Le droit à l'autodéfense

Par Rafaël Barak, chargé d'affaires par intérim à l'ambassade d'Israël en France (LIBERATION, 27/07/06):

Au cours de ces dernières semaines, l'Etat d'Israël a été attaqué, sa souveraineté défiée et la sécurité de ses habitants mise en danger. Ces attaques se sont d'abord déroulées dans le sud du pays, face à Gaza, puis à sa frontière Nord avec le Liban.

Israël n'a provoqué aucune de ces confrontations. Au contraire, Israël a déployé tous les efforts possibles pour les éviter. L'Etat d'Israël n'a pas de conflit territorial, ni sur sa frontière Sud avec les Palestiniens, où il y a moins d'un an Israël a quitté la bande de Gaza, ni sur sa frontière Nord, où, en mai 2000, il s'est retiré du Sud-Liban pour revenir à la ligne frontalière définie par l'ONU.

A Gaza comme au Liban, l'Etat d'Israël s'inscrit dans les frontières reconnues par l'ensemble de la communauté internationale. Mais certains ont pris le retrait à l'intérieur de nos frontières, accompagné de notre désir de paix avec nos voisins, pour un signe de fragilité. Ceux qui nous attaquent aujourd'hui ont interprété notre retenue comme un signe de faiblesse. Ils ont eu tort.

L'action militaire dans laquelle nous sommes engagés est dirigée contre les organisations terroristes qui opèrent à partir du Liban et de Gaza. Mais le Hezbollah et le Hamas n'agissent pas seuls. Derrière eux se trouve le soutien militaire, financier et politique de l'Iran et la Syrie.

Nous n'avons pas l'intention de nous immiscer dans les affaires internes de nos voisins. La tranquillité et la stabilité du Liban et de l'Autorité palestinienne, libres de toutes ingérences étrangères, sont aussi de l'intérêt de l'Etat d'Israël. Nous voudrions que la paix s'installe entre nos peuples.

La situation humanitaire que subissent les habitants du Liban nous touche profondément. Nous tentons le maximum pour atténuer cette situation et éviter de faire des blessés. Mais que faire, quand les terroristes du Hezbollah, avec l'aide de l'Iran et de la Syrie, cachent plus de 12 000 roquettes et missiles, dans des zones urbaines surpeuplées, dans des villages, dans des maisons habitées et même dans des mosquées ? Que faire quand le Hezbollah se sert de la population libanaise comme bouclier humain et s'installe chez eux pour lancer des roquettes sur Israël ? Israël ne vise pas le Liban mais l'infrastructure terroriste. Il empêche également l'acheminement de roquettes en provenance de l'Iran qui se trouvent, en ce moment même, à la frontière syrienne avec le Liban. Avant chaque attaque, nos forces militaires distribuent des tracts pour demander aux civils de quitter les zones où se trouvent des infrastructures terroristes. Notre armée préfère renoncer à l'avantage de l'effet de surprise, afin d'épargner des vies innocentes.

Depuis plus d'une semaine, nous avons coordonné des couloirs humanitaires qui permettent entre autres aux citoyens français qui le désirent de quitter le Liban et d'acheminer l'aide humanitaire.

Mais la souffrance ne se ressent pas que d'un seul côté. Au nord d'Israël, à Haïfa, à Nahariya, à Tibériade, à Kyriat Shmona,plus d'un million de nos citoyens ­ ce qui représente en proportion plus de dix millions de Français ! ­ dorment depuis deux semaines dans des abris. Le week-end dernier, plus de 200 roquettes se sont abattues sur Israël, faisant des morts et des blessés. Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, durant sa visite à Haïfa, a vécu lui-même le quotidien des Israéliens en ayant à se réfugier dans une cage d'escaliers lors d'un tir de missiles. Dans le nord d'Israël, la vie s'est arrêtée brutalement. Les gens ne peuvent plus sortir ni travailler, les enfants, profiter des camps de vacances d'été.

Malgré une vie quotidienne totalement bouleversée, malgré l'extrême difficulté de rester des journées entières dans des abris, les habitants d'Israël soutiennent l'action menée par leur gouvernement. Car nos citoyens comprennent que l'attaque gratuite du Hezbollah et du Hamas n'exprime pas une revendication territoriale, mais une autre volonté : l'anéantissement d'Israël.

L'Etat d'Israël exerce, dans le terme le plus pur, son droit naturel à l'autodéfense. Nous n'acceptons pas de vivre sous la menace de missiles terroristes visant nos habitants. Nous continuerons à agir avec détermination.

Du côté palestinien, nous demandons la cessation immédiate de la terreur, que le caporal Gilad Shalit puisse revenir sain et sauf et que les tirs de missiles contre nos civils prennent fin.

En ce que concerne le Liban et tel que les pays membres du G-8 l'ont exprimé, nous exigeons :

  • le retour de nos deux otages, Ehud Goldwasser et Eldad Regev ;
  • le cessez-le-feu total ;
  • le déploiement de l'armée libanaise dans tout le Sud-Liban ;
  • l'expulsion du Hezbollah de la région et l'exécution de la résolution 1559 des Nations unies.

Nous continuerons notre lutte en sachant que la communauté internationale comprend et soutient notre combat contre le terrorisme du Hezbollah et du Hamas, soutenus et inspirés dans cet axe de la haine, par l'Iran et la Syrie.

Notre victoire sera aussi celle des Libanais et des Palestiniens qui, comme ses voisins israéliens, ne souhaitent rien d'autre que vivre en paix dans notre région.