Le « Black Friday » doit nous inciter à penser « une autre façon de consommer »

Enjeux environnementaux, ressources menacées d’un côté, croissance de la consommation, de l’autre : sur fond de crises et de récessions, le modèle économique actuel ne peut pas tenir. Le lobbying intense des partisans du statu quo ne fera que retarder les prises de décisions salvatrices et les actions concrètes pour une mutation globale de nos modes de consommation et de notre modèle de société, non tenable dans un monde qui comptera bientôt 9 milliards d’habitants. Si nous n’arrivons pas à répondre aux besoins actuels, qu’en sera-t-il dans 20, 30 ou 70 ans ?

A l’heure du « Black Friday », grande messe du consumérisme effrénée venue des Etats-Unis qui propose des promotions le dernier week-end de novembre, on semble bien loin de cette prise de conscience.

En 2016, les ventes en ligne pour le « Black Friday » ont encore progressé : 15 millions de Français y ont participé, selon une étude de Toluna Thoughts, alors même que l’association de consommateurs UFC-Que Choisir révélait que les promotions du « Black Friday » ne faisaient bénéficier les clients que de 2 % de réduction en moyenne. La consommation compulsive concerne notamment les équipements high-tech, qui représentent plus de 20,5 % des achats du « Black Friday », alors que leur production et leur recyclage deviennent un véritable enjeu écologique.

Novembre, mois de l’économie sociale et solidaire, ainsi que la semaine européenne de réduction des déchets, du 18 au 26 novembre, nous invitent à penser de nouveaux modèles tournés vers d’autres valeurs. Disons-le tout de suite, une économie plus responsable n’est pas synonyme de décroissance, mais bien d’une autre façon de consommer.

166 fois le poids de la tour Eiffel

Alors que 710 millions d’équipements du quotidien sont mis sur le marché chaque année, équivalent à 166 fois le poids de la tour Eiffel, l’économie circulaire via le réemploi et le recyclage, est une piste qui peut bénéficier à tous. Une machine à laver reconditionnée, par exemple, peut coûter jusqu’à 60 % moins cher qu’une neuve alors même qu’elle pourra durer d’autant plus longtemps qu’elle aura été rénovée. Grâce au marché d’occasion, les appareils sont abordables pour tous les budgets. L’impact sur notre société est réel.

Depuis quelques années, des alternatives à la logique du tout jetable voient le jour, notamment pour les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Les consommateurs ont par exemple la possibilité de déposer leurs anciens équipements dans des points de collecte afin qu’ils soient réparés et remis sur le marché, parfois même sous garantie comme c’est le cas des 100 000 équipements sauvés dans le réseau Envie en 2016. Ceux qui ne peuvent être rénovés seront démantelés et recyclés en fraction de matières, transformant ainsi des déchets en nouvelles ressources.

Ce nouveau modèle économique – celui d’une économie circulaire dans les actes – est une opportunité unique de changer le rapport à la consommation, autant celui des entreprises vis-à-vis des consommateurs, que celui des consommateurs avec leurs produits, via une approche plus responsable et plus ouverte où chacun s’implique pour créer de la valeur pour tous.

Les innovations à venir ne viendront pas uniquement des ingénieurs et des modes de production comme ce fut le cas au cours des deux derniers siècles, mais aussi – et surtout ? – des consommateurs, maillon fort de la chaîne et acteur à part entière dans une logique circulaire.

Conscient de l’impact de son achat – sur son emploi, sa vie et son environnement –, le consommateur agit sur l’économie via sa façon de consommer, à commencer par ses équipements du quotidien. Il devient le vrai moteur d’une consommation responsable : c’est la plus grande innovation du modèle économique de demain.

Par Anémone Berès, présidente du réseau Envie.


Le réseau Envie, recycleur solidaire, est le créateur du Green Friday, organisé du 23 au 25 novembre.

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