L’innovation est l’avantage concurrentiel le plus durable des économies occidentales

Les économies d’échelle par le biais de la production et de la taille des marchés de consommation ne suffiront plus à assurer la compétitivité des économies occidentales.

La Chine et l’Inde sont aujourd’hui les principaux moteurs de la croissance mondiale et comptent pour près de 40% des prévisions de croissance 2012. De plus, ces économies émergentes sont de sérieux concurrents pour les économies occidentales. Elles bénéficient d’atouts structurels exceptionnels qui devraient fournir aux producteurs nationaux un terrain fertile pour devenir plus compétitifs à l’échelle mondiale. Les estimations actuelles indiquent qu’aux environs de 2016 la Chine dépassera les Etats-Unis et l’UE en termes de PIB basé sur la parité de pouvoir d’achat. Avec ce développement économique en Asie, les pays industrialisés traditionnels (les Etats-Unis, l’Europe et le Japon) ne seront plus en mesure de rivaliser avec la Chine et l’Inde autant que par le passé avec des économies d’échelle et autres avantages en termes de coûts.

Un des exemples d’atouts structurels de l’Asie vient évidemment des facteurs démographiques de la région (les populations de la Chine et de l’Inde représentent à elles seules environ cinq fois celle de l’Europe). Cette population s’enrichit de plus en plus, ce qui a un impact énorme sur la consommation locale. En Chine, par exemple, la consommation intérieure a augmenté à un rythme annuel de 16% au cours des cinq dernières années, et le pays devrait devenir le deuxième plus grand marché de consommation au monde d’ici à 2014.

Les coûts de la main-d’œuvre en Chine et en Inde suivent une trajectoire ascendante; cependant ils sont encore faibles par rapport aux standards occidentaux. Les faibles coûts de main-d’œuvre, une importante population et une urbanisation continue apporteront pendant de longues années un avantage considérable en matière de coûts de production.

Les facteurs structurels qui jouent en faveur de la Chine et de l’Inde rendent la tâche de plus en plus difficile aux entreprises occidentales qui souhaitent rester dans la compétition en fabriquant des produits qui deviendront banalisés en un court laps de temps. La distinction basée sur l’innovation et les nouvelles technologies devient essentielle pour maintenir une position concurrentielle. En termes de capacités novatrices, les Etats-Unis, le Japon et beaucoup de pays européens ont encore une longueur d’avance. Cela s’illustre par exemple dans les classements du «Pro Inno Innovation Index», qui utilise des indicateurs tels que le pourcentage de la population adulte diplômée de l’enseignement supérieur, les dépenses en recherche et développement par rapport au PIB et le nombre de brevets. En Europe, la Suisse et certains pays nordiques tels que la Finlande, le Danemark et la Suède sont en tête.

La capacité des pays occidentaux à renforcer leur leadership en matière d’innovation déterminera si ces pays seront en mesure de concurrencer avec succès les géants économiques asiatiques. La rapidité d’action sera essentielle à une époque où des pays comme la Chine rattrapent rapidement leur retard en faisant consciemment de la recherche et de l’éducation leurs priorités. Cela a déjà porté ses premiers fruits. Le nombre de demandes de brevets internationaux soumises par les entreprises chinoises a triplé en seulement quatre ans entre 2006 et 2010.

Une solide formation, doublée de l’existence de grands instituts de recherche, ne représente qu’un des ingrédients essentiels dont une économie a besoin pour stimuler l’innovation. D’autres facteurs clés sont importants, tels que l’émergence de nouveaux produits à succès et les sociétés alimentées par la recherche.

Un élément exploité par certains pays vient de l’innovation issue du capital-risque. Les Etats-Unis en particulier continueront de bénéficier de leur position de leader de ce secteur. En plus d’aider les entreprises dans leurs phases initiales, le capital-risque joue un rôle clé dans la poursuite de leur développement et leur croissance. La domination des Etats-Unis dans les marchés de capital-risque mondiaux leur a permis de maintenir leur position de leader mondial en informatique: neuf des dix plus grandes entreprises informatiques au monde sont américaines, et sept d’entre elles ont été à l’origine financées sur la base du capital-risque (Amazon, Apple, Cisco, Google, Intel, Oracle et Qualcomm). Le capital-risque couvre aujour­d’hui un large éventail de secteurs d’activité et de thèmes allant du réseautage social au cloud computing en passant par les technologies propres et la biopharmaceutique.

Les Etats-Unis sont en avance sur l’Europe en matière d’innovation. Néanmoins, les entreprises européennes restent bien placées et détiennent une position de force pour favoriser l’innovation au sein de grandes entreprises. Les éléments manquants sont un marché et une culture du capital-risque qui sont insuffisamment développés. Comparée aux Etats-Unis, l’activité européenne de capital-risque, mesurée en nombre de financements au premier tour et volumes d’investissement, est historiquement très faible. Les investissements européens en capital-risque ont seulement donné des résultats qui laissent à réfléchir, tant en termes de création d’entreprises prospères qu’en termes de retours générés.

Atteindre le degré nécessaire dans l’industrie de l’innovation peut s’avérer une mesure cruciale pour l’Europe si elle souhaite maintenir sa position concurrentielle. Le soutien des Etats peut se révéler le facteur d’accélération nécessaire pour stimuler l’industrie naissante du capital-risque en Europe. L’Union européenne et les associations industrielles semblent converger dans ce sens en tenant compte des larges mesures de soutien pour stimuler le développement du secteur. Un soutien bureaucratique bien implanté pourrait devenir l’étincelle qui enflammera la version européenne de la Silicon Valley.

Par Rainer Ender, managing Director responsable de l’équipe d’investissement d’Adveq, une société de fonds dans le private equity.

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