Le peso mexicain profite de profondes réformes

Parmi les monnaies des pays émergents, le peso mexicain est actuellement très attractif. Il devrait continuer à s’apprécier durant l’année, grâce à l’essor de l’économie mexicaine, qui profite du rétablissement du marché immobilier américain. Les réformes du nouveau gouvernement mexicain soutiennent également la monnaie.

Les cycles conjoncturels du Mexique et des Etats-Unis évoluent en parallèle. Etant donné que près de 80% des exportations de marchandises provenant du Mexique sont destinées aux Etats-Unis, la relance de la plus grande économie mondiale (taux de croissance pronostiqué pour les Etats-Unis: 1,8% pour 2013, 2,3% pour 2014) profite également à l’économie mexicaine (cf. graphique 1). Pour le Mexique, nous prévoyons une croissance réelle du PIB de 3,3% en 2013 et de 4% en 2014. Le rétablissement persistant du marché immobilier américain a des retombées favorables sur le Mexique, le plus grand exportateur de main-d’œuvre – en particulier d’ouvriers du secteur de la construction – vers les Etats-Unis. Les transferts monétaires des Mexicains travaillant aux Etats-Unis vers leur pays d’origine représentent 2% du PIB du Mexique. Ces transactions soutiennent la balance des paiements du Mexique et, par conséquent, sa monnaie.

La liquidité de la monnaie mexicaine et la notation «Investment Grade» dont jouit le pays (S&P a donné au pays la note de A- pour les obligations en monnaie locale) favorisent également le peso et rendent les placements au Mexique intéressants pour les investisseurs institutionnels et privés. L’injection de liquidités par les grandes banques centrales, qui favorise également les pays émergents, a également des retombées positives sur le peso. Le plus grand risque de notre scénario de réévaluation du peso est un net ralentissement de la croissance globale et/ou états-unienne, ainsi qu’un retrait abrupt de liquidités de la part des banques centrales des pays du G10.

Depuis que les monnaies des pays émergents se sont rétablies, en 2011, il est de plus en plus difficile de trouver des monnaies sous-évaluées. Néanmoins, selon notre indice d’évaluation, le peso est légèrement sous-évalué par rapport au franc suisse. L’évaluation équitable du peso peut également expliquer le fait que la banque centrale mexicaine n’ait pas encore jugé nécessaire d’intervenir face à une réévaluation. C’est un point important étant donné que les banques centrales des pays émergents, comme la Turquie et le Brésil, essayent de plus en plus de limiter le raffermissement des monnaies locales.

Avec une progression de 7% par rapport au dollar américain, le peso mexicain a fait partie des monnaies des pays émergents les plus fortes en 2012. On aurait alors pu supposer que les investisseurs se positionnent en conséquence. Les données de positionnement montrent toutefois une réalité légèrement différente. Si celles-ci révèlent effectivement une demande en faveur de la monnaie mexicaine, nous sommes encore fort éloignés des niveaux extrêmes. Des indicateurs techniques, en particulier des indicateurs de tendance, continuent de plaider en faveur d’un peso fort.

Depuis l’élection d’Enrique Peña Nieto à la présidence du Mexique, l’environnement politique du pays s’est nettement amélioré. Outre les réformes fiscales indispensables, les réformes énergétiques devraient pousser le peso à la hausse. Le nouveau président est favorable à l’idée de régler les problèmes du secteur public de l’énergie, notamment le recul de la production de pétrole, à travers un partenariat avec des entreprises privées. A notre avis, un tel partenariat, surtout pour les projets de gaz de schiste ou de forage en eau profonde, pourrait faciliter le transfert indispensable de savoir-faire en faveur de Pemex, l’entreprise publique mexicaine chargée de l’exploitation du pétrole. Il ne reste plus qu’à patienter pour savoir si Enrique Peña Nieto parviendra à imposer son plan de réformes énergétiques. L’opposition combat ce plan, qui, selon elle, pourrait diminuer les revenus de l’Etat provenant du pétrole. La réforme du marché du travail que vient d’imposer avec succès le nouveau président nous incite à penser que le parlement autorisera au moins une partie des réformes énergétiques. Selon toute vraisemblance, leurs effets sur la production de pétrole et sur les investissements directs seront positifs.

Compte tenu des facteurs mentionnés ci-dessus, nous pensons que le peso mexicain recèle toujours un potentiel de hausse. A douze mois, nous estimons qu’il évoluera autour de 11,90 par dollar américain. Par conséquent, nous sommes encore plus optimistes que le consensus (cf. figure 2). Cette prévision de gains monétaires s’ajoute à un rendement de près de 4,5% pour les obligations en monnaie locale («bonos») avec une échéance de deux à trois ans.

Dr Sven Schubert, Spécialiste Investment Strategy Currencies, banque Vontobel

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