Le peuple iranien doit faire entendre sa voix dans les négociations sur le nucléaire

Alors que le peuple iranien continue de payer un lourd tribut, l’issue finale des longues négociations sur le programme nucléaire de la République islamique reste incertaine. Le projet nucléaire de ce régime théocratique et sa politique étrangère agressive visant à exporter son islam politique continue d’amplifier le risque d’embrasement du Moyen-Orient et l’insécurité du monde.

Le régime ne cesse également de soutenir militairement et financièrement les mouvements terroristes, tout en cherchant à aggraver les divisions entre chiites et sunnites. Ces tensions confessionnelles ont contribué à l’émergence d’organisations terroristes, telle que Daech.

Les tensions internationales découlant de la politique nucléaire de la République islamique auraient pu être évitées si le régime avait choisi la voie de l’intérêt national iranien. Mon pays est riche en ressources naturelles, avec d’immenses réserves de gaz et de pétrole, et un potentiel inexploité dans le domaine des énergies solaires et éoliennes.

Toutefois, plutôt que de choisir ces alternatives, le régime islamique persiste à développer clandestinement son arsenal nucléaire, en violation flagrante du traité de non-prolifération. Le régime théocratique doit être tenu pour responsable des sanctions internationales, de l’isolement de l’Iran et donc de la quasi-banqueroute de notre économie.

Pour la fin de la tyrannie

Dans le but de masquer ses propres défaillances et sa mauvaise gestion de l’économie et des relations internationales, la République islamique a tiré un avantage de l’absence d’objectifs précis des récentes négociations pour induire en erreur le peuple iranien. Le régime use de son emprise sur les médias internes pour diffuser de fausses informations. Cette distorsion entre la réalité et ses dires vise à présenter les résultats des discussions de Lausanne comme une victoire diplomatique, suggérant que la levée des sanctions serait immédiate. La communauté internationale doit entendre la voie du peuple iranien.

Lors des manifestations de joie exprimées dans les rues, mes compatriotes ont scandé « Le prochain accord portera sur nos libertés civiles » ou « Notre message est clair : les frontières doivent être ouvertes ». Ces slogans démontrent qu’au-delà de tout accord avec la communauté internationale, le peuple iranien veut que ces négociations mènent à la fin de la tyrannie qui plonge depuis trente-six ans notre pays dans l’isolement.

Mes concitoyens rejettent farouchement la guerre. Ils aspirent à vivre en paix et dans l’amitié avec les autres peuples, et à retrouver la prospérité économique. Les femmes iraniennes, qui représentent la moitié oubliée de mon pays, ne demandent pas l’installation de nouvelles centrifugeuses, mais à pouvoir vivre dignement, dans une société fondée sur le respect et l’égalité des droits.

Contrairement à la propagande du régime, la jeunesse iranienne ne rêve aucunement de prolifération nucléaire, mais de liberté, d’accès à l’éducation, de sécurité de l’emploi, du droit de choisir son apparence et de vivre dans le respect de la dignité humaine. La communauté des affaires ne trouve pas dans le développement de l’énergie nucléaire, qui mènera à une prolifération et mettra en péril la paix, une quelconque satisfaction. Elle recherche la sécurité de ses investissements dans le cadre d’un Etat de droit dont il pourra résulter la création de richesse.

Les Iraniens n’attendent pas de leurs gouvernants un programme coûteux de missiles balistiques, mais une bonne gestion de nos ressources naturelles et la protection de notre écosystème dont la dégradation menace la survie économique de millions de gens. Plus encore, le peuple iranien demande que les fondements institutionnels et la Constitution de notre pays soit fondée sur les valeurs universelles des droits de l’homme, de la laïcité, de la démocratie, de la liberté et de l’égalité des droits pour tous les citoyens.

Pour ces raisons, le Conseil national iranien émet les propositions suivantes dans le cadre des négociations en cours : la transparence dans les négociations nucléaires avec le groupe P5 + 1 [(Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne)]; les termes de toutes les discussions et des accords conclus doivent être mis à la disposition du peuple iranien. Plus encore, le régime devra accorder aux instituts d’études d’opinion et à la presse internationale un accès total et sans condition au peuple iranien.

Déstabilisation du monde

La levée des sanctions doit prendre en compte l’évolution des droits de l’homme. Cette question doit être intégralement incluse dans le processus des négociations. La levée des sanctions économiques, qui profitent aux dirigeants de la République islamique, doit être conditionnée à la libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques, au respect des droits humains des femmes, à la protection des droits de créer des syndicats de travailleurs et des ONG et à la liberté des médias et à la liberté d’expression.

Les sanctions économiques devront être levées sous la supervision d’une organisation sous tutelle de l’ONU afin de prévenir tout transfert de fonds vers des organisations terroristes ou autres régimes répressifs. La République islamique a reconnu avoir transféré au régime syrien plus de la moitié des 9 milliards des fonds récemment libérés. Enfin, il faut soutenir les forces démocratiques dans la région.

Le Conseil national iranien recommande aux Etats démocratiques de ne pas se limiter uniquement à une négociation avec le régime théocratique et ses représentants, mais d’engager un dialogue avec les forces laïques et démocratiques qui composent la société civile iranienne. Mais aussi de soutenir, dans le monde arabe, les forces modérées qui partagent la même vision.

Pour ceux qui considèrent que le régime iranien peut être un partenaire dans la lutte contre les groupes radicaux tels que Daech, ils ne doivent pas oublier que les islamistes chiites et sunnites ont un objectif commun consistant à répandre un islam politique dans le monde. Les enjeux sont considérables : soit le régime islamique sortira vainqueur et poursuivra l’expansion de l’extrémisme dans la région et la déstabilisation du monde, soit le peuple iranien triomphera et reprendra en main son destin. Le scénario gagnant-gagnant n’est possible que si le peuple iranien, et non le régime, est l’ultime bénéficiaire des négociations en cours.

Reza Pahlavi, président du Conseil national iranien, fils de Mohammad Reza Pahlavi (1919-1980) ancien chah d’Iran.

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