Les mesures de Migros face aux colonies israéliennes se justifient

Il y a quelques semaines, les autorités d’Afrique du Sud et du Danemark ont annoncé qu’elles n’accepteraient plus le label «made in Israel» lorsqu’il s’agirait de produits en provenance des implantations juives dans les territoires occupés. En Grande-Bretagne, les supermarchés appliquent déjà cette règle depuis 2009. Et maintenant, c’est au tour de Migros de s’y rallier.

Ces initiatives méritent des applaudissements. Et d’autres pays, d’autres détaillants devraient suivre cet exemple. Pourquoi? Parce que ces colonies ne sont pas Israël. Elles se situent en dehors de la frontière de l’Etat d’Israël telle qu’elle est reconnue au plan international. Du point de vue du droit international public, elles sont illégales. Le fait d’estampiller les produits en provenance des implantations israéliennes comme «made in Israel» induit par conséquent le consommateur en erreur, et contribue à soutenir la politique expansionniste du gouvernement de Benyamin Netanyahou.

La Cisjordanie est véritablement dévorée par les implantations israéliennes, qui ignorent la frontière internationalement reconnue de 1967. Pourtant, elle est la seule base existante pour un accord de paix viable. Lorsque les Accords d’Oslo ont été signés en 1993, 250 000 colons vivaient dans les territoires occupés. En 2000, lorsque j’étais directeur général du Ministère des affaires étrangères, ils étaient 390 000. Aujourd’hui, ils sont plus de 550 000.

Depuis que Benyamin Netanyahou a refusé de prendre en considération la demande du président Obama d’ordonner l’arrêt des implantations, les constructions ont repris de plus belle. Début juin, le chef du gouvernement Benyamin Netanyahou a autorisé la construction de 851 logements, parfois au plus profond des territoires palestiniens.

Il semble que nous autres, Israéliens, soyons arrivés à la conclusion que nous n’avons plus besoin de la paix. A l’abri du mur de séparation et grâce à l’armée, nous vivons plus ou moins en sécurité, même sans la paix. L’économie est en pleine croissance, Tel Aviv en plein boom. L’occupation ne nous pose pas de gros problème moral. Mis à part une minorité, qui sert dans les unités de combat, l’Israélien moyen n’entend rien à l’oppression subie par les Palestiniens. Nombreux sont ceux d’entre nous qui pensent que le conflit sera toujours sous contrôle et qu’Israël n’a plus de «problème palestinien».

C’est de la pure automystification. Le développement des implantations menace la mise en œuvre d’une solution fondée sur la coexistence de deux Etats. Israël se rapproche d’une situation où la solution d’un Etat unique avec les mêmes droits pour tous deviendra la seule issue au conflit. C’est le modèle de l’Afrique du Sud.

En tant qu’ancien ambassadeur en Afrique du Sud, je peux juger si ce modèle serait adéquat pour Israël et la Palestine. En Afrique du Sud, l’urbanisation et l’afflux de la population noire ont eu pour conséquence que cette dernière a fini par devenir majoritaire. En Israël, les communautés vivent plus ou moins séparément. Les travailleurs palestiniens ont été remplacés par des Asiatiques.

Malgré ma profonde admiration pour la solution sud-africaine, en ce qui concerne Israël, elle représenterait la fin de l’Etat juif. Ce rêve ne peut se réaliser qu’à travers la coexistence de deux Etats. Si nous y tenons, nous devons demander le démantèlement des implantations, car ces dernières menacent son existence.

Et c’est ici que l’acte symbolique de ne plus autoriser les produits en provenance des territoires occupés en tant que «made in Israel» prend tout son sens. Grâce à ce refus, les autorités étrangères protègent et renforcent la frontière de 1967. Et elles permettent aux consommateurs de choisir en toute connaissance de cause.

Ce geste simple nous rappelle que les implantations israéliennes violent le droit international et représentent l’instrument du dangereux projet d’une annexion de facto.

En définissant et en présentant la frontière de 1967 comme une solution au conflit, la communauté internationale se positionne en faveur de la solution de la coexistence de deux Etats et contre un régime d’apartheid israélien.

Alon Liel, ancien directeur du Ministère israélien des affaires étrangères.

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