Menaces russes!

Presque toute la clique Trump a eu des contacts avec les Russes, avant l’élection présidentielle américaine. Aujourd’hui, les retombées de ces conversations créent un climat facilitant l’imposition de nouvelles sanctions contre Moscou. Les Etats-Unis entendent entraîner l’Europe dans cette croisade alors que ce n’est nullement l’intérêt de Bruxelles.

Les services américains ainsi que leurs affidés reviennent constamment au sujet de prétendues menaces d’agression contre les pays Baltes et la Pologne. Qu’en est-il sérieusement?

Dislocation de l’URSS

Tentons de nous rappeler que la Russie, lors de la dislocation de l’URSS, n’a presque rien perdu! Seulement la Mongolie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, l’Ukraine, la Moldavie, la Biélorussie, sans oublier la Lettonie, l’Estonie, la Lituanie, en négligeant, bien sûr, les pays de l’Est européen. Rien que les richesses colossales du Kazakhstan, du Turkménistan et de l’Azerbaïdjan constituent des réserves de pétrole et de gaz parmi les principales du monde.

La plupart de ces pays ont reçu leur indépendance avec un grand étonnement. Il n’aurait pas été difficile pour les dirigeants russes de les maintenir dans leur orbite. Il n’en a rien été. La Russie s’est défaite, sans grande contrainte, d’un véritable empire. Un peu comme si les Etats-Unis, en leur temps, avaient rendu au Mexique les Etats d’Arizona, du Colorado, du Nevada, de l’Utah, de Californie et enfin du Nouveau-Mexique après les conquêtes menées au milieu du XIXe siècle.

La faute à l’Occident

Pendant toute la période d’éclatement de l’URSS, autour de 1991, qu’ont fait les Etats-Unis et l’Europe? Un plan Marshall pour aider la Russie, totalement exsangue? Rien de tout cela. Ils se sont dépêchés d’intégrer à l’OTAN tous les pays de l’est de l’Europe, de créer des bases proches de la Russie, puis de soutenir des mouvements anti-russes, en Ukraine et en Géorgie principalement.

Moscou a-t-il, en 2008, attaqué Tbilissi? Pas du tout, c’est Saakachvili qui s’est cru très malin de s’embarquer dans un conflit. Et aujourd’hui, l’ancien président géorgien, parvenu gouverneur d’Odessa, est tout à coup un paria dans son nouveau pays pour le président ukrainien.

Don de territoires russophones à l’Ukraine

Et que dire du sud et de l’est de l’Ukraine, si ce n’est qu’il faut rappeler que l’Ukrainien Kroutchev, président de l’Union soviétique de 1958 à 1964, a, en son temps, réalisé un découpage de la région en apportant à Kiev des territoires considérables, totalement russophones. Pour qui connaît la Crimée, qu’y a-t-il de plus russe que Simferopol et Sébastopol? Et c’est bien à Yalta que furent signés des accords du même nom entre Staline, Churchill et Roosevelt en février 1945.

C’est l’occasion de rappeler que l’URSS a sacrifié 23 millions de personnes de sa population afin de rejeter l’invasion allemande. Tous ceux qui ont lu l’histoire de la péninsule savent que, si elle a été turque, elle ne fut jamais véritablement ukrainienne. Une partie de l’Ukraine est excitée par un parti pas loin d’être nazi. L’appui russe à des séparatistes, puis l’intervention que l’on sait sont-ils si étonnants?

La Pologne n’est pas menacée

Venons-en à la Pologne. Bien entendu, l’histoire plaide pour une crainte certaine à l’égard de la Russie qui l’a privée d’une partie de son territoire. Mais aujourd’hui, Varsovie n’a pas de frontière commune avec la Russie, excepté l’enclave de Kaliningrad. La Pologne, qui a acheté des avions de combat américains, et non pas européens, est bien impliquée dans le Pacte atlantique. Imaginer qu’elle est en danger tient du fantasme.

Et pourquoi donc la Russie s’en prendrait-elle aux pays Baltes, protégés par l’OTAN et qui accueillent régulièrement de grandes manœuvres occidentales? C’est pure propagande de le faire croire.

Punir Erdogan plutôt que Poutine

Certes, l’URSS, le communisme étaient un danger colossal. Le peuple russe et une grande partie du monde ont énormément souffert, pendant des dizaines d’années de turpitudes. Mais ouvrons les yeux, les temps ont changé.

Vladimir Poutine n’est pas un innocent aux mains propres. C’est un autocrate qui tient son pays d’une main de fer. Pour éviter que tous les oligarques continuent à exporter des centaines de milliards, il a été contraint à une politique ferme permettant de redresser le pays. Lui attribuer une volonté de conquête ou reconquête n’est pas sérieux. Cela ne fait que permettre un boycott et des sanctions économiques qui sont contre les intérêts européens, à commencer par ceux de la Confédération.

Si on veut à tout prix trouver un chef d’Etat problématique dans la région, on devrait plutôt s’en prendre à Recep Tayyip Erdogan, apprenti dictateur turc dont l’action est gravissime sur tous les plans, sans pour autant que le commerce et le tourisme avec la Turquie ne soient affectés…

Pierre-Marcel Favre, éditeur.

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