Le genre humain est bisexué, cela implique des comportements distincts

Le genre humain est une espèce bisexuée. Dans les espèces bisexuées supérieures (au sens biologique), des rôles reproductifs spécifiques sont attribués aux deux sexes. Dans le genre humain, les femmes portent les enfants, les hommes, non. Cela implique des comportements distincts. Chez les autres mammifères, la différence de ces comportements en fonction du sexe connaît très peu de variété.

Dans le genre humain, les cultures ont introduit, à partir de la différence biologique, une variété considérable dans les comportements recommandés et prescrits. De manière générale, les cultures ont exagéré la différence exigée dans les comportements à partir du donné biologique.

C’est le propre de la modernité d’avoir lutté – et d’avoir remporté d’importantes victoires – pour que la différence biologique entre femmes et hommes cesse de constituer le prétexte futile à des disparités de traitement, à des inégalités. Mais la modernité, aussi militante soit-elle, ne pourra pas araser l’existence de différences biologiques entre les hommes et les femmes.

De même que si les femmes et les hommes copulent pour assurer la reproduction de l’espèce, pour rechercher leur plaisir, et à l’occasion, pour satisfaire les deux, cette modernité ne pourra pas faire que leurs comportements soient parfaitement identiques. Exiger qu’ils le soient en tous points, en particulier lorsqu’ils « négocient » leur accord, est une cause perdue.

Des structures de domination

Le genre humain fait partie des grands singes, chez qui se constituent des structures de domination, en particulier dans l’instrumentalisation des hiérarchies qui permettent au dominant d’imposer des relations sexuelles au dominé. Le mâle est en général dominant et l’ascendant s’exerce le plus souvent au détriment de la femelle. Mais ce n’est pas toujours le cas.

J’ai ainsi un ami dont la carrière scientifique fut interrompue en France pour avoir refusé un chantage sexuel exercé par sa patronne. Le même ami vit aussi son médecin féminin, cette fois aux Etats-Unis, faire interpeller à son insu son épouse par la police pour violences conjugales. Alors que cet ami dit aux policiers qu’il trouva chez lui : « Je ne vous ai pas appelés ! », l’un de ceux-ci lui répondit : « Monsieur, votre médecin a constaté que vous avez perdu la capacité de vous protéger. Notre rôle est donc de le faire à votre place. »

La modernité combat à juste titre l’abus de la domination pour obtenir des gratifications sexuelles ne résultant pas d’un accord librement consenti, de même qu’elle combat légitimement les exigences culturelles exagérées (par certaines religions notamment) dans la différence des comportements à partir de la différence biologique des sexes. Mais les deux combats sont distincts, même si les victimes appartiennent dans la grande majorité des cas au même sexe.

Il est navrant de voir aujourd’hui en France des femmes mues par un sentiment légitime d’indignation identique devant l’abus, s’entre-déchirer, faute pour elles de distinguer les exagérations culturelles des implications de la différence des sexes, et l’abus de pouvoir dans la gratification sexuelle.

Par Paul Jorion, anthropologue.

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