Le défi environnemental chinois est aussi une opportunité

Parmi les 150 chefs d’Etat accueillis par la France pour la conférence mondiale sur le climat (COP21), le Président de la Chine, deuxième économie mondiale et premier émetteur de CO2 de la planète, attire une attention particulière. Pékin s’était engagé à atteindre son pic d’émissions de CO2 autour de 2030, à baisser d’ici là son intensité carbone de 60 à 65 % par rapport au niveau de 2005, et à porter la part des énergies non fossiles à environ 20 % de la consommation énergétique primaire.

La Chine est confrontée à plusieurs obstacles pour obtenir ce résultat : contrairement à la plupart des pays occidentaux, elle est encore en phase d’industrialisation et d’urbanisation ; sa consommation d’énergie continuera donc à augmenter dans les années à venir. De plus, la part du charbon s’élève à 66 % de son mix énergétique, et la diminution de son utilisation ne se fera pas du jour au lendemain.

Trouver l’équilibre entre développement économique, enrichissement du peuple et protection de l’environnement reste donc un dilemme sérieux pour la Chine, identique à celui qu’a rencontré l’Occident pendant son industrialisation aux XVIIIe et XIXe siècles, avec pour résultats le smog de Los Angeles en 1943, le Grand Smog de Londres en 1952, ou encore la pollution de l’air du bassin de la Ruhr en Allemagne dans les années 1960 et 1970, etc.

La Chine, avec 25 % des émissions mondiales de CO2, reste pourtant derrière nombre de pays développés en termes d’émissions par habitant : l’Australie, les Etats-Unis, le Canada, le Japon, l’Allemagne… Et plusieurs évolutions positives pourraient lui permettre de relever les défis.

Premièrement, le rééquilibrage de l’économie au profit de la consommation et des services va continuer à réduire la contribution de la production de biens dans le PIB et favoriser ainsi le contrôle de l’émission de CO2.

Deuxièmement, il y a aujourd’hui une forte prise de conscience environnementale de la société chinoise. La protection de l’environnement préoccupe de plus en plus les Chinois, qui consultent presque tous les jours les indicateurs de la qualité de l’air dans les grandes villes comme Pékin et Shanghai. En février 2015, le documentaire « Under The Dome » sur la pollution en Chine, a été visionné plus de 155 millions de fois en un seul week-end. Depuis plusieurs années, un nombre croissant de Chinois refusent, comme les expatriés, de travailler à Pékin, ville plus polluée que les villes au sud.

Enfin, de nombreux progrès ont été réalisés en matière de protection environnementale : début 2015, une nouvelle loi est venue renforcer les sanctions appliquées aux entreprises polluantes. Un système d’échange de quotas d’émissions de charbon est en phase de test dans sept provinces et villes chinoises, et sera lancé par le gouvernement au niveau national à partir de 2017. Sur le plan international, des déclarations conjointes sur le changement climatique ont été faites avec les Etats-Unis, l’Union Européenne, la France, l’Inde et le Brésil.

Selon le Conseil des affaires de l’Etat chinois, jusqu’en 2014, les émissions de CO2 par unité de PIB ont baissé de 6,1 % sur un an, et de 15,8 % par rapport à 2010. Pendant le 12ème Plan quinquennal (2011-2015), la part des énergies non fossiles dans la consommation énergétique s’est élevée à 11,2 %. La capacité installée d’énergies renouvelables représente presque 25 % de la capacité mondiale, et environ 40 % de la croissance de cette capacité s’est située en Chine en 2013-2014, d’après les données de l’Agence internationale de l’énergie. Le pays est devenu le premier producteur et désormais aussi le premier marché des panneaux solaires au monde, et le premier marché du vélo électrique avec environ 200 millions d’unités en utilisation.

Derrière tout défi se trouve une opportunité. Pour les entreprises françaises du secteur de la protection environnementale qui souhaitent accroître leur part de marché et renforcer leur performance, le marché chinois présente un grand potentiel. Malgré le ralentissement économique, les entreprises désirent toujours y développer, acquérir et appliquer des technologies innovantes dans ce secteur, par exemple pour le développement des énergies renouvelables dans l’industrie (énergies éolienne, solaire, hydraulique, traitement des déchets...), la construction (matériaux) ou le transport (voiture électrique).

Au lieu de ressasser les critiques sur la catastrophe environnementale en Chine, il serait plus constructif de partager l’expertise occidentale, d’exporter en Chine et vers d’autres pays en voie d’industrialisation les solutions éprouvées, voire de collaborer avec eux pour développer ces technologies sur le marché international. Cette attitude serait plus porteuse à la fois de profits pour les entreprises et de bénéfices pour la planète ; car, finalement, dans un monde globalisé, nous partageons la même terre et le même ciel !

Chunyan Li (Fondatrice de FEIDA Consulting).

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