plus productive, environ 2 milliards de personnes à travers le monde sont sous-alimentées et 815 millions d’entre elles souffrent de la faim, un chiffre en augmentation depuis 2015.

Malgré son engagement, l’agriculture moderne, n’est plus en mesure de produire et d’assurer la biodiversité dont elle était la source il y a un siècle. En dépit des avancées technologiques, elle laisse une empreinte négative dans l’environnement qui dépasse ce que la population est prête à tolérer. La dégradation des sols, surtout dans les zones touchées par les conséquences du réchauffement climatique, met en péril la production alimentaire.

La digitalisation pour innover

Dans la recherche de solutions, une part importante revient aux technologies numériques. Ces dernières ont souvent été plus accessibles aux entreprises agricoles à tendance industrielle. Les exploitations paysannes – modèle favorisé par la population – doivent aussi pouvoir en bénéficier. La digitalisation peut ouvrir de nouvelles perspectives, aussi bien pour l’agriculture suisse que pour l’agriculture de pays en voie de développement. Au travers de la coopération internationale de la Suisse, des agriculteurs en Ouganda ou au Zimbabwe ont désormais accès à de nouveaux marchés grâce à des smartphones et décident des prix auxquels ils vendront leur récolte. Plus proche de nous, la digitalisation ouvre de nouvelles opportunités, par exemple pour réduire l’usage de produits phytosanitaires ou dans la création de nouveaux modèles d’entreprises.

L’agriculture durable est l’une des clés du développement durable. C’est pour cela que depuis plus de vingt ans, la Suisse place la durabilité et la préservation de la biodiversité au centre de sa politique agricole.

Avec l’évolution des habitudes alimentaires, les produits locaux côtoient désormais les produits exotiques sur les tables. Pour préserver le lien entre agriculteur et consommateur, ces derniers ont un rôle important à jouer. Privilégier les circuits courts est l’une des solutions: cela permet d’un côté de diminuer les coûts mais également d’assurer la traçabilité. Du côté helvétique, comme le montre l’engouement pour les produits du terroir, l’agriculture doit être fière et encore mieux positionner ses produits synonymes de qualité sur les marchés.

Objectif faim zéro

Dans les pays en développement, les petits producteurs se retrouvent concurrencés par les produits issus des importations moins chères car subventionnées. La production locale de tomates au Ghana doit par exemple rivaliser avec les importations bon marché en provenance de l’Union européenne. Les cultivateurs de cacao ne touchent aujourd’hui qu’environ 6% du prix dépensé en Allemagne pour une barre de chocolat. En 1980, cette part était trois fois plus élevée. Les petits producteurs de cacao et leurs familles vivent souvent dans une grande pauvreté, et la nouvelle génération ne voit que peu d’avenir dans cette activité. Malgré des conditions de vie très différentes, la position des agriculteurs dans la chaîne de production alimentaire est fragile.

Tout comme le chocolat au lait suisse qui est l’exemple parfait de la complémentarité entre l’agriculture ici et l’agriculture là-bas, l’OFAG et la DDC travaillent ensemble afin d’atteindre l’un des objectifs du développement durable: permettre à nos enfants de devenir la génération faim zéro.

Bernard Lehmann, directeur de l’Office fédéral de l’agriculture.
Manuel Sager, direction du développement et de la coopération.

Deja una respuesta

Tu dirección de correo electrónico no será publicada. Los campos obligatorios están marcados con *