L’Europe doit déclarer l’état d’urgence climatique

Les derniers mois nous rappellent l’urgence d’agir pour le climat : feux en Amazonie, fonte des glaciers, vagues de canicules à répétition, ouragans toujours plus puissants, sécheresses… Il n’y a plus de temps à perdre. Le réchauffement climatique pourrait atteindre 7°C d’ici à la fin du siècle d’après les derniers rapports, entraînant des conséquences désastreuses pour la vie sur Terre. Ces constats sont connus depuis des décennies et nous continuons pourtant de regarder le climat se dégrader, et les habitant·e·s mourir.

Montrer l’exemple

Alors que les Etats multiplient les belles annonces, les actions ne suivent pas. Les politiques n’ont pas le courage de prendre les mesures nécessaires. Ce décalage entre le constat et la prise de décision est une menace pour la vie de millions de personnes dans le monde. Nous refusons d’être les complices de cette inaction. Les cinq années qui viennent sont cruciales pour agir et éviter des bouleversements irréversibles. L’Europe a une responsabilité forte : le continent est, depuis la révolution industrielle, responsable de plus de 25% des émissions de gaz à effet de serre. Elle doit montrer l’exemple. Nous avons été élu·e·s pour répondre aux mobilisations pour le climat et à la soif d’action de citoyen·ne·s toujours plus nombreux·ses.

Une situation exceptionnelle appelle des moyens exceptionnels. C’est pourquoi nous demandons que le Parlement européen déclare dès maintenant l’état d’urgence climatique et environnemental. Ce n’est pas une déclaration d’affichage de plus, c’est un impératif d’action. C’est exiger de la nouvelle Commission qu’elle matérialise cette urgence dans les faits, par des mesures concrètes, ambitieuses et immédiates. C’est acter que le climat doit être au cœur de toutes les politiques européennes – des transports à l’agriculture, en passant par l’énergie et les accords commerciaux. C’est aussi proclamer l’accueil inconditionnel des réfugié·e·s climatiques.

Les objectifs sont clairs : il faut stopper les pertes de biodiversité et réduire les émissions de gaz à effet de serre de 65% d’ici à 2030, en vue d’atteindre la neutralité carbone dès 2040. Pour enfin avancer, nous exigeons de la Commission qu’elle mette fin à la règle paralysante de l’unanimité pour toutes les propositions sur le climat. Nous demandons qu’elle sorte les grands moyens en transformant la banque européenne d’investissement en banque du climat et en finançant la transition écologique plutôt que les grands projets inutiles et les énergies fossiles.

Justice environnementale, justice sociale

Nous attendons des mesures fortes contre la pollution de l’air et la précarité énergétique, pour l’accès à une eau et une alimentation non polluées, pour une fiscalité plus juste et une distribution plus équitable des richesses. Car répondre à l’urgence climatique, c’est aussi résoudre l’urgence sociale. Le combat pour le climat est aussi un combat contre les populismes et les extrêmes qui se nourrissent de toutes les détresses. La société écologique est fondamentalement un projet de justice sociale et de solidarité.

L’Union européenne a été bâtie comme un projet de paix, en réaction aux guerres du XXe siècle. Aujourd’hui, les dérèglements climatiques et environnementaux sont la première menace à la paix dans le monde. Ils sont d’ores et déjà à l’origine de conflits armés, qui ne feront que se multiplier si nous n’agissons pas de manière rapide et décisive. En déclarant l’état d’urgence climatique et environnemental, nous ne faisons que poursuivre le rêve de paix des fondateurs de notre Union.

Si l’Europe ne fait rien, elle ne sera pas seulement comptable, mais aussi coupable d’inaction criminelle. Alors plaçons l’Europe à la hauteur de son rendez-vous avec l’histoire.

Karima Delli (députée européenne) et Damien Carême (député européen).

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