L’industrie européenne de l’acier est menacée

L’industrie de l’acier a fait les gros titres au Royaume-Uni, ces dernières semaines, avec la fermeture de l’aciérie Redcar, affectant 1 700 emplois, l’annonce de la suppression de 1 200 emplois chez Tata Steel en Angleterre et en Ecosse, et la mise en faillite de Caparo Industries, menaçant de nombreux emplois supplémentaires.

Il est encore trop tôt pour savoir quelle sera l’action du gouvernement britannique pour préserver l’emploi dans cette industrie qui représente 18 000 emplois directs. Mais, pour ses homologues européens, quelles leçons peuvent être tirées de cette détérioration de la situation au Royaume-Uni ?

Trois défis

La situation globale de l’acier en Europe n’est pas aussi critique qu’au Royaume-Uni, grâce à un certain nombre de facteurs, dont l’euro faible. Néanmoins, il y a trois défis majeurs à relever si l’on ne veut pas vivre à terme en Europe continentale ce que l’on vit aujourd’hui au Royaume-Uni.

Le premier est déjà présent : un niveau élevé et croissant d’importations. Les prévisions d’importations en provenance de Chine vers l’Europe s’établissent à environ 7,5 millions de tonnes cette année, un niveau record et une augmentation de plus de 100 % en deux ans. La Chine a massivement investi dans ses propres capacités de production d’acier et, maintenant que la croissance de son produit intérieur brut (PIB) ralentit, se retrouve en surcapacité sur son marché intérieur.

La Chine cherche donc des débouchés à l’étranger. Le problème réside dans le fait que ces importations font souvent l’objet d’un dumping – en d’autres termes, elles sont vendues en dessous du prix de marché grâce à des aides du gouvernement chinois à des niveaux avec lesquels les producteurs locaux ne peuvent le plus souvent pas rivaliser.

Système équitable

Le deuxième défi concerne l’octroi, par l’Union européenne, à la Chine du statut d’économie de marché en 2016. Si cela se concrétise, la mise en place d’instruments de défense commerciale deviendra pratiquement impossible et le niveau des importations pourra de nouveau augmenter. Environ 70 % de l’industrie chinoise de l’acier est considérée comme non rentable aujourd’hui ; dans une véritable économie de marché, cela serait intenable et nous devrions assister à des fermetures d’usines. Pourtant, ce n’est pas le cas.

Enfin, il y a le défi de la taxe carbone. Le changement climatique nécessite d’être traité, et nous pensons que l’acier peut grandement contribuer à la transition vers une économie moins carbonée, compte tenu de la capacité de nos produits à réduire l’empreinte carbone de nos clients.

Cependant, comme l’acier est un produit négociable sur un marché mondial, appliquer une taxe sur les producteurs européens mais pas sur les producteurs étrangers qui vendent en Europe aura comme résultat d’influer sur la compétitivité des producteurs européens dans un environnement déjà sous pression. Notre demande est de bénéficier d’un système équitable, qui assure que toute entreprise désireuse de vendre ses produits sur un marché donné doit adhérer aux mêmes règles et aux mêmes procédures.

L’Europe devrait en prendre acte et agir dès aujourd’hui, si elle veut continuer d’avoir une industrie de l’acier dont elle peut être fière. Il n’y a peut-être pas de solution simple, mais il y a des décisions de bon sens qui peuvent être prises dès maintenant, afin que l’Europe puisse garantir l’avenir de son industrie sidérurgique, colonne vertébrale d’une très importante chaîne de valeur qui emploie directement plus de 350 000 personnes.

Robrecht Himpe (Vice-président d’ArcelorMittal, est président d’Eurofer (association des entreprises de sidérurgie européennes))

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