Le peuple britannique devrait voter sur l’accord final du Brexit

J’ai fait campagne contre le Brexit et suis fier que les Londoniens aient majoritairement voté pour rester au sein de l’Union européenne. Bien entendu je respecte la volonté démocratique des électeurs. Mais ceux qui ont voté en faveur d’une sortie de l’UE ne souhaitaient pas la baisse des investissements, les pertes d’emplois et la diminution du rôle de la Grande-Bretagne sur la scène mondiale. Or il semble malheureusement que c’est vers cela que nous nous dirigeons, du fait que depuis le référendum de juin 2016, le gouvernement britannique se montre totalement dépassé et privé de direction.

Chacun a probablement lu beaucoup plus de choses sur les ambitions de Boris Johnson [porte-parole du camp pro-Brexit] que sur un projet de sortie cohérent permettant de conclure un accord garantissant une relation solide avec nos partenaires européens. Le temps étant désormais compté, il ne nous reste que deux possibilités : un mauvais accord, ou un « no deal », qui pourrait provoquer la perte de 500 000 emplois en Grande-Bretagne d’ici à 2030.

C’est pourquoi, après mûre réflexion, j’en suis arrivé à la conclusion que le peuple britannique devait avoir en dernière instance son mot à dire sur le Brexit. Ce qui signifie un vote public sur tout accord final conclu par le gouvernement, ou sur un Brexit sans accord au cas où les négociations avec Bruxelles échoueraient, avec comme alternative l’option de rester au sein de l’Union européenne.

Londres proche de la France

En tant que maire de Londres, je n’accomplirais pas ma tâche, qui est de défendre les intérêts des Londoniens, si je n’affirmais pas aujourd’hui qu’il est temps de réfléchir à nouveau à la façon dont nous allons prendre cette décision cruciale pour l’avenir de notre pays. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui je me joindrai aux dizaines de milliers de personnes, issues de toutes les couches de la société et de toutes les régions britanniques, qui vont se rassembler devant le Parlement pour exiger que leur voix soit entendue.

Quoi qu’il se passe au cours des prochains mois, il ne fait aucun doute que Londres et les autres villes européennes devront travailler main dans la main. Londres entretient déjà une relation incroyablement proche avec la France. Avec les 250 000 citoyens français environ qui y résident, on la qualifie souvent de « sixième ville française ». Je suis également convaincu que Londres sera toujours ouverte aux échanges, au commerce et aux affaires avec nos amis de toute l’Europe.

Je pense sincèrement que ce n’est pas la volonté du peuple britannique de se retrouver confronté à un mauvais accord sur le Brexit ou, pire, à pas d’accord du tout. Cela n’a jamais été envisagé durant la campagne du référendum. Il est grand temps que le peuple britannique retire cette question cruciale des mains des politiciens qui nous ont trompés – et qu’on lui donne l’occasion de redonner son avis sur notre relation avec l’Europe et notre avenir commun.

Par Sadiq Khan, maire travailliste de Londres. Traduit de l’anglais par Gilles Berton.

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