Au sommet du G20 qui aura lieu cette semaine à Busan, en Corée du Sud, l'Afrique du Sud se joindra aux plus grandes puissances mondiales engagées à s'attaquer aux défis de développement les plus ardus : du SIDA au changement climatique, en passant par la lutte contre la pauvreté.
Dans le monde entier, la crise économique menace de saper les progrès fragiles entrepris afin d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Le mois dernier, les représentants des pays les plus riches et le secteur privé se sont rassemblés à New York pour garantir le financement du Fonds Mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme pour poursuivre et accroître son financement de programmes pour sauver des vies. Malgré tout, cette réunion pour reconstituer les ressources du Fonds mondial n'a même pas été en mesure de mobiliser le minimum de fonds nécessaires. En seulement huit ans, le Fonds mondial a sauvé environ 6 millions de vies dans les pays récipiendaires de fonds et s'est affirmé comme l'exemple éminent du partenariat du XXIème siècle dans la lutte contre trois maladies que l'on peut prévenir et traiter et qui sont responsables à elles seules de plus de 15 000 morts chaque jour.
L'Afrique du Sud est l'un des pays qui a considérablement bénéficié du Fonds mondial, fonds qui a financé des programmes de lutte contre le SIDA et la tuberculose totalisant 2,3 milliards de rands. Par conséquent, nous, comme les 144 pays qui ont bénéficié de financements du Fonds mondial, sommes alarmés du fait qu'il ne possède pas les 20 milliards qui ont été estimés comme étant nécessaires pour ces pays afin d'atteindre les objectifs sur la santé que nous avons fixés comme étant impératifs en 2000 (ces derniers devant renverser la tendance dans la lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, permettre un accès universel au traitement contre le VIH et réduire radicalement la mortalité maternelle et infantile).
Bien sûr, le Fonds mondial n'est pas l'unique solution au problème de la mauvaise santé dans les pays pauvres. Tous les pays ont leur rôle à jouer en s'investissant dans la santé de leur peuple. Pour cette raison, je suis fier que le gouvernement sud-africain ait contribué à hauteur de plus de 70 millions de rands au Fonds mondial et ait fait une nouvelle contribution de 15 millions de rands le mois dernier. Nous avons également augmenté radicalement le financement contre le SIDA pour nos programmes nationaux et dépensé plusieurs millions de rands chaque année.
En plus de trouver les ressources dans le budget national, nous qui devons faire face à de grands défis en terme de santé avons le devoir de nous assurer que l'assistance que nous recevons est dépensée pour des programmes efficaces et fondés sur des données probantes et non gaspillée pour des priorités de moindre importance, perdue pour cause de corruption ou réduite à cause de lois discriminantes qui empêchent les programmes de santé d'atteindre leurs buts. Mais même avec ces actions, la plupart des pays en voie de développement qui font face à des défis d'envergure ne peuvent tout simplement pas les relever seuls. En Afrique du Sud par exemple, le VIH est un défi énorme – mais ce n'est pas le seul. Nous devons également reconstruire notre système de santé pour qu'il puisse servir tout le monde de manière équitable, particulièrement les pauvres. Et c'est la raison pour laquelle le Fonds mondial est important. C'est une institution indépendante qui accorde de l'argent pour des programmes efficaces et conduits à l'échelon national. Jusqu'ici, dans le monde entier, ces programmes ont fourni des thérapies anti-rétrovirales (TAR) pour 2 millions 700 000 personnes, détecté et traité 7 millions de personnes soufrant de tuberculose active, distribué 122 millions de moustiquaires imprégnées, traité 108 millions de cas de paludisme et 930 000 femmes enceintes reçoivent des traitements pour prévenir la transmission du VIH de la mère à l'enfant (PTME).
Sauver des vies n'est pas une mince affaire ! Le Fonds mondial à démontré son succès car ils ont prouvé qu'ils étaient des gardiens responsables des donations mais possédaient aussi des mécanismes de financement innovants, comme l'initiative Debt4health. La semaine dernière, au sommet des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), il y avait de vives réclamations pour une nouvelle approche du financement – réclamations que l'Afrique du Sud soutient de tout son cœur. L'une des propositions est d'instaurer une minuscule taxe sur les transactions dans le secteur financier, engorgé et surchauffé. Cela aurait le double bénéfice de réduire les comportements irresponsables qui ont contribué à la crise économique, tout en levant des milliards de dollars en nouvelles ressources pour investir dans des priorités clés, au niveau national et international, dont la lutte contre la maladie.
Cette idée, appelée Taxe sur les transactions financières, a été développée par des experts du Groupe pilote sur les Financements innovants pour le développement, un groupe de 60 pays dont l'Afrique du Sud. Ils estiment qu'une taxe de 0,05% sur toutes les transactions financières pourrait rapporter environ 700 milliards de dollars par an.
Et une taxe moins importante, juste sur les transactions de change en gros sur quatre devises majeures permettrait de lever environ 33 milliards de dollars par an, si elle est appliquée au taux minuscule de 0,005%. Le monde des devises étrangères est le plus gros marché du monde – d'une valeur de 800 milliards par an – et c'est le seul des secteurs financiers qui n'est pas du tout taxé. Il a augmenté de 20% en trois ans, et il pèse maintenant 4 milliards de dollars par jour.
Alors que cette idée a été évoquée depuis de nombreuses années, elle est maintenant l'objet d'une réelle considération de part le monde. Et ce n'est pas trop tôt. Au sommet des OMD, le président français Nicolas Sarkozy a lancé un appel pour cette nouvelle approche du financement en déclarant : " Est ce que nous allons prendre prétexte de la crise pour faire moins ? "
En tant que membres du G20, l'Afrique du Sud s'associe à la France pour garantir des approches innovantes afin de faire face à nos défis mondiaux en termes de santé et de développement. Les vies de millions de sud africains et de tous les pauvres du monde, dépendent de nos actions collectives pour lever les fonds nécessaires à la lutte contre la maladie et la fin de la pauvreté. C'est pourquoi, nous espérons que dans les prochains jours le Fonds mondial recevra le soutien nécessaire pour les trois prochaines années. Beaucoup de gens en Afrique du Sud y seront attentifs et espéreront que cela se produise.
Aaron Motsoaledi, ministre de la santé sud-africain. Traduit de l'anglais par Delphine Colin.